Par Albert Grandolini
Remarques préliminaires
Tous travaux concernant la Chine se
heurtent à la transcription des idéogrammes chinois en alphabet
latin. Compte tenu que l’auteur s’est appuyé principalement sur
des sources anglophones, certaines datant d’une période antérieure
aux année 1980, date à laquelle le système de transcription Pinyin
a commencé à s’imposer, il a pris le parti d’utiliser l’ancien
système Wade Giles, alors la norme internationale en usage. Le
système de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO),
longtemps utilisé en France, fonctionne sur le même principe de
retranscription phonétique. Au delà de l’exercice périlleux de
tous retranscrire en Pinyin, il est à noter que de nombreux noms de
localités ou de repères géographiques ont changé de dénomination
depuis 1949 en Chine. En se référant aux sources de l’époque, il
limite au minimum les erreurs de traductions des noms alors en usage.
Au delà des problèmes linguistiques, il est à remarquer que se
cache aussi un problème politique car aujourd’hui encore Taiwan,
la « province rebelle », refuse d’utiliser le Pinyin,
préférant toujours le Wade Giles.
Les lecteurs désireux de se faire
préciser la prononciation d’un mot pourront néanmoins se référer
à l’annexe du tableau des conversions de l’UNESCO.
L’alliance Kuomintang –
Parti communiste
A l’issue de l’effondrement du
pouvoir impérial en 1911, la Chine a sombré dans l’anarchie,
divisée en cliques militaires qui s’affrontent. Un
« gouvernement » formé par des alliances instables siège
toujours à Pékin et reste reconnu par les puissances étrangères
tant qu’il ne remet pas en cause les « traités inégaux »,
notamment le contrôle financier que ceux-ci exercent de facto et les
zones d’extraterritorialités octroyées, en fait de véritables
colonies que constituent les concessions internationales, sans
oublier le droit à leurs canonnières de naviguer sur certains
fleuves chinois. Ce qui subsiste du gouvernement révolutionnaire du
Kuomintang (KMT) s’est retranché à Canton. Après de vaines
alliances avec certains seigneurs de guerre, systématiquement
trahis, le chef historique de la révolution chinoise Sun Yat-sen
prend enfin conscience qu’il lui faut forger un véritable parti
discipliné et un outil militaire efficace s’il veut un jour
réunifier le pays en lançant ce qu’il appelle de ses vœux
« l’expédition du Nord ». Pour cela, il envisage de
créer une armée nouvelle où les cadres seront dévoués à la
cause de la révolution par une instruction à la fois militaire et
idéologique. Il doit aussi élargir sa base politique et cherche à
rallier à sa cause tous les partis qui cherchent à renverser le
pouvoir des cliques militaires ou Tuchüns (2). Sun Yat-sen s’adresse
aussi à la seule autre force à prétention révolutionnaire
présente en Chine, le tout nouveau parti communiste chinois (PCC).