Los
Zetas. Le nom est désormais devenu incontournable de la longue
histoire des cartels mexicains. Le groupe, composé d'anciens soldats
des forces spéciales mexicaines, est né pour servir, au départ, de
garde rapprochée au chef du puissant cartel du Golfe. Ces défecteurs
de l'armée ont imposé dans le milieu des cartels des techniques
militaires, des tactiques de choc, offensives, tout en faisant usage
d'une grande brutalité. Au bout de quelques années, cette élite
paramilitaire est devenue suffisamment puissante et sûre d'elle-même
pour s'émanciper de son « patron », le cartel du
Golfe, et soutenir une véritable guerre contre celui-ci et ses
alliés du cartel de Sinaloa, ennemi juré des Zetas. Le groupe a
profité de son émancipation pour s'implanter en dehors du Mexique,
aux Etats-Unis, mais aussi en Amérique centrale, et notamment au
Guatemala. Bien que fragilisé par la mort ou l'arrestation
successives de plusieurs chefs en 2012-2013, les Zetas n'ont pas
disparu. Ils ont contribué à la militarisation accélérée des
autres cartels et groupes mafieux, pour faire face à la menace
qu'ils constituaient. C'est au cours de la lutte fratricide avec le
cartel du Golfe que sont apparus, par exemple, les premiers véhicules
blindés improvisés au Mexique. Un groupe comme la Familia
Michoacana a relevé le défi pour affronter à armes égales les
Zetas. Ceux-ci se sont davantage imposés par leur excellence
militaire et leur capacité à terroriser leurs ennemis plutôt que
par la corruption ou les manoeuvres en coulisse. L'une des dernières
conséquences du processus enclenché par les Zetas -qui a aussi
conduit à faire grimper de manière vertigineuse le taux de violence
du pays- est l'apparition, parfois discrètement encouragée par
l'Etat, de milices d'autodéfense populaires, en particulier dans
l'Etat du Michoacan.
Stéphane Mantoux
Et
les Zetas furent : phase 1, les gardes du corps (1997-2004)
Les
cartels mexicains se partagent la part du lion dans le trafic
d'héroïne, de cocaïne, de marijuana et d'amphétamines qui gagne
le sol américain. Les conflits internes aux cartels et avec l'Etat
mexicain ont entraîné la mort de plus de 4 500 personnes entre 2006
et 2008. Deux organisations, en particulier, se distinguent par la
corruption des autorités, l'amassage de ressources financières et
les actes de violence : le cartel du Golfe, qui a sa base dans
l'Etat du Tamaulipas, juste au sud du Texas, et son rival, le cartel
de Sinaloa, dans l'Etat du même nom, situé entre les montages de la
Sierra Madre et l'océan Pacifique.
Source : http://immigrationclearinghouse.org/wp-content/uploads/2010/10/5-17-10_Mexican-drug-cartels-map.jpg |
Au
début de 1997, le cartel du Golfe commence à recruter des
militaires que le général Jesus Gutierrez Rebollo (emprisonné
depuis pour corruption) avait envoyés comme représentants de
l'armée pour l'Attorney General’s Office (PGR) dans les
Etats du nord du pays1.
Osiel Cardenas Guillen, qui cherche à s'imposer à la tête du
cartel du Golfe, cherche en particulier à débaucher les membres du
Groupe des Forces Spéciales Aéroportées (GAFES) afin de se
constituer une garde rapprochée, puis d'assumer d'autres rôles. Le
lieutenant Arturo Guzmán Decenas (alias Z-1), sa meilleure recrue,
emmène avec lui environ 30 hommes attirés par des salaires plus
alléchants que ceux de l'armée. Le nom Zetas vient des codes radios
utilisés par les commandos : il désigne le commandant
supérieur. Les premiers défecteurs, qui adoptent des surnoms comme
“El Winnie Pooh” “The Little Mother” ou “El
Guerra”, viennent des 15ème et 70ème bataillons d'infanterie
et du 15ème régiment de cavalerie motorisée. Guillen fait
exécuter, en 1999, le parrain de sa fille, juste après son baptême,
par Guzman, qui y gagne le surnom de « Friend's Killer »2.
Une fois sa personne protégée, Guillen donne aux Zetas d'autres
missions : récupérer les dettes, sécuriser les routes
d'approvisionnement et de trafic de cocaïne (les plazas),
décourager les défections, exécuter les adversaires -avec beaucoup
de sauvagerie. Ce missions sont surtout conduites par les trois
membres les plus importants des Zetas : Guzman, Z-1, Pinaza,
Z-2, et Lazcano, Z-3. Capitalisant sur leur formation militaire, les
Zetas tuent de manière spectaculaire, à des fins psychologiques.
Leurs opérations sont organisées sur un mode militaire :
convois, tirs groupés, plans de fuite préorganisée, etc.
Guillen lors de son extradition aux Etats-Unis en 2007.-Source: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/6/66/OsielCardenas-DEA.jpg |
Le
14 janvier 2002, l'armée mexicaine arrête finalement le principal
comptable de Guillen, Rivera, alias « El Cacahuete ».
Les militaires mexicains finissent par abattre Decenas (21 novembre
2002, à Matamoros) puis capturent son second, Rogelio González
Pizaña (octobre 2004). L'ex-GAFES Heriberto “The Executioner”
Lazcano devient alors le chef des Zetas. L'arrestation, le 14 mars
2003, de Guillen (également à Matamoros), puis son extradition aux
Etats-Unis (janvier 2007) pousse les Zetas (dirigés par Lazcano,
baptisé « The Executioner » en raison de ses
calculs froids et de ses actes de violence, et son bras droit, Jaime
“The Hummer” González Durán) à se dégager de l'emprise
du cartel du Golfe et des héritiers de Guillen : son frère
Antonio Cardenas et l'ancien policier municipal Jorge Eduardo
Costilla Sanchez. Los Zetas devient rapidement la force la plus
puissante à Matamoros, Reynos et Nuevo Laredo dans le Tamaulipas. Le
groupe est bien implanté dans la région du Golfe, sur la frontière,
mais aussi dans les Etats du sud, Tabasco, Yucatan, Quintana Roo, et
Chiapas, et dans les Etats du Pacifique, Guerrero, Oaxaca, et
Michoacán. En outre, il opère aux Etats-Unis.
Comment
les Zetas ont contribué à la militarisation des cartels
Initialement,
l'entraînement des Zetas constitue leur principal atout. Les GAFES
ont été créées au milieu des années 1990 par l'armée mexicaine
et formées par des Américains, des Français, des Israëliens.
L'entraînement inclut un déploiement rapide, des assauts aériens,
le tir, l'embuscade, la collecte de renseignements, les techniques de
contre-surveillance, le sauvetage de prisonniers, les communications,
l'art de l'intimidation. Le président Calderon, en décembre 2006, a
mis l'armée en première ligne dans la lutte contre les cartels. Par
une étrange ironie, les GAFES ont contribué à la capture de
Guillen, protégé par les défecteurs de leur corps...
Les GAFES-Source : http://img101.imageshack.us/img101/6480/fuerza1.jpg |
Les
Zetas ont créé des camps d'entraînement où ils forment des jeunes
de 15 à 18 ans en plus d'officiers de police locale, d'Etat ou
fédérale. Ils bénéficient des l'aide des « Kaibiles »,
des mercenaires venus du Guatemala qui se sont distingués de manière
assez sordide pendant la guerre civile dans ce pays, par des
massacres odieux. Ce sont des spécialistes du combat de jungle.
L'arsenal inclut des fusils d'assaut M-16, AR-15 et AK-47, des
mitraillettes MP-5, des mitrailleuses de 12,7 mm, des fusils de
sniping Barrett de même calibre, des lance-grenades, des SAM
portables, des explosifs, des armes antichars et des hélicoptères.
En opération, ils s'habillent en noir, se noircissent le visage,
conduisent des véhicules utilitaires sport volés aux vitres
teintées, sans plaques d'immatriculation, et prennent un malin
plaisir à torturer leurs victimes avant de les achever par des tirs
groupés et précis, du moins initialement. Certains Zetas portent
l'image de Jesus Malverde, « Saint Narco »,
« l'Ange des Pauvres » du XIXème siècle. Les
Zetas contrôlent aussi un ensemble de groupes aux fonctions
précises : Los Halcones (les Faucons) qui surveillent
les zones de distribution ; Las Ventanas (les Fenêtres),
des jeunes gens à moto qui sifflent pour prévenir de l'arrivée de
la police ou d'individus suspects près des magasins où se vend la
drogue ; Los Manosos, qui achètent les armes ; Las
Leopardos, des prostituées qui soutirent des informations à
leurs clients ; et Direccion, 20 experts en
communication, qui interceptent les appels téléphoniques, suivent
les voitures suspectes, conduisent parfois enlèvements et
exécutions. En outre, les Zetas ont forgé des liens avec les gangs
« La Familia » dans le Michoacan3,
qui contrôlent l'importation de cocaïne et des laboratoires de
métamphétamines, et qui croisent régulièrement le fer avec le
cartel de Sinaloa. Ils sont en outre alliés aux gangs Barrio Azteca,
Texas Syndicate, Mexican Mafia, et Mara Salvatrucha (MS-13), aux
restes de l'organisation Beltrán-Leyva, à l'organisation Vicente
Carrillo-Fuentes et à d'autres groupes en Colombie et au Vénézuela.
Pour se financer, les Zetas n'ont pas hésité à prélever du
pétrole à la compagnie nationale PEMEX. En deux ans (2008-2010),
ils ont siphonné pour un milliard de dollars de pétrole, et le
revendent, en particulier, dans les Etats du Veracruz et du
Tamaulipas. Le 27 juillet 2010, ils ont tiré sur l'armée qui venait
les déloger d'un puits de la PEMEX, à Ciudad Mier, dans le
Tamaulipas ; celle-ci a laissé 5 morts sur le terrain. On
estime que les profits de cette activité se montent à 715 millions
de dollars par an.
Au
moment de l'arrestation de Guillen, en 2003, les 31 défecteurs
initiaux des GAFES avaient déjà formé plus de 200 sbires pour
arriver à 300 Zetas4.
En 2008, on estimait leur nombre à 100-200 membres. L'armée possède
des dossiers détaillés sur les défecteurs, mais les autorités ont
le plus grand mal à déterminer l'effectif du groupe car des
criminels moins dangereux empruntent le nom des Zetas, pour effrayer
à bon compte leurs victimes. Les Zetas punissent cependant
férocément ce genre de comportement. Pour maintenir l'esprit de
corps, ils sont très attachés à honorer leurs camarades tombés au
combat. Début mars 2007, dans une opération baptisée « invasion
of the body snatchers », 4 hommes armés font irruption
dans le cimetière de Poza Rica, Veracruz, ligotent le garde, brise à
coups de marteaux la tombe de Roberto Carlos Carmona, et emmènent le
corps de leur camarade. Trois mois après la mort de Decena, en
novembre 2002, une couronne de fleurs et quatre compositions
apparaissent sur sa tombe avec ce message : « Nous te
garderons toujours dans notre coeur ; de la part de ta famille,
Los Zetas ». Les Zetas, au contraire, sont d'une férocité
extrême avec leurs adversaires. On cite souvent l'exemple, rapporté
par des témoins, de 4 officiers de police de Nuevo Laredo brûlés
vifs dans des barrils d'essence. Pour des raisons de sécurité, les
Zetas ont une structure décentralisée en petites cellules, de façon
à ce que chaque membre en sache le moins possible sur l'ensemble de
l'organisation, en cas de capture.
Les
Zetas ont tout simplement contribué à la militarisation des cartels
mexicains, en important des techniques issues de l'armée :
embuscades, positions défensives, tactiques de petites unités. Ils
sont connus comme étant les seuls à ne pas se dérober aux échanges
de tirs en cas de rencontre avec une patrouille ou un checkpoint.
Ils ont contribué à faire diffuser les tactiques et la collecte
stratégique de renseignement qui sont devenus depuis la norme au
sein des cartels, dans la lutte en interne ou contre les autorités.
En plus de l'emploi d'une violence extrême, ils introduisent de
nouvelles tactiques, comme les blocus urbains (narcobloqueos).
Le 14 août 2010, par exemple, ils bloquent les 13 routes menant à
la ville de Monterrey, coupant l'accès à la cité et à l'aéroport,
suite à la mort d'un de leurs chefs locaux, « El Sonrics »,
contre les militaires. Les Zetas sont aussi des adeptes des assauts
en masse5.
« Narco
Armor » : les véhicules de combat improvisés des
Zetas
Les
cartels mexicains commencent à utiliser des véhicules de combat
improvisés dès la mi-2010 au moins, et jusqu'au début 2012, avec
un pic en 2011, année qui voit aussi, par exemple, ce type d'engins
fleurir en Libye lors de la révolution contre Kadhafi6.
Ces engins ont été surtout utilisés dans l'Etat du Tamaulipas, et
en particulier dans le combat entre les Zetas et le cartel du Golfe,
voire d'autre factions. Ces véhicules improvisés ont inclus des
dispositifs pour tirer à partie de l'intérieur de véhicules
utilitaires sport ou pickups avec des mitrailleuses lourdes ou
des fusils de sniping en 12,7 mm. Certains impacts sur les
véhicules saisis montrent aussi, à l'évidence, l'utilisation
contre eux d'armes antichars type RPG. Depuis le début 2012, les
cartels semblent utiliser des véhicules utilitaires sport blindés
plus discrets que leurs prédécesseurs parfois « monstrueux »
dans leur aspect.
Ces
véhicules vont de la copie du char à des véhicules utilitaires
sport blindés capables d'arrêter les balles d'AK-47 ou de M-16. Les
modifications apportées montrent l'ampleur des combats de rues dans
le Tamaulipas. Un camion « rhino » modifié
comprend ainsi deux fusils à pompe contrôlés par le conducteur, et
des plaques de blindage capables de résister aux éclats de grenade.
Des pickups sont équipés de dispositifs pour lâcher de
l'huile ou des clous sur la route. Les Zetas achètent des véhicules
blindés pour les reconfigurer afin d'y installer des snipers.
Ils copient aussi le style des camions et des uniformes de l'armée
pour mieux leurrer l'adversaire. Ils se déplacent en convois de 10 à
20 véhicules, chacun comprenant 5 hommes armés. En démontant, ils
cherchent à encercler leurs adversaires dans les combats de rues. En
mai 2011, un camion blindé capturé par l'armée dans le Tamaulipas
pouvait pousser jusqu'à 110 km/h, embarquer 12 passagers, et
comprend deux ouvertures pour lancer des grenades, tirer au fusil ou
au RPG. A l'arrière, un espace permet aux passagers de jeter de
l'huile ou des clous sur des poursuivants. L'armée capture d'autres
« monstres » à Ciudad Camargo en juin 2011, lors
d'un raid sur une usine de fabrication de ces engins. Deux camions
blindés, pouvant embarquer une escouade, sont retrouvés peints en
noir. Ce sont des Ford F-350 ou des porte-tracteurs modifiés. Ces
« gun trucks » fournissent à la fois une capacité
de transport suffisante pour les engagements typiques des Zetas, et
un minimum de puissance feu, sur le modèle de ce que pouvaient être
leurs prédécesseurs des convois au Viêtnam. L'apparition des
véhicules blindés improvisés au Mexique est concomittante de celle
des voitures explosives improvisées, apparues à la fin 2010. Ces
véhicules répondent donc au besoin de mécaniser, même
sommairement, une infanterie engagée dans des combats violents à
l'échelle de la section ou de l'escouade.
En
juin 2011, l'armée mexicaine avait saisi 2 camions finis appartenant
au cartel du Golfe, et 23 autres en attente de fabrication, dans le
Tamaulipas. Le cartel du Golfe a été obligé de s'adapter à la
militarisation du combat introduite par les Zetas : utilisation
d'IED et de grenades à fragmentation, kidnappings massifs,
« narcobloceos » (blocus de localités). Comme
ceux-ci ont introduit des armes lourdes et des véhicules blindés
improvisés, le cartel du Golfe a fait de même. Les véhicules
capturés ont eu leur suspension modifiée pour supporter un poids de
30 tonnes. Le moteur, la cabine et l'arrière sont protégés par des
plaques de métal. Ces camions blindés peuvent résister aux balles
d'AR-15, d'AK-47, de cal.50 et même de lance-grenades de 40 mm. Il y
a plusieurs modèles : un qui ressemble à la « Papomobile »,
avec une cabine blindée embarquant deux tireurs ; d'autres
camions peuvent embarquer jusqu'à 20 tireurs. L'intérieur est
recouvert de polyurethane pour réduire le bruit des fusils d'assaut.
Les véhicules sont d'abord utilisés, début 2010, au moment de la
rupture entre le cartel du Golfe et les Zetas, pour transporter la
drogue dans les zones de trafic en milieu rural.
Phase
2 : l'émancipation progressive des Zetas (2004-2010)
A
partir d'octobre 2004, les Zetas vont s'émanciper progressivement du
cartel du Golfe7.
Lazcano supervise l'embauche d'anciens des forces spéciales du
Guatemala, les fameux Kaibiles, pour renforcer la protection
des membres importants de son organisation et les assister pour la
sélection de recrues et leur entraînement. Le recrutement est
facilité par des contacts secrets au sein de l'armée. Lazcano
développe aussi les camps de formation dans le Tamaulipas où les
recrues apprennent les bases tactiques des petites unités de combat,
l'emploi des armes à feu et des moyens de communication. Il
supervise aussi la création d'un réseau radio clandestin. Lazcano
élargit également les activités des Zetas au-delà de la simple
extorsion : il prend le contrôle, en particulier, des points de
contrôle sur les routes principales du trafic de drogue, les plazas,
où les rivaux plus faibles doivent acquitter un droit de péage pour
convoyer tranquillement leur marchandise.
Lazcano, le stratège des Zetas.-Source : http://www.drugwar101.com/blog/wp-content/uploads/2012/10/image_11.jpg |
Pour
pérenniser son organisation, Lazcano a également veillé à placer
l'argent dans le système bancaire, tout en limitant au maximum les
hémorragies internes (pour un peso volé, c'est la mort assurée ou
presque) ce qui va permettre de financer les opérations au Mexique
et en Amérique Centrale. C'est ce point-là, surtout, qui détermine
l'indépendance des Zetas face au cartel du Golfe. Les liens avec ce
dernier se distendent encore plus lorsqu'Osiel Guillen est extradé
aux Etats-Unis en janvier 2007. Dès le milieu de l'année, les Zetas
revendiquent plus de 2 000 hommes, et sont présents dans 24 Etats
mexicains. En juin, une attaque coordonnée est montée contre 5
casinos dans 4 Etats différents, et 5 policiers municipaux sont
abattus dans le nord du Sinaloa par les Zetas.
Par ailleurs, entre mai et juillet
2007, Lazcano doit participer à des rencontres pour la négociation
d'une trêve, aux côtés de Costilla, avec le cartel de Sinaloa. Or
Lazcano n'est pas prêt à abandonner sa taxe pour le passage des
sicaires de Sinaloa sur son territoire, alors que Costilla, lui,
recherche ardemment la trêve. Mi-août 2007, Lazcano s'adresse à
500 de ses hommes rassemblés pour l'occasion et leur fait comprendre
qu'il est hostile aux négociations. Dans la seconde moitié de 2007,
les Zetas sont particulièrement actifs à Acapulco, Guerrero, où
ils cherchent à prendre le contrôle d'un secteur appartenant à
l'organisation Beltran-Leyva, qui fait partie de la fédération du
Sinaloa.
Costilla
ordonne finalement, début 2010, la capture et l'assassinat d'un
membre important des Zetas à Reynosa. Il s'agit de Victor Pena
Mendoza, un capitaine qui est aussi le bras droit du numéro 2 des
Zetas, Miguel Trevino. Celui-ci a demandé la tête du tueur, en
vain : dès lors, la guerre est déclarée entre les Zetas et le
cartel du Golfe dans le nord du Mexique.
Les
Zetas au Guatemala : des limites d'une stratégie ?
Los
Zetas s'est installé entretemps au Guatemala, minant le pouvoir du
gouvernement local, pénétrant l'armée et la police, infiltrant le
milieu économique local pour blanchir leur argent sale8.
Plutôt que de contrôler les réseaux de distribution et
l'infrastructure de gestion quotidienne, ils se sont attachés à
obtenir la mainmise directe du territoire. Le 12 mai 2011, 10
véhicules utilitaires sport aux vitres teintées s'arrêtent dans
une station d'essence de Coban, la capitale de l'Etat d'Alta Verapaz.
Les passagers, lourdement armés, sont tout près du poste de police
local ; ils remplissent les réservoirs et commencent une
chevauchée de la mort vers le nord. Ils tuent d'abord trois parents
de Raul Otto Salguero, un propriétaire terrien éminent de la
région. Le 15 mai, ils abattent Haroldo Leon, un chef mafieux, et
deux de ses gardes du corps. A30 km au nord-ouest de la ville
touristique de Flores, ils s'installent dans la ferme de Los Cocos,
tuent 26 des 27 fermiers présents et laissent un message pour
Salguero sur la jambe d'un des malheureux. Le 25 mai, de retour à
Alta Verapa, ils enlèvent Allan Stowlinsky Vidaurre, un procureur de
Coban, et déposent le lendemain son corps dépecé dans des sacs
plastiques devant son bureau. Le gouvernement réagit rapidement et
capture dans les jours suivants 40 hommes du groupe, dont deux des
chefs. Mais le mal est fait : les Zetas ont montré leur
intention de mettre le Guatemala en coupe réglée.
Le
Guatemala avait déjà été investi par le cartel du Golfe de
Guillen. C'est non seulement un pays propice pour faire transiter la
drogue, mais le prix de celle-ci y est encore raisonnable. Prendre le
contrôle de l'endroit, crucial dans la distribution, peut faire
doubler les marges des trafiquants. A partir de 2007, les Zetas font
leur apparition à Coban, où ils achètent la drogue à des
Guatémaltèques qui la font venir de Colombie. Les Zetas s'associent
en particulier avec un mafieux local bien implanté, Horst Walther
Overdick. Celui-ci a grandi dans l'Etat d'Alta Verapaz. Cet Etat,
montagneux, est au centre du Guatemala : un petit aéroport et
les routes relient l'agriculture industrielle aux quatre coins du
pays. On y produit en particulier de la cardamome : Overdick est
un « coyote », un acheteur itinérant. Mais les
agriculteurs, en temps de crise, complètent leurs revenus par des
productions illégales. Overdick a les réseaux pour faire circuler
les marchandises et c'est là qu'il s'associe au trafic de drogue.
Désormais surnommé « le Tigre », Overdick a des
contacts dans la police, l'armée et même au congrès. L'arrivée
des Zetas lui apporte une utile puissance de feu et une masse
d'argent liquide.
Overdick, l'allié des Zetas au Guatemala, arrêté en 2012.-Source : http://fotos.starmedia.com/imagenes/2012/12/horst-walther-overdick.jpg |
Au
Guatemala, le monde de la drogue, particulièrement au nord et à
l'est, est alors contrôlé par trois familles : les Leon,
Lorenzana et Mendoza. La famille Leon est la plus ambitieuse. Juan
Leon épouse la fille du chef du clan Lorenzana. Il prend la tête du
réseau de distribution de drogue, par la menace, la corruption, et
l'intimidation, jusqu'à l'encontre d'Overdick. A l'arrivée des
Zetas, les alliés de Leon n'hésitent pas à voler les camions
d'Overdick. Celui-ci réplique en faisant abattre des hommes de ses
adversaires. Leon envoie alors des spadassins qui tuent deux de ses
gardes du corps et Overdick n'échappe à la mort avec sa famille
qu'en se cachant dans une pièce secrète de sa maison. Les Zetas et
Overdick demandent alors à rencontrer Leon. Chaque groupe amène un
détachement armé. Côté mexicain, il est fort possible que Miguel
Trevino, Z-40, le n°2 des Zetas, ait été présent pour superviser
l'opération. Le rendez-vous a lieu à Rio Honda, dans le Zacapa. Le
25 mars 2008, Juan Leon et 10 de ses gardes du corps sont liquidés
dans une véritable embuscade montée par les Zetas, à grands coups
de fusils d'assaut et de RPG.
Les
Zetas installent ensuite une trentaine de leurs membres au
Guatemala : un groupe de sécurité et un groupe administratif
qui s'occupe de l'argent. Le groupe de sécurité entraîne des
habitants du pays sur place ou au Mexique, recrutant principalement
des militaires, et moins des membres des gangs de rue, comme on a pu
le dire. Ils recherchent en particulier les fameux Kaibiles, des
Forces Spéciales conçues sur le modèle des Marines, mais
peu nombreux -1 100 ont été formés par l'armée. L'appareil de
sécurité a cru jusqu'à compter 10 lieutenants, chacun responsable
de 8 à 10 hommes, soit au moins 80 hommes en tout. Ils imposent leur
contrôle du territoire selon le même modèle opératoire qu'au
Mexique. Par leurs contacts dans l'armée et la police, les Zetas se
débrouillent aussi pour récupérer ou voler des armes. Les
officiers ou ex-officiers interviennent parfois dans les camps
d'entraînement. Le colonel Colonel Edgar Ernesto Muralles Solorzano,
un ancien Kaibile, a souvent été vu en compagnie des Zetas. Un
ancien Kaibile fait aussi partie des hommes capturés après le
massacre des fermiers en mai 2011.
Les
Zetas n'ont aucun mal à imposer leur loi à Coban, face à des
adversaires beaucoup moins dangereux qu'au Mexique. Ils tuent en
pleine rue un vendeur de DVD pirates qui ne travaille pas pour eux,
puis un dealer de marijuana. Un homme qui vend de l'essence acquis
frauduleusement au Mexique est battu et dépouillé de ses gains. Des
oeufs au pétrole, du papier toilette aux tortillas, tout ce qui
vient du Mexique est soumis au contrôle des Zetas. L'aile
administrative se charge de corrompre la police : 300 dollars
par mois, 500 pour l'opérateur radio, jusqu'à 10 000 dollars pour
les commandants plus importants. La police couvre l'activité des
Zetas, les prévient des barrages militaires, etc. Les Zetas
reproduisent aussi un réseau de renseignement, les « halcones »,
parmi la population, avec plusieurs centaines de personnes. Les
habitants parlent des Zetas comme « la compagnie »,
à l'image de ce qui est parfois dit au Mexique. Les Zetas font venir
la drogue du Honduras en petites cargaisons. Grâce aux contacts
d'Overdick au congrès, ils ont pu blanchir une partie de leur argent
dans les travaux publics. Il apparaît même que les Zetas ont
contribué au financement de la campagne électorale du président
Alvaro Colom, via Obdulio Solorzano, membre du parti du président,
enlevé et tué à Guatemala City en 2010, probablement parce qu'il
en savait trop.
Pour
imposer leur présence à Coban, les Zetas roulent dans des voitures
imposantes, comme les Hummer, et laissent ostensiblement leurs
armes en évidence. Un commandant des Zetas menacé par deux
policiers sur la place principale en désarme un et pointe son arme
sur la tempe de l'autre. Un policier qui refuse de se laisser
corrompre est traîné dans toute la ville et battu avant d'être
abandonné dans le fossé. Deux étudiants qui s'approchent d'un peu
trop près d'une petite amie d'un Zetas sont abattus à une station
service. Un Zetas exécute sa petite amie guatelmatèque de peur
qu'elle le trompe après son retour au Mexique. Les Zetas pratiquent
aussi l'extorsion, ponctionnant des sommes allant de 3 à 6 000
dollars.
Le
18 décembre 2010, après que l'équipe du gouverneur de l'Etat ait
perdu un match de football contre celle d'Overdick, l'Alta Verapaz
est mis en état de siège, des renforts de police et de l'armée
sont envoyés sur place. En deux mois, les militaires arrêtent 22
suspects, saisissent de l'argent, 41 véhicules, 39 AK-47 et 23
mitraillettes allemandes. Mais les Zetas, prévenus par la police, se
sont repliés à San Miguel Chicaj dans la province voisine du Baja
Verapaz, où ils recrutent d'ailleurs de nombreux ex-soldats. C'est
la réponse du gouvernement à une pression des Zetas plus grande en
raison de l'affrontement avec le cartel du Golfe. Début 2010,
l'organisation envoie « Z-200 » au Guatemala. Dès
le 26 juin, les Zetas abattent probablement le successeur de Juan
Leon, Giovanny Espana, et 4 de ses gardes du corps. Dans les mois
suivants, ils montent une expédition dans le Zacapa, s'en prennent
aux biens de la famille Mendoza, au clan Leon, et affrontent la
police et l'armée. Les Zetas veulent en fait contrôle les deux
Etats du Zacapa, qui permet de faire entrer la drogue du Honduras,
voire du Salvador, et du Peten, frontalier du Mexique et du Belize,
qui représente un tiers du pays, un endroit difficile d'accès, en
pleine jungle, idéal pour convoyer des marchandises à travers la
frontière. Le Zacapa est sous la coupe de Jairo Orellana, qui a
épousé la veuve de Juan Leon, et qui est lié à l'alliance
Overdick-Zetas. Dans le Peten, les Zetas sont établis à Poptun et
Sayaxche. Poptun, à la frontière avec le Belize, est aussi le lieu
où sont formés les Kaibiles. Mais Sayaxche a une plus grande valeur
stratégique : c'est le point d'entrée avec le Mexique. De
l'autre côté de la frontière, le Playa Grande dans la jungle
d'Ixcan, et une autoroute qui suit en parallèle la frontière nord
du Guatemala jusqu'au Chiapas. Sayaxche est également bien reliée à
l'Alta Verapaz au sud, où une autoroute est-ouest est en
construction qui deviendra potentiellement une « autoroute
de la drogue » par excellence. Le massacre de mai 2011
s'adresse à Otto Salguero, un allié du clan Legon : les Zetas
veulent le contrôle de l'endroit.
Après
la fin de l'état de siège en février 2011, les Zetas se font plus
discrets : moins de Hummer, mais plus de natifs du
Honduras et du Nicaragua pour faire le travail en première ligne.
Ils s'allient avec un groupe local, les « chulamicos »
qui fournissent armes, renseignement, voitures, hommes de main
supplémentaires. Mais le clan Mendoza reste encore fort dans le
Peten. A San Marcos, près de la frontière avec le Mexique,
plusieurs groupes du Guatemala travaillent avec le cartel de Sinaloa,
le grand rival mexicain des Zetas. Ceux-ci n'ont pas réussi à
s'implanter dans cette région ni à en déloger les groupes locaux
travaillant pour leurs rivaux. L'enjeu pur les Zetas est bien de
contrôler un point d'achat à moindres frais de la drogue car
contrairement à leurs concurrents du cartel de Sinaloa, ils n'ont
pas accès directement aux pays producteurs.
Après
mai 2011, l'ascension des Zetas et la fragilisation du monde mafieux
local ouvrent une opportunité pour le gouvernement9.
Claudia Paz y Paz, du bureau du procureur général, conduit de
nombreuses arrestations au Guatemala à partir de juillet 2011 :
Hugo Alvaro Gomez Vasquez, Horst Walther Overdick et Abner Milian
Quijada, entre autres. D'autres arrestations sont conduites au
Mexique : William de Jesus Torres Solorzano, alias "W»,
le chef financier du groupe au Guatemala, et Mauricio Guizar
Cardenas, alias “El Amarillo” ou “Z200.” . En tout,
plus de 100 personnes sont arrêtées. Overdick est la prise la plus
importante, car il assure l'infrastructure locale des Zetas. Il est
extradé aux Etats-Unis.
Source |
Depuis,
les Zetas restent de gros acheteurs de cocaïne au Guatemala mais
sont moins présents. Jairo Orellana Morales, alias "El
Pelo." demeure à la tête du groupe le plus important.
C'est lui qui vent la cocaïne aux Zetas, mais aussi, probablement, à
leurs rivaux du cartel de Sinaloa, preuve que l'entreprise de
monopolisation des Zetas a échoué. Orellana doit son succès à la
chance : le gouvernement, avec un fort soutien américain, a
coupé les liaisons aériennes internationales, ce qui a ralenti les
arrivées de drogue via le Honduras et la côte pacifique. Restent
les corridors terrestres que contrôlent les gens comme Orellana. Les
Zetas, dirigés par « Yanki », ne sont plus
présents, de manière résiduelle, que dans le Zacapa, l'Alta
Verapaz et le Peten. Le cartel de Sinaloa s'est imposé comme
l'acteur majeur au Guatemala : contrairement aux Zetas, il a
développé des alliances avec les groupes locaux plutôt que de les
asservir ou de les exterminer. En outre, ce cartel a encore pénétré
davantage les autorités locales, s'assurant davantage de couverture.
Le niveau de violence dans le pays reste donc très important.
Phase
3 : la guerre comme tremplin de l'émancipation/expansion
(2010-2012)
Après
la mort de Victor Pena Mendoza et la fin de non-recevoir du cartel du
Golfe à son ultimatum, Trevino ordonne aussitôt l'exécution des
partisans du cartel du Golfe dans le Tamaulipas et le Nuevo Leon, en
particulier des policiers municipaux qui sont kidnappés et torturés
à mort10.
16 membres du cartel sont ainsi enlevés. Des convois comptant
jusqu'à 40 véhicules utilitaires sport sillonnent les rues des
villes frontalières ou les autoroutes proches, avec des hommes armés
de lance-grenades et d'armes automatiques. Les policiers ou les
militaires arrivent généralement après les affrontements, à tel
point que certains soupçonnent « El Chapo », le
chef du cartel de Sinaloa, d'avoir soudoyé les autorités pour ce
faire.
Des
bannières annoncent alors la formation d'une nouvelle fédération
entre les cartels du Golfe, de Sinaloa et La Familia11.
Les halcones, qui travaillent pour les Zetas, se dépêchent
de suspendre dans le Tamaulipas des contre-bannières pour braver la
nouvelle fédération. Cette guerre symbolique est en outre très
médiatisée, d'autant plus qu'en hissant les bannières, chacun en
profite pour déposer aussi un morceau de cadavre ou une tête du
dernier ennemi abattu. Chassés du Tamaulipas, les Zetas se replient
sur Nuevo Laredo au nord-ouest, à Monterrey et Nuevo Leon au
sud-ouest, et au sud à Tampico, à la frontière avec Veracruz. Si
le Tamaulipas reste entre les mains du cartel du Golfe, les Zetas
réussissent à se maintenir, parfois fortement, à Nuevo Laredo, à
Torreon, dans le Veracruz, le Puebla, le Campeche, le Tabasco et des
parties du Quintana Roo et du Yucatan.
Pour
les Zetas, c'est un revers sérieux : en mars 2010, avec la
perte du Tamaulipas, ce sont toutes les plazas qui ont été
perdues, sauf une. La décision de se replier à Nuevo Laredo et
Tampico n'a pas été prise à la va-vite, sur un coup de tête :
c'est un pari stratégique réfléchi pour préserver la cohésion du
groupe, en conservant le contrôle de deux positions importantes pour
le trafic de drogue -un port, Tampico, et un point d'entrée sur le
marché américain, Nuevo Laredo. Les Zetas ont réussi à surmonter
les assauts des autres cartels et ceux du gouvernement, ce qui prouve
leur résistance. A Tijuana, l'organisation Arellano-Felix,
l'organisation Beltran-Leyva dans le centre du Mexique, et
l'organisation Vincente Carillo-Fuentes, ou cartel de Juarez, ont
toutes été réduites en ruines par les coups de poing successifs
des autorités mexicaines à la même époque.
En
avril 2011, Tijuana et Nuevo Laredo sont les deux seules plaza
qui ne sont pas encore entre les mains de la nouvelle fédération.
Mais les Zetas conservent leur mordant opérationnel :
mi-juillet 2010, à Juarez, ils ont organisé le premier attentat à
la voiture piégée depuis 15 ans, en utilisant un dispositif de
contrôle à distance et en attirant les secours sur place avant de
faire exploser l'engin. D'autres attentats à l'explosif suivront,
utilisant notamment du C-4, et visant les ennemis des Zetas. En
juillet, août et septembre 2010, les Zetas bénéficient des coups
portés par le gouvernement au cartel de Sinaloa, avec l'arrestation
du n°3 du cartel et de son tueur à gages en chef, La Barbie, ennemi
mortel des Zetas. Parallèlement, ceux-ci diversifient leurs
activités en s'impliquant dans le trafic humain le long de la côte
du golfe du Mexique, puis dans le vol de pétrole à la PEMEX, la
compagnie pétrolière nationale.
Dès
la fin 2010, les activités d'extorsion et de péage reprennent
normalement, augmentées par le trafic de drogue. Cette dernière
activité n'est pas prioritaire au sein des Zetas. Mais la séparation
avec le cartel du Golfe entraîne l'absence de contacts en Colombie
ou d'autres pays andins. Trevino est l'un des principaux promoteurs,
au sein des Zetas, du trafic de la cocaïne, notamment parce qu'il
dirige l'une des entreprises de fraude immobilière les plus
importantes dans les Amériques. Nuevo Laredo, sur l'I-3512,
est l'une des voies directes vers l'un des marchés les plus
importants de la drogue aux Etats-Unis : Chicago.
Trevino
commence à envoyer, en 2005, de la cocaïne et de la marijuana à
Chicago, via Nuevo Laredo13
et Houston, développant son réseau à l'est via la I-40 et l'I-10,
et au nord via l'I-35, jusqu'à Chicago, mais aussi Atlanta. Il
emploie d'abord des gangs d'adolescents, les Zetitas, puis
fait appel aux gangs locaux du Texas, et ensuite à gangs répartis
sur tout le territoire comme Mara Salvatrucha /MS-13 : ils sont
chargés de distribuer le produit et de protéger le retour des fonds
au Mexique. C'est ce trafic qui permet aux Zetas de se développer,
avec des ramifications dans pas moins de 37 villes du Midwest,
du nord-est et du sud-est des Etats-Unis en 2009, selon un rapport
des autorités américaines elles-mêmes.
En
octobre 2009, le FBI monte l'opération Gator Bait à Houston.
La cible, Willie « Gator » Jones Jr, tient une
résidence pour les Zetas, safe house pour les armes, la
drogue, et lieu de conditionnement en vue des expéditions via le
corridor de l'I-10 en direction de la Lousiane, du Mississipi et de
la Floride. Le 16 novembre 2011, la police de Chicago et la DEA
démantèlent une cellule locale des Zetas, mettant la main sur plus
de 12 millions de dollars et 250 kg de cocaïne. A la mi-novembre, un
informateur travaillant sous couvert et transportant un chargement de
marijuana est attaqué par 3 membres des Zetas qui pensaient
trouver plus de marchandise à bord de son véhicule. L'anecdote
montre la violence du groupe et la rivalité grandissante avec le
cartel du Golfe, auquel appartenait probablement le chargement.
A
ce moment-là, on attribue aux Zetas le contrôle sur pas moins de 10
000 exécutants (!), du Guatemala aux Etats-Unis. Au Guatemala, ils
recrutent de jeunes désoeuvrés, les fameux Zetitas, qui sont
notamment chargés de prévenir les tireurs du groupe en cas de
pénétration adverse sur leur territoire. Si on prend le cas d'un
des leurs alliés aux Etats-Unis, le Mara Salvatrucha/MS-13, les
différences sont notables. Le MS-13, né à Los Angeles, est un
réseau de gangs qui s'étend de New York à L.A., en passant par le
Salvador et le Guatemala. On décrit souvent son apparition comme une
conséquence tragique des guerres civiles en Amérique Centrale à la
fin de la guerre froide, mais en réalité, le MS-13 est le produit
des dynamiques de gangs urbains. Il a été créé par des
Salvadoriens de Los Angeles et opère désormais dans 42 Etats
américains. Le MS-13 n'a pas cependant la cohérence
organisationnelle des Zetas : c'est une structure très lâche,
un réseau de groupes qui communiquement et collaborent en fonction
de rapports de force. Cependant, il existe une hiérarchie, et le
MS-13 exerce même une domination régionale au Guatemala. Cette
structure décentralisée est aussi plus difficile à pénétrer de
l'extérieur. Au niveau des gangs locaux, le commandement est assuré
par deux responsables, l'un d'ensemble et l'autre plus spécifiquement
chargé des opérations. La loyauté est indispensable à l'égard
des gangs les plus influents, ce qui se reflète dans le credo du
MS-13, qui consacre l'usage de la force : « Tuer,
contrôler et violer ». Le MS-13 se distingue aussi, comme
gang, par ses relations avec les cartels de la drogue. Au Mexique,
ses membres servent de piétaille aux cartels, dont les Zetas, et
d'intermédiaires pour le trafic humain.
A
la fin 2011, l'élève a enfin dépassé le maître : les Zetas
sont devenus la deuxième plus grand organisation criminelle du
Mexique, seulement devancés par le cartel de Sinaloa. Les forces
paramilitaires des Zetas étendent leur influence dans tout le pays,
et leur adversaire perd du terrain, selon les analystes mexicains.
Phase
4 : la stabilisation et la décentralisation ? (2012-)
En
2010 et 2011, les Zetas ont donc résisté à la fois aux assauts de
leurs adversaires criminels et à ceux du gouvernement14.
La vision stratégique de Lazcano et la capacité à combler les
pertes et à s'étendre sur de nouveaux territoires ont
incontestablement joué. Paradoxalement, en 2012, les Zetas n'ont pas
à affronter le cartel de Sinaloa, ce qui aurait semblé logique,
mais une rivalité interne entre les deux hommes les plus importants
du mouvement.
Miguel
Trevino, ancien policier de Nuevo Laredo et numéro 2 des Zetas, est
considéré comme un élément impulsif. Lazcano, au contraire,
militaire de formation, base toute son action sur la stratégie, sur
l'entraînement et le recrutement, et sur un désir non dissimulé de
rester en vie. Certains commencent à penser, alors, que Trevino se
lasse d'être le n°2. Les autorités mexicaines arrêtent
curieusement une série de hauts-responsables proches de Lazcano,
comme s'il y avait eu des fuites. Parallèlement, dans les derniers
mois de l'administration Calderon, la lutte anti-cartels reprend de
la vigueur et les Zetas sont plus vulnérables que le cartel de
Sinaloa. Le 13 janvier 2012, Luis Jesus Sarabia Ramon, un membre
important des Zetas, est arrêté dans l'Etat de Nueve Leon.
Trevino,
qui a joué un rôle certain dans l'affrontement avec le cartel du
Golfe et le trafic de drogue, sans parler d'un comportement
excessivement violent, n'est probablement pas le seul responsable de
l'éclatement progressif des Zetas. En août 2010, le chef régional
des Zetas à San Fernando, au Tamaulipas, avait procédé à
l'exécution de 72 immigrants clandestins puis à celle de passagers
de bus détournés -193 morts au total, ensevelis dans des fosses
communes. Or les chefs des Zetas lui avaient expréssément demandé
de réduire les assassinats pour ne pas trop attirer l'attention de
l'armée. L'incident semble donc montrer qu'il existe un découplage
entre l'échelon supérieur et les groupes locaux des Zetas.
Un
an plus tard, le 25 août 2011, 8 membres des Zetas font irruption
dans un casino de Monterrey, au Nuevo Leon, y versent de l'essence et
mettent le feu : 52 personnes sont brûlées vives. Le motif :
le propriétaire du casinon avait refusé de céder à l'extorsion.
L'initiative a visiblement été prise par un sous-fiffre, sans que
les chefs de l'organisation l'aient approuvée. En mai 2012, 49 corps
décapités sont retrouvés sur le bord d'une route, dans le Nuevo
Leon, près de Cadereyta Jimenez : mais Trevino avait ordonné
au chef local des Zetas de déposer les corps au beau milieu de la
ville... ce qui là encore, montre des dissensions.
En
juin 2012, une guerre des bannières fait rage dans les rangs des
Zetas, entre ceux hissant celles qui arborent le portrait de Lazcano
et d'autres qui défendent plutôt Trevino. Mais certains experts
doutent, en fait, d'une possible guerre intestine au sein du
mouvement, à l'exception de tensions peut-être bien présentes
parmi la troupe. Le problème réside probablement dans l'expansion
fulgurante des Zetas, qui ne tirent que la moitié, tout au plus, de
leurs revenus du trafic de drogue. Les immenses rentrées d'argent
engendrent certainement une grande frustration parmi les cellules
locales, qui assurent l'essentiel des activités, et qui rechignent à
voir partir l'essentiel des bénéficies entre les mains des chefs.
On assisterait donc, peut-être, à la naissance d'un modèle de
« franchise » Los Zetas, avec des cellules locales
reproduisant le schéma du groupe.
Pourtant,
le 9 août 2012, la police mexicaine découvre les cadavres de 14
membres des Zetas près de San Lui Potosi. Il s'agit d'hommes de main
de Caballero, un chef des Zetas dans l'Etat voisin du Coahuila. Ses
hommes auraient été tués par la faction de Trevino, qui pense que
Caballero a l'intention de quitter les Zetas pour le combattre en
s'alliant avec le cartel du Golfe. Ce même mois, les analystes
américains multiplient les compte-rendus selon lesquels Trevino
aurait bien évincé Lazcano, dernier fondateur historique des Zetas.
En
réalité, il semblerait bien que les deux dirigeants des Zetas aient
maintenu leur association, et que nombre de rumeurs à propos d'un
affrontement interne soient venus des partisans de Trevino qui
n'étaient pas satisfaits du leadership de ce dernier. Lazcano
est finalement abattu le 7 octobre 2012 par des Marines
mexicains à Progreso, dans le Coahuila. Il est ainsi le premier chef
important de cartel à être tué dans un échange de tirs depuis
2006. La mort de Lazcano, qui suit la capture de Costilla, le chef du
cartel du Golfe, en septembre 2012, là encore par les Marines,
et l'arrestation de Caballero, l'adversaire de Trevino, semblent
profiter au cartel de Sinaloa, dont le chef, « El Chapo »,
peut espérer s'emparer de Nuevo Laredo, la place forte de Trevino.
Lazacano
était le dernier membre originel des Zetas qui maintenait un
semblant de cohésion15.
Les incertitudes recouvrant sa mort et la disparition de son corps
ouvrent déjà des polémiques, mais sans Lazcano, il n'y a plus de
commandement stratégique à Los Zetas, qui devient une organisation
sans chef. Miguel Trevino, le n°2, n'est pas un membre d'origine des
Zetas, et n'a pas le respect de l'ensemble de l'organisation. Il est
à la merci des rivaux et des autorités. Les Zetas ont probablement
atteint leur apogée à la mi-2008, alors qu'ils s'émancipaient du
cartel du Golfe tout en restant encore, théoriquement du moins, sous
sa coupe. Depuis 2010, les Zetas se sont concentrés sur le trafic de
drogue : la cocaïne est achetée au Honduras, puis transportée
par le Guatemala, le sud du Mexique jusqu'à Veracruz. Arrivée à
Nuevo Laredo, elle est acheminée au nord, vers les Etats-Unis.
Jusqu'à la mort de Lazcano cependant, les Zetas ont réussi à
conserver leur cohésion issue de leur origine militaire : le
vol du corps de Lazcano illustre le maintien de leurs traditions.
Source : http://www.stratfor.com/sites/default/files/main/images/Cartels_2013.jpg |
Miguel
Trevino, qui a tout fait pour conserver la place forte de Nuevo
Laredo, est intimement lié au trafic de drogue. Il est aussi de
tempéraement beaucoup plus impulsif et violent que ne l'était
Lazcano. Ce qui explique qu'il est moins respecté par la troupe des
Zetas. D'ailleurs, dès la mi-octobre 2012, des membres de
l'organisation qui se font appeler « les Légionnaires »
annoncent leur intention de lui contester la plaza de Nuevo Laredo. 3
des chefs locaux de plazas peuvent incarner le futur des Zetas :
Sergio “El Grande” Ricardo Basutro Pena, Maxiley “El
Contador” Barahona Nadales, et Roman “El Coyote”
Ricardo Palomo Rincones. Sur un historique similaire à celui des
Zetas, dans les grandes lignes, l'organisation Beltran-Levya a tenu
jusqu'en décembre 2009 grâce à son chef, Arturo Beltran-Leyva,
avant de se scinder en deux factions, une dirigée par l'homme de
main d'Arturo, Edgar “La Barbie” Valdez Villareal, et
l'autre par son frère Hector. Lesquelles ont également éclaté et
se sont disputées le contrôle de territoires, notamment à
Acapulco.
L'organisation
subit un nouveau coup avec l'arrestation, le 15 juillet 2013, de
Trevino, le successeur de Lazcano. Trevino a été pris par les
Marines mexicains à l'ouest de Nuevo Laredo, sans qu'un coup
de feu soit tiré. Il a été arrêté avec deux autres hommes et
avec, sur lui, plus de 2 millions de dollars, et également 8 armes à
feu avec plus de 500 cartouches16.
C'est la capture la plus importante parmi les responsables de cartels
mexicains depuis 2008. Jusqu'ici, la succession s'était faite sans
trop de heurts au sein de la hiérarchie des Zetas, en raison de la
culture militaire de l'organisation -encore que Trevino, comme on l'a
dit, ne fasse pas partie des ex-GAFES d'origine17.
Il faut noter que malgré son profil, Trevino semblait avoir réduit
volontairement les actes de violence les plus spectaculaires et la
mise en place des bannières (narcomanta), sans doute pour
diminuer la pression des autorités mexicaines sur l'organisation.
Los Zetas n'a pas perdu la plaza de Nuevo Laredo, d'importance
vitale, face au cartel de Sinaloa d'El Chapo, qui reste le cartel le
plus puissant, mais qui a aussi subi des coups18.
En janvier 2014, les Zetas restent le groupe le plus important du
nord-est du Mexique, mais sont toujours en conflit avec le cartel de
Sinaloa, très présent lui au nord-ouest, et avec les Chevaliers
Templiers19.
Jusqu'en 2012, le nord-est mexicain était au centre de l'activité
des cartels en raison du conflit entre les Zetas et le cartel du
Golfe et ses alliés. Le cartel du Golfe n'a plus d'organisation
cohérente centralisée depuis 2012, mais ses groupes existent encore
et les trafiquants de drogue parviennent encore à faire entrer leur
cargaison aux Etats-Unis à partir de Reynosa et de Matamoros, dans
le Tamaulipas, en faisant appel au service du cartel de Sinaloa ou
des Chevaliers Templiers.
Les
Zetas doivent faire face à la faction Velazquez, de Zacatecas, un
ancien chef régional des Zetas qui a rallié le cartel du Golfe
début 2012. Velazquez a été arrêté en septembre 2012 mais ses
deux frères dirigent la faction, la plus puissante des restes du
cartel du Golfe. L'objectif du groupe est de chasser les Zetas du
Tamaulipas, et en particulier de Nuevo Laredo, un objectif
probablement au-dessus de ses moyens actuels. Les Chevaliers
Templiers, un groupe issu de l'Etat du Michoacan dans le sud-ouest,
ont aidé le cartel du Golfe à combattre les Zetas dès 2012 :
ils se servent de Reynosa et Matamoros pour passer drogue et migrants
illégaux aux Etats-Unis, mais n'ont pas une présence aussi établie
que les Zetas dans le nord-est. Le frère de Miguel Trevino, Omar,
alias Z-42, chapeaute désormais les Zetas. Ceux-ci se sont imposés,
de plus en plus, dans la ville de Reynosa, pourtant considérée
comme un bastion du cartel du Golfe, en 2013. En outre, ils ont fait
leur apparition dans le nord de l'Etat du Chihuahua, à Ciudad
Juarez, au sud-est de la ville, prenant sous leur coupe des gangs qui
dépendaient du cartel de Juarez20.
Bibliographie :
Ouvrage :
George
W. GRAYSON et Samuel LOGAN, The Executioner's Men. Los Zetas,
Rogue Soldiers, Criminal Entrepreneurs, and the Shadow State They
Created, Transaction Publishers, 2012.
Articles :
Robert
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mars 2013.
Steven
DUDLEY, The Zetas in Guatemala, InSight Crime Special Report,
8 septembre 2011.
Steven
DUDLEY, « Guatemala's New Narco-map: Less Zetas, Same Chaos »,
InSight Crime, 16 septembre 2013.
Georges
W. GRAYSON, « Los Zetas: the Ruthless Army Spawned by a Mexican
Drug Cartel », Foreign Policy Research Institute E-Notes,
mai 2008.
Samuel
LOGAN, « Los Zetas: Evolution of a Criminal Organization »,
ISN Security, 12 mars 2009.
Samuel
LOGAN, « A Profile of Los Zetas: Mexico’s Second Most
Powerful Drug Cartel », CTC Sentinel, février 2012,
volume 5, numéro 2, p.5-7.
Samuel
LOGAN, « The Future of Los Zetas after the Death of Heriberto
Lazcano », CTC Sentinel, octobre 2012, Vol 5. Issue 10,
p.6-9.
Tristan
REED, « Mexico's Drug War: Balkanization Continues in the
Northeast and Northwest », Security Weekly, Stratfor, 16
janvier 2014.
Scott
STEWART and Tristan REED, « Mexico's Zetas Are Not Finished
Yet », Security Weekly, Stratfor, 24 octobre 2013.
John
P. SULLIVAN, Samuel LOGAN, « The Gulf-Zeta Split and the
Praetorian Revolt », ISN Security, 4 juillet 2010.
John
P. SULLIVAN et Samuel LOGAN, « Los Zetas: Massacres,
Assassinations and Infantry Tactics », The Counter
Terrorist, 24 novembre 2010.
1Georges
W. GRAYSON, « Los Zetas: the Ruthless Army Spawned by a
Mexican Drug Cartel », Foreign Policy Research Institute
E-Notes, mai 2008.
2Samuel
LOGAN, « A Profile of Los Zetas: Mexico’s Second Most
Powerful Drug Cartel », CTC Sentinel, février 2012,
volume 5, numéro 2, p.5-7.
3La
Familia Michoacana se caractérise par ses tactiques brutales,
une solide base d'opérations dans le Michoacan et par une
pseudo-idéologie religieuse qui assure un esprit de corps. Le
groupe a émergé en fusionnant des trafiquants de drogue et des
vigiles, avec l'appui des Zetas. La Familia bénéficie de
leur appui pour éliminer la famille mafieuse dominante du
Michoacan, les Valencias, avant de s'émanciper à partir de 2006.
Le groupe rejoint ensuite la coalition anti-Zetas en 2010. Il est
affaibli par une scission rivale, les Chevaliers Templiers. Son
activité se concentre surtout sur les drogues synthétiques, et il
a son propre réseau de distribution aux Etats-Unis.
4Samuel
LOGAN, « Los Zetas: Evolution of a Criminal Organization »,
ISN Security, 12 mars 2009.
5John
P. SULLIVAN et Samuel LOGAN, « Los Zetas: Massacres,
Assassinations and Infantry Tactics », The Counter
Terrorist, 24 novembre 2010.
6Robert
J. BUNKER et Byron RAMIREZ, Narco Armor. Improvised Armored
Fighting Vehicles in Mexico, The Foreign Military Studies Office,
mars 2013.
8Steven
Dudley, The Zetas in Guatemala, InSight Crime Special Report,
8 septembre 2011.
9
Steven Dudley, « Guatemala's New Narco-map: Less Zetas, Same
Chaos », InSight Crime, 16 septembre 2013.
11John
P. SULLIVAN, Samuel LOGAN, « The Gulf-Zeta Split and the
Praetorian Revolt », ISN Security, 4 juillet 2010.
12Interstate
35, une autoroute qui traverse le centre des Etats-Unis, du Texas au
Minnesota.
13Dès
le début 2005, les Zetas, profitant des arrestations qui ont
désorganisé le cartel du Golfe, s'installent en force à Nuevo
Laredo. Le cartel de Sinaloa tente de s'y implanter et la ville se
transforme en champ de bataille. A l'automne, les Zetas sont maîtres
du terrain, au prix d'une formidable démonstration de violence.
15Samuel
LOGAN, « The Future of Los Zetas after the Death of Heriberto
Lazcano », CTC Sentinel, octobre 2012, Vol 5. Issue 10,
p.6-9.
18Scott
Stewart and Tristan Reed, « Mexico's Zetas Are Not Finished
Yet », Security Weekly, Stratfor, 24 octobre 2013.
19Les
Chevaliers Templiers sont une scission de La Familia Michoacana
apparue en mars 2011. Ils se présentent comme un mouvement
d'auto-défense et reprennent l'idéologie religieuse du groupe
d'origine. Par certains côtés, et en raison de leur enracinement
dans le Michoacan, ils ont plus les caractéristiques d'une
insurrection que d'une mafia.
20Tristan
Reed, « Mexico's Drug War: Balkanization Continues in the
Northeast and Northwest », Security Weekly, Stratfor,
16 janvier 2014.
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