Les
hommes corps-francs du Regiment de Potsdam sous les ordres du major
von Stephani sont prêts à passer à l'action. Pendant que les
soldats se mettent en route, le major est déjà parti en
reconnaissance observer l'édifice que sa troupe doit conquérir dans
la journée. C'est déguisé en révolutionnaire que l'ancien
officier de l'armée impériale pénètre dans l'immeuble qui abrite
le siège du quotidien social-démocrate le Vorwärts. Sous le
prétexte de s'engager dans les milices rouges il parvient à
parcourir sans encombre les différents bureaux et peut donc
minutieusement inspecter le bâtiment avant de rejoindre ses hommes
qui ont déjà pris position. Il demande alors aux Spartakistes qui
occupent l'immeuble de se rendre. Ces derniers refusent une telle
proposition et s'en remettent au sort des armes pour juger de l'issue
du conflit. Les mitrailleuses, obusiers et mortiers du corps-francs
de von Stephani entrent alors en action. La bataille pour Berlin
commence.
Cette
bataille qui, aux premiers jours de l'année 1919, ensanglante la
capitale du Reich est à l'origine de deux mythes. Le premier veut
que ce soulèvement ouvrier soit l'œuvre délibérée des
Spartakistes, ceux là qui ont créé fin décembre le Parti
communiste allemand, estimant le moment venu d'installer le
bolchevisme en Allemagne. Le second fait la part belle aux
corps-francs présentés comme cette troupe invincible, ayant repris
Berlin et ainsi sauvé l'Allemagne du péril communiste. Comme tous
les mythes, ils présentent une part minime de vérité et beaucoup
d'exagération et d'occultation. L'étude de cette insurrection et
des combats de rue qu'elle provoque, la première du XX° siècle
dans une capitale de l'Europe occidentale, peut seule permettre de
casser les mythes patiemment entretenus et de mieux appréhender les
débuts d'un aspect fondamental de l'art militaire: la
contre-insurrection en milieu urbain.
David FRANCOIS