lundi 10 février 2014

Perdre la Guerre Froide : la somme de toutes les erreurs (1/2)


A notre époque marquée par les interventions extérieures et la contre-insurrection, on a du mal à imaginer qu’il y à encore une trentaine d’années, on se préparait en Europe même, à un conflit de haute intensité, avec un risque élevé d’escalade nucléaire.

Affiche soviétique pour les 35 ans du Pacte de Varsovie
source : http://adream.e-monsite.com/album/la-propagande-pendant-la-guerre-froide/affiche-urss-a-la-gloire-du-pacte-de-varsovie.html



Le pacte de Varsovie, créé en 1955 et dissout en 1991, représente la plus gigantesque alliance militaire de tous les temps. Sa principale zone d’action était le centre-europe, en cas de conflit avec l’OTAN. Sa doctrine apparaissait comme résolument offensive, d’importantes forces étant massées, sur le pied de guerre, aux frontières de l’Europe de l’Ouest, notamment en RDA. Finalement, toute cette puissance s’est effondrée sans combat, avec un résultat géostratégique équivalent : les occidentaux étant maintenant (pacifiquement) aux portes de la Russie, lui contestant même les ex-marches intérieures de l’empire, comme l’Ukraine et la Biélorussie. Comment en est-on arrivé là ? Comme nous allons le voir, cela s’est principalement joué en une douzaine d’années, des lendemains de la guerre du Viêt-Nam à l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev.
Jérôme Percheron  


Les Etats-Unis après le Viêt-Nam

 

Un tableau inquiétant

 

L’année 1973 marque la fin de l’engagement américain en Asie du Sud-Est. Les Etats-Unis ne peuvent que constater l’échec de leur politique étrangère et de leur stratégie dans cette région. Dans les années qui suivent, leur diplomatie et leur armée vont traverser une profonde crise de perte de confiance. Cette même année a lieu le premier grand choc pétrolier, qui va sérieusement compliquer l’économie du monde occidental et mécaniquement favoriser les pays producteurs, au rang desquels l’Union Soviétique.

La Navy, principal pilier de la puissance américaine à travers le monde, a vu ses groupes aéronavals engagés intensivement depuis 10 ans au large du Vietnam, et doit faire face à une usure inquiétante de ses bâtiments et de ses équipages. L’armée de terre et le corps des Marines, démoralisés, ont perdu leur lien avec la nation. L’opinion publique veut tourner la page de la guerre et dans ce contexte, des diminutions drastiques des budgets militaires sont décidées, menant à l’abandon de la conscription pour laisser place à une armée de métier. D’une manière générale, les fonds engagés dans le conflit ont retardé l’étude de nouveaux matériels, entraînant un risque d’obsolescence face à ceux alignés par le bloc de l’Est.

La doctrine stratégique nucléaire ou « M.A.D. »

 

Au niveau stratégique, les Américains restent fidèles à la doctrine Mac Namara de la M.A.D. (Mutual Assured Destruction), confortée par Nixon et Kissinger suite à la « Détente » : ils considèrent qu’un conflit nucléaire entre les grandes puissances ne peut se terminer que par la destruction totale de celles-ci. Ceci ne peut être évité qu’en menaçant de riposter même si le pays est détruit, ce qui est assuré par les sous-marins nucléaires, éléments vitaux de la dissuasion. Ainsi, il n’est pas nécessaire de cibler avec précision les infrastructures ou les forces militaires de l’ennemi : une stratégie anti-cités suffit (cibler les centres de population), puisque normalement on ne devrait pas en venir jusque là. C’est ce qu’on appelle « l’équilibre de la terreur ». Ce n’est pas l’avis des Soviétiques, nous le verront plus loin.

Au lieu de se remettre en question et de capitaliser sur la guerre qu’ils viennent de mener au Viêt-Nam face à une adversaire hybride1 (et qui, on le sait maintenant, va préfigurer celles qu’ils devront mener dans l’avenir), ils préfèrent se recentrer sur ce qu’ils savent le mieux faire : la préparation d’un conflit de haute intensité. Celui-ci aura vraisemblablement lieu en centre-Europe, en tentant d’en maîtriser les risques d’escalade pour ne pas en arriver à une vitrification réciproque. Pour cela, il faut maintenir autant que possible l’utilisation de l’arme nucléaire au niveau tactique (champs de bataille).

La doctrine tactique « Active defense »

 

Afin de réorganiser l’armée en cours de professionnalisation et conceptualiser cette guerre future, le TRADOC (Training and Doctrine Command) est crée en 1973. Son premier commandant, le général DePuy doit faire face à une urgence: les Etats-Unis ont perdu, en raison du coût de la guerre du Viêt-Nam, pratiquement 10 ans dans la course aux armements face à l’URSS. Il lance donc des programmes d’armements, tels le tank M-1 Abrams ou le véhicule de combat d’infanterie M-2 Bradley, qui constituent toujours quarante ans plus tard l’ossature des unités blindées américaines.

Franchissement du canal de Suez par l'armée égyptienne au début de la guerre du Kippour en 1973 (vue d'artiste)
http://www.leqg.org/forum/viewtopic.php?f=77&t=13715

Pour réorganiser les divisions de l’armée de terre, il va étudier plusieurs conflits depuis la seconde guerre mondiale, et en particulier celui qui vient de se terminer : la guerre Israélo-arabe du Kippour, qui a vu des armées structurées et équipées par les soviétiques mettre en grand danger Israël. En effet, dans les premiers jours de cette guerre, l’armée égyptienne a percé les défenses israéliennes sur le canal de Suez, l’a franchi et a résisté à de nombreuses contre-attaques, pendant que sur le plateau du Golan les Syriens submergeaient les défenseurs et faillirent atteindre le Jourdain. Trois semaines d’un combat intense ont vu plus de tanks et d’artillerie détruits dans les deux camps que tout l’inventaire américain de ces équipements en Europe2. Les armements les plus modernes ont été utilisés, en particulier les systèmes intégrés de missiles anti-aériens et les missiles guidés anti-char à longue portée, ces derniers rendant, fait nouveau, les chars très vulnérables à l’infanterie même à grande distance.

DePuy en déduit que la prochaine guerre devra se gagner dès les premières batailles, qui auront un tempo et un niveau d’attrition surpassant en intensité tout ce que nous avons connu jusqu’ici. Il met donc l’accent sur la puissance de feu et les armements anti-chars pour arrêter une éventuelle offensive mécanisée du Pacte de Varsovie en Centre-Europe3, depuis une série de positions préparées, compensant en partie l’infériorité numérique de l’OTAN. Ceci aboutit au document de doctrine  Field Manual 100-5, édition 1976, basé sur cette notion de défense active, qui va structurer l’armée américaine et l’OTAN jusqu’au début des années 80.

L’expansion stratégique de l’URSS


Le pacte de Varsovie


Cette alliance, principalement militaire, mais aussi économique et politique, a été créée en réaction à la remilitarisation de l'Allemagne de l'Ouest par l'OTAN, avec la création de la Bundeswehr en 1955. Bien que l'acte du traité (conclu le 14 mai de la même année à Varsovie) stipule qu'un état peut y adhérer indépendamment de son régime social et politique, le but affiché officiellement par ce dernier, selon les Soviétiques, est en réalité "de défendre les conquêtes du socialisme, de garantir la paix et la sécurité en Europe"4. Bien qu'imprécise, cette phrase indique clairement à qui il s'adresse.

Sous-marin d'attaque soviétique à propulsion nucléaire Victor III (mis en service en 1978)
source : http://www.fas.org/man/dod-101/sys/ship/row/rus/671.htm

A son apogée au début des années 80, le pacte a regroupé, dans ses forces conventionnelles, plus de 4 millions de soldats , environ 60 000 tanks et 70 000 blindés divers, 6000 avions de combat et une marine forte de plus de 250 grands navires de surface et 250 sous-marins5 dont le niveau technologique et la furtivité rattrapent celui des occidentaux à la fin des années 70, avec les sous-marins d’attaque de classe Victor III. Les meilleures unités terrestres sont stationnées en posture offensive aux frontières de l’OTAN, en particulier en Allemagne de l’Est, devenue une gigantesque base militaire : un quart de la superficie totale du pays est occupée par des installations militaires (soviétiques et allemandes) interdites à la population, cette dernière étant étroitement contrôlée par le ministère de la sécurité de l’état ou STASI. 

L’avantage numérique est clairement en faveur du Pacte. Sur le théâtre centre-europe, par exemple, il aligne environ 20 000 tanks, contre 7000 pour l’OTAN6. De plus tous les matériels, organisations et procédures sont standardisés sur l’ensemble des pays du Pacte, ce qui est loin d’être le cas pour son adversaire. En ce qui concerne la parité en missiles balistiques intercontinentaux, celle-ci est acquise depuis le début des années 70. Le point faible reste la capacité de la marine, par manque de bases à l’étranger (les Etats-Unis tentant de s’opposer à leur installation par tous les moyens), à contrer la menace que représentent les sous-marins nucléaires américains lanceurs de missiles balistiques et bientôt de missiles de croisière, et à protéger les leurs. L’idée est alors de doter la flotte d’une couverture aérienne et anti-sous-marine capable de la protéger loin de ses bases, d’où le lancement, à partir de 1975, des porte-aéronefs de la classe Kiev7

L’autre hantise des militaires du pacte est la menace représentée par les grands porte-avions américains. Dans les années 50-60, un croiseur soviétique devait suivre chaque porte-avion et bombarder son pont d’envol, pour le rendre inutilisable, au premier signe d’intention hostile. Dans les années 70 et 80, le réseau de surveillance, basé sur les satellites, les avions patrouilleurs et les écoutes sous-marines, est théoriquement capable de localiser ces derniers et de permettre au bombardiers stratégiques et aux sous-marins d’attaque d’envoyer contre chaque porte-avion une salve d’une centaine de missiles antinavires, munis d’ogives conventionnelles ou non, de manière à saturer ses défenses.

Porte-aéronef Kiev en 1985
source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kiev_1985_DN-SN-86-00684r.jpg

Une conjoncture internationale favorable

 

L’interventionnisme américain étant « refroidi » pour quelques années au moins depuis le retrait du Viêt-Nam, l’URSS se sent pousser des ailes. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 semblent lui bénéficier grandement, étant elle-même une grande productrice d’or noir. De nombreux états du tiers-monde, suite à la décolonisation ou au recul des Etats-Unis, sortent de l’influence occidentale (Angola, Mozambique, Ethiopie, Zaïre, Somalie, Rhodésie en Afrique, ou encore Nicaragua et Salvador en Amérique du sud, au portes mêmes des Etats-Unis, ainsi que l’Afghanistan…), pour vite se faire « happer » par le bloc communiste. La tendance « internationaliste » prends le dessus au sein du parti communiste d’URSS et il est décidé, étant donné la « corrélation des forces » favorable, qu’il est temps d’exporter le système socialiste dans le monde, en aidant directement et massivement (donc militairement) les pays du tiers-monde désireux de s’affranchir de la tutelle occidentale. Cela permet également de commencer à constituer un réseau de bases navales dans les pays « frères » afin d’accompagner cette expansion8, la supériorité maritime de l’U.S. Navy sur les mers du globe étant jusque là sans partage.

Conseillers militaires soviétiques en Angola, 1983
source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:East_Bloc_military_advisors_in_Angola,_1980s.JPEG

L’intervention en Afghanistan est décidée, après beaucoup d’atermoiements, pour à la fois venir au secours d’un mouvement communiste afghan imposé de force à une société tribale et religieuse qui le rejette viscéralement, mais aussi pour ne pas laisser cette rébellion islamique naissante gagner les autres républiques musulmanes d’URSS. L’Opération « Prague » (le nom n’est pas choisi au hasard…) commence par une intervention aéroportée permettant la prise de contrôle de l’aéroport de Kaboul et la prise d’assaut du palais présidentiel assorti de l’exécution du président Afghan, jugé trop conciliant avec les Américains, pour le remplacer par quelqu’un de plus loyal. Puis la 40ème armée prend rapidement possession des villes et des grandes routes du pays. Cette intervention directe, massive, sans tentative de justification particulière, surprend les occidentaux et va fédérer contre les Soviétiques de nombreux pays, au rang desquels la riche Arabie Saoudite, les Etats-Unis, le Pakistan mais aussi la Chine, qui ne pouvait rêver mieux pour affaiblir son « frère ennemi ». Cette guerre va s’avérer un gouffre financier et humain qui va réveiller une opinion publique intérieure pourtant bien muselée et hâter la fin de l’Empire.

L’Europe et la stratégie soviétique


Le fil directeur de la stratégie soviétique concernant l’Europe est son « découplage » des Etats-Unis, afin d’étendre son influence sur le contient européen et ainsi d’isoler ces derniers. En effet, tant que les USA sont solidaires de l’Europe de l’Ouest en cas de conflit avec le pacte de Varsovie, la situation dégénèrera immanquablement en conflit mondial. Mais si les Etats-Unis n’étaient plus aussi disposés à risquer une escalade nucléaire, et donc leur existence même, pour venir au secours de leurs amis européens, il serait possible, moyennant une préparation de l’opinion publique européenne, dont une partie n’est pas hostile à une convergence des systèmes politiques, de « finlandiser », c'est-à-dire d’attirer dans l’orbite soviétique par neutralisation de leur politique extérieure, plusieurs états européens, au premier rang desquels l’Allemagne de l’Ouest9

C’est cette stratégie qui motive au départ l’adhésion du bloc soviétique au cycle des conférences sur la sécurité et la coopération en Europe, dont la première et la plus célèbre est celle d’Helsinki (1973-1975), qui, à la grande satisfaction de l’URSS, ratifie les frontières du bloc de l’Est et l’influence de cette dernière sur ses états satellites, mais qui contient un chapitre anodin dont elle n’as pas vu l’importance ni l’utilité… celui concernant les droits de l’Homme10. Ceci va devenir un véritable « ver dans le fruit » qui va encourager et légitimer de nombreux dissidents à témoigner de ce qu’est la vie de l’autre côté du rideau de fer, et donc mettre à mal, malgré une répression féroce, le courant de sympathie qui existe en Europe à cet époque pour le système communiste, et donc au final être contre-productif par rapport à cette stratégie.

SS-20 sur son lanceur mobile
source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:SS20_irbm.jpg

A partir de 1975, les soviétiques testent un nouveau missile à tête nucléaire et à portée intermédiaire, le SS-20, qui leur permet d’atteindre avec précision des cibles en Europe. Doté d’un lanceur mobile, il est très difficile à localiser et à éliminer. Une première frappe de ces « euromissiles » pourrait ainsi balayer toutes les bases de l’OTAN. L’équilibre stratégique est rompu : il n’y a rien d’équivalent en Europe de l’Ouest. Cette nouvelle arme leur permet de contourner les accords SALT de 1972 de limitation des armements stratégiques (qui ne concernent que les missiles balistiques intercontinentaux) et de mettre à l’épreuve la solidité du lien entre les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest. Justement, malgré une décision unanime de l’OTAN en 1979 de mettre en place des missiles équivalents d’ici à fin 1983, les Pershing II et les missiles de croisière, le chancelier Helmut Schmidt prend discrètement des contacts en 1981 avec son homologue Est-allemand pour entamer des négociations11. Il est vrai que son pays est le plus concerné par la mise en place de ces missiles. L’URSS accepte de retirer ses SS-20 si l’OTAN retire une bonne partie de l’armement nucléaire stationné en Europe, incluant l’arsenal français. Des manifestations pacifistes gigantesques ont lieu en 1982-1983 pour s’opposer à la mise en place des Pershing II, principalement en RFA, soutenues en sous-main par Moscou, usant de son influence secrète sur certains partis politiques européens12. Finalement le sursaut viendra du président socialiste français François Mitterrand, qui, bien plus atlantiste que son prédécesseur, déclarera en octobre 1983 au cours d’un célèbre discours à Bruxelles, «(… ) je constate que les pacifistes sont à l'Ouest et les euromissiles à l'Est. ». Le nouveau chancelier allemand Helmut Kohl, au pouvoir depuis octobre 1982, sur la même ligne que son homologue Français, permet à l’OTAN de rester ferme face à la tentative soviétique, et de soutenir l’ « option zéro » proposée par le président Américain depuis 1981 : retrait des SS-20 et retrait ou non-installation de leur équivalents à l’Ouest. Ce qui s’avèrera payant, puisqu’en décembre 1987, un accord en ce sens est signé avec Moscou.

Face aux Etats-Unis

 

A la différence de son adversaire, la stratégie soviétique rejette la M.A.D. Pour eux, la dissuasion nucléaire n’est crédible que si on est réellement capable de gagner une guerre nucléaire13. Les sous-marins nucléaires ne sont pas vus comme le moyen ultime de la dissuasion, mais comme un des moyens stratégiques nucléaires (avec les vecteurs lancés depuis la terre et depuis les bombardiers) devant effectuer une première frappe ciblant les moyens nucléaires stratégiques, les centres de commandement et l’infrastructure politique et administrative de l’ennemi, avant que celui-ci n’ait pu utiliser ses propres armes nucléaires. Il n’y a pas de seconde chance : il est impératif que cette attaque soit lancée dès les premiers signes de préparatifs d’une agression nucléaire de la part des Etats-Unis14.

Les marches de l’empire, des alliés moins fiables qu’il n’y paraît

 

Le pacte de Varsovie ne doit pas être vu comme un bloc monolithique. Il est très risqué de mener ensemble au combat des soldats est-allemands de la Nationale Volksarmee et des soldats Polonais, vu le passé encore frais de la seconde guerre mondiale. Il en est de même entre Roumains et Hongrois. Bien que très intégrés militairement (sous commandement soviétique), de fortes dissensions politiques et de la défiance envers l’autorité soviétique se font régulièrement jour en Europe centrale. De la même manière que les Etats-Unis n’hésitent pas à soutenir des prises de pouvoir ou des répressions menées par des régimes dictatoriaux (Chili, Nicaragua) afin de contrer l’influence de l’adversaire à leur portes, des soulèvements populaires contre la mainmise soviétique (RDA 1953, Hongrie 1956, Tchécoslovaquie 1968, Pologne 1970) sont réprimés de manière brutale, voire sanglante dans le cas de la Hongrie, où l’opération est menée par un certain Youri Andropov, ce qui lui vaudra une brillante carrière… Nous le rencontrerons à nouveau un peu plus loin.

Prague, 1968
source : http://histoiregeolyceerombas.over-blog.com/article-22136054.html

Lors de la crise polonaise de 1980-1982, la CIA apporte une aide massive aux opposants, en matériel de reprographie, ordinateurs, finances et émetteurs radio15. L’Armée rouge est à nouveau à 2 doigts d’intervenir :
  • en septembre 1981 : le plus grand exercice militaire jamais organisé par le pacte de Varsovie a lieu du 4 au 12 septembre tout près de la frontière polonaise, en Ukraine, ce qui permet d’envoyer aux dirigeants polonais un message fort quant à leurs intentions. Peu de temps après, le général Jaruzelski, ministre de la défense polonais, deviendra chef de l’état et proclamera la loi martiale16.
  • En janvier 1982 : la mission militaire française de liaison auprès du haut commandement soviétique en Allemagne, qui selon le traité de Postdam, est habilitée à circuler relativement librement (mais parfois au péril de la vie de ses agents) sur le territoire de la RDA, détecte des préparatifs inquiétants : plusieurs divisons soviétiques stationnées dans ce pays sont sur le pied de guerre près de la frontière polonaise, avec d’étranges grandes marques d’identification blanches peintes à la hâte sur le dessus des véhicules, qui sont non sans rappeler celles utilisées lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie17


1 Hybride : mêlant guérilla et combat conventionnel

2 Deciding what to be done : General W E DePuy and the 1976 edition of the FM 100-5, Leavenworth Papers n° 16, Fort Lavenworth, July 1988, p. 30.

3 Ibidem, p. 9

4 Dictionnaire encyclopédique militaire, Moscou, 1984, p. 111

5 Military balance 1980-1981, Londres, 1980, pp. 14-28

6 Ibidem, pp. 112

7 P.A. Huchtausen, A. Sheldon-Duplaix, Guerre froide et espionnage naval, Nouveau-monde éditions, Paris, 2009, p. 322

8 Georges-Henri Soutou, La guerre froide 1943-1990, Pluriel, Paris, 2010, pp. 805-806.

9 Ibidem, pp. 857-859

10 Ibidem, pp.795-796

11 Ibidem, p. 915

12 Ibidem, p. 917

13 Ibidem, p. 812

14 P.A. Huchtausen, A. Sheldon-Duplaix, Guerre froide et espionnage naval, Nouveau-monde éditions, Paris, 2009, pp. 319-320.

15 Georges-Henri Soutou, La guerre froide 1943-1990, Pluriel, Paris, 2010, p. 907

16 Yacha MacLasha, Guerres & Histoire n° 12, avril 2013

17 Roland Pietrini, Vostok, Mission spéciale production, Les Echelles, France, 2008, pp. 84-85

1 commentaire:

  1. Bel exercice que cette étude globale de la fin de la guerre froide.

    Pour le « découplage » provoqué par les SS-20, il semble que ce n'est pas une stratégie soviétique délibérée mais un accident dans le système de conception militaro-industriel soviétique (cf. James Cant, « The SS-20 Missile - Why Were You Pointing at Me? », dans Russia: War Peace and Diplomacy: Essays in Honour of John Erickson, 2004).

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