A notre époque
marquée par les interventions extérieures et la
contre-insurrection, on a du mal à imaginer qu’il y à encore une
trentaine d’années, on se préparait en Europe même, à un
conflit de haute intensité, avec un risque élevé d’escalade
nucléaire.
Affiche soviétique pour les 35 ans du Pacte de Varsovie source : http://adream.e-monsite.com/album/la-propagande-pendant-la-guerre-froide/affiche-urss-a-la-gloire-du-pacte-de-varsovie.html |
Le pacte de Varsovie,
créé en 1955 et dissout en 1991, représente la plus gigantesque
alliance militaire de tous les temps. Sa principale zone d’action
était le centre-europe, en cas de conflit avec l’OTAN. Sa doctrine
apparaissait comme résolument offensive, d’importantes forces
étant massées, sur le pied de guerre, aux frontières de l’Europe
de l’Ouest, notamment en RDA. Finalement, toute cette puissance
s’est effondrée sans combat, avec un résultat géostratégique
équivalent : les occidentaux étant maintenant (pacifiquement)
aux portes de la Russie, lui contestant même les ex-marches
intérieures de l’empire, comme l’Ukraine et la Biélorussie.
Comment en est-on arrivé là ? Comme nous allons le voir, cela
s’est principalement joué en une douzaine d’années, des
lendemains de la guerre du Viêt-Nam à l’arrivée au pouvoir de
Gorbatchev.
Les Etats-Unis après le Viêt-Nam
Un tableau inquiétant
L’année 1973 marque
la fin de l’engagement américain en Asie du Sud-Est. Les
Etats-Unis ne peuvent que constater l’échec de leur politique
étrangère et de leur stratégie dans cette région. Dans les années
qui suivent, leur diplomatie et leur armée vont traverser une
profonde crise de perte de confiance. Cette même année a lieu le
premier grand choc pétrolier, qui va sérieusement compliquer
l’économie du monde occidental et mécaniquement favoriser les
pays producteurs, au rang desquels l’Union Soviétique.
La Navy, principal pilier
de la puissance américaine à travers le monde, a vu ses groupes
aéronavals engagés intensivement depuis 10 ans au large du Vietnam,
et doit faire face à une usure inquiétante de ses bâtiments et de
ses équipages. L’armée de terre et le corps des Marines,
démoralisés, ont perdu leur lien avec la nation. L’opinion
publique veut tourner la page de la guerre et dans ce contexte, des
diminutions drastiques des budgets militaires sont décidées, menant
à l’abandon de la conscription pour laisser place à une armée de
métier. D’une manière générale, les fonds engagés dans le
conflit ont retardé l’étude de nouveaux matériels, entraînant
un risque d’obsolescence face à ceux alignés par le bloc de
l’Est.
La doctrine stratégique nucléaire ou « M.A.D. »
Au niveau stratégique,
les Américains restent fidèles à la doctrine Mac Namara de la
M.A.D. (Mutual Assured Destruction), confortée par Nixon et
Kissinger suite à la « Détente » : ils considèrent
qu’un conflit nucléaire entre les grandes puissances ne peut se
terminer que par la destruction totale de celles-ci. Ceci ne peut
être évité qu’en menaçant de riposter même si le pays est
détruit, ce qui est assuré par les sous-marins nucléaires,
éléments vitaux de la dissuasion. Ainsi, il n’est pas nécessaire
de cibler avec précision les infrastructures ou les forces
militaires de l’ennemi : une stratégie anti-cités suffit
(cibler les centres de population), puisque normalement on ne devrait
pas en venir jusque là. C’est ce qu’on appelle « l’équilibre
de la terreur ». Ce n’est pas l’avis des Soviétiques, nous
le verront plus loin.
Au lieu de se remettre en
question et de capitaliser sur la guerre qu’ils viennent de mener
au Viêt-Nam face à une adversaire hybride1
(et qui, on le sait maintenant, va préfigurer celles qu’ils
devront mener dans l’avenir), ils préfèrent se recentrer sur ce
qu’ils savent le mieux faire : la préparation d’un conflit
de haute intensité. Celui-ci aura vraisemblablement lieu en
centre-Europe, en tentant d’en maîtriser les risques d’escalade
pour ne pas en arriver à une vitrification réciproque. Pour cela,
il faut maintenir autant que possible l’utilisation de l’arme
nucléaire au niveau tactique (champs de bataille).
La doctrine tactique « Active defense »
Afin de réorganiser
l’armée en cours de professionnalisation et conceptualiser cette
guerre future, le TRADOC (Training and Doctrine Command) est crée en
1973. Son premier commandant, le général DePuy doit faire face à
une urgence: les Etats-Unis ont perdu, en raison du coût de la
guerre du Viêt-Nam, pratiquement 10 ans dans la course aux armements
face à l’URSS. Il lance donc des programmes d’armements, tels le
tank M-1 Abrams ou le véhicule de combat d’infanterie M-2 Bradley,
qui constituent toujours quarante ans plus tard l’ossature des
unités blindées américaines.
Franchissement du canal de Suez par l'armée égyptienne au début de la guerre du Kippour en 1973 (vue d'artiste) http://www.leqg.org/forum/viewtopic.php?f=77&t=13715 |
Pour réorganiser les
divisions de l’armée de terre, il va étudier plusieurs conflits
depuis la seconde guerre mondiale, et en particulier celui qui vient
de se terminer : la guerre Israélo-arabe du Kippour, qui a vu
des armées structurées et équipées par les soviétiques mettre en
grand danger Israël. En effet, dans les premiers jours de cette
guerre, l’armée égyptienne a percé les défenses israéliennes
sur le canal de Suez, l’a franchi et a résisté à de nombreuses
contre-attaques, pendant que sur le plateau du Golan les Syriens
submergeaient les défenseurs et faillirent atteindre le Jourdain.
Trois semaines d’un combat intense ont vu plus de tanks et
d’artillerie détruits dans les deux camps que tout l’inventaire
américain de ces équipements en Europe2.
Les armements les plus modernes ont été utilisés, en particulier
les systèmes intégrés de missiles anti-aériens et les missiles
guidés anti-char à longue portée, ces derniers rendant, fait
nouveau, les chars très vulnérables à l’infanterie même à
grande distance.
DePuy en déduit
que la prochaine guerre devra se gagner dès les premières
batailles, qui auront un tempo et un niveau d’attrition surpassant
en intensité tout ce que nous avons connu jusqu’ici. Il met donc
l’accent sur la puissance de feu et les armements anti-chars pour
arrêter une éventuelle offensive mécanisée du Pacte de Varsovie
en Centre-Europe3,
depuis une série de positions préparées, compensant en partie
l’infériorité numérique de l’OTAN. Ceci aboutit au document de
doctrine Field Manual 100-5, édition 1976, basé sur cette
notion de défense active, qui va structurer l’armée américaine
et l’OTAN jusqu’au début des années 80.
L’expansion stratégique de l’URSS
Le pacte de Varsovie
Cette alliance,
principalement militaire, mais aussi économique et politique, a été
créée en réaction à la remilitarisation de l'Allemagne de l'Ouest
par l'OTAN, avec la création de la Bundeswehr en 1955. Bien que
l'acte du traité (conclu le 14 mai de la même année à Varsovie)
stipule qu'un état peut y adhérer indépendamment de son régime
social et politique, le but affiché officiellement par ce dernier,
selon les Soviétiques, est en réalité "de défendre les
conquêtes du socialisme, de garantir la paix et la sécurité en
Europe"4.
Bien qu'imprécise, cette phrase indique clairement à qui il
s'adresse.
Sous-marin d'attaque soviétique à propulsion nucléaire Victor III (mis en service en 1978) source : http://www.fas.org/man/dod-101/sys/ship/row/rus/671.htm |
A son apogée au début
des années 80, le pacte a regroupé, dans ses forces
conventionnelles, plus de 4 millions de soldats , environ 60 000
tanks et 70 000 blindés divers, 6000 avions de combat et une marine
forte de plus de 250 grands navires de surface et 250 sous-marins5
dont le niveau technologique et la furtivité rattrapent celui des
occidentaux à la fin des années 70, avec les sous-marins d’attaque
de classe Victor III. Les meilleures unités terrestres sont
stationnées en posture offensive aux frontières de l’OTAN, en
particulier en Allemagne de l’Est, devenue une gigantesque base
militaire : un quart de la superficie totale du pays est occupée
par des installations militaires (soviétiques et allemandes)
interdites à la population, cette dernière étant étroitement
contrôlée par le ministère de la sécurité de l’état ou STASI.
L’avantage numérique
est clairement en faveur du Pacte. Sur le théâtre centre-europe,
par exemple, il aligne environ 20 000 tanks, contre 7000 pour
l’OTAN6.
De plus tous les matériels, organisations et procédures sont
standardisés sur l’ensemble des pays du Pacte, ce qui est loin
d’être le cas pour son adversaire. En ce qui concerne la parité
en missiles balistiques intercontinentaux, celle-ci est acquise
depuis le début des années 70. Le point faible reste la capacité
de la marine, par manque de bases à l’étranger (les Etats-Unis
tentant de s’opposer à leur installation par tous les moyens), à
contrer la menace que représentent les sous-marins nucléaires
américains lanceurs de missiles balistiques et bientôt de missiles
de croisière, et à protéger les leurs. L’idée est alors de
doter la flotte d’une couverture aérienne et anti-sous-marine
capable de la protéger loin de ses bases, d’où le lancement, à
partir de 1975, des porte-aéronefs de la classe Kiev7.
L’autre hantise des
militaires du pacte est la menace représentée par les grands
porte-avions américains. Dans les années 50-60, un croiseur
soviétique devait suivre chaque porte-avion et bombarder son pont
d’envol, pour le rendre inutilisable, au premier signe d’intention
hostile. Dans les années 70 et 80, le réseau de surveillance, basé
sur les satellites, les avions patrouilleurs et les écoutes
sous-marines, est théoriquement capable de localiser ces derniers et
de permettre au bombardiers stratégiques et aux sous-marins
d’attaque d’envoyer contre chaque porte-avion une salve d’une
centaine de missiles antinavires, munis d’ogives conventionnelles
ou non, de manière à saturer ses défenses.
Porte-aéronef Kiev en 1985 source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Kiev_1985_DN-SN-86-00684r.jpg |
Une conjoncture internationale favorable
L’interventionnisme
américain étant « refroidi » pour quelques années au
moins depuis le retrait du Viêt-Nam, l’URSS se sent pousser des
ailes. Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 semblent lui bénéficier
grandement, étant elle-même une grande productrice d’or noir. De
nombreux états du tiers-monde, suite à la décolonisation ou au
recul des Etats-Unis, sortent de l’influence occidentale (Angola,
Mozambique, Ethiopie, Zaïre, Somalie, Rhodésie en Afrique, ou
encore Nicaragua et Salvador en Amérique du sud, au portes mêmes
des Etats-Unis, ainsi que l’Afghanistan…), pour vite se faire
« happer » par le bloc communiste. La tendance
« internationaliste » prends le dessus au sein du parti
communiste d’URSS et il est décidé, étant donné la
« corrélation des forces » favorable, qu’il est temps
d’exporter le système socialiste dans le monde, en aidant
directement et massivement (donc militairement) les pays du
tiers-monde désireux de s’affranchir de la tutelle occidentale.
Cela permet également de commencer à constituer un réseau de bases
navales dans les pays « frères » afin d’accompagner
cette expansion8,
la supériorité maritime de l’U.S. Navy sur les mers du globe
étant jusque là sans partage.
Conseillers militaires soviétiques en Angola, 1983 source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:East_Bloc_military_advisors_in_Angola,_1980s.JPEG |
L’intervention en
Afghanistan est décidée, après beaucoup d’atermoiements, pour à
la fois venir au secours d’un mouvement communiste afghan imposé
de force à une société tribale et religieuse qui le rejette
viscéralement, mais aussi pour ne pas laisser cette rébellion
islamique naissante gagner les autres républiques musulmanes d’URSS.
L’Opération « Prague » (le nom n’est pas choisi au
hasard…) commence par une intervention aéroportée permettant la
prise de contrôle de l’aéroport de Kaboul et la prise d’assaut
du palais présidentiel assorti de l’exécution du président
Afghan, jugé trop conciliant avec les Américains, pour le remplacer
par quelqu’un de plus loyal. Puis la 40ème armée prend rapidement
possession des villes et des grandes routes du pays. Cette
intervention directe, massive, sans tentative de justification
particulière, surprend les occidentaux et va fédérer contre les
Soviétiques de nombreux pays, au rang desquels la riche Arabie
Saoudite, les Etats-Unis, le Pakistan mais aussi la Chine, qui ne
pouvait rêver mieux pour affaiblir son « frère ennemi ».
Cette guerre va s’avérer un gouffre financier et humain qui va
réveiller une opinion publique intérieure pourtant bien muselée et
hâter la fin de l’Empire.
L’Europe et la stratégie soviétique
Le fil directeur de la
stratégie soviétique concernant l’Europe est son « découplage »
des Etats-Unis, afin d’étendre son influence sur le contient
européen et ainsi d’isoler ces derniers. En effet, tant que les
USA sont solidaires de l’Europe de l’Ouest en cas de conflit avec
le pacte de Varsovie, la situation dégénèrera immanquablement en
conflit mondial. Mais si les Etats-Unis n’étaient plus aussi
disposés à risquer une escalade nucléaire, et donc leur existence
même, pour venir au secours de leurs amis européens, il serait
possible, moyennant une préparation de l’opinion publique
européenne, dont une partie n’est pas hostile à une convergence
des systèmes politiques, de « finlandiser »,
c'est-à-dire d’attirer dans l’orbite soviétique par
neutralisation de leur politique extérieure, plusieurs états
européens, au premier rang desquels l’Allemagne de l’Ouest9…
C’est cette stratégie
qui motive au départ l’adhésion du bloc soviétique au cycle des
conférences sur la sécurité et la coopération en Europe, dont la
première et la plus célèbre est celle d’Helsinki (1973-1975),
qui, à la grande satisfaction de l’URSS, ratifie les frontières
du bloc de l’Est et l’influence de cette dernière sur ses états
satellites, mais qui contient un chapitre anodin dont elle n’as pas
vu l’importance ni l’utilité… celui concernant les droits de
l’Homme10.
Ceci va devenir un véritable « ver dans le fruit » qui
va encourager et légitimer de nombreux dissidents à témoigner de
ce qu’est la vie de l’autre côté du rideau de fer, et donc
mettre à mal, malgré une répression féroce, le courant de
sympathie qui existe en Europe à cet époque pour le système
communiste, et donc au final être contre-productif par rapport à
cette stratégie.
SS-20 sur son lanceur mobile source : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:SS20_irbm.jpg |
A partir de 1975, les
soviétiques testent un nouveau missile à tête nucléaire et à
portée intermédiaire, le SS-20, qui leur permet d’atteindre avec
précision des cibles en Europe. Doté d’un lanceur mobile, il est
très difficile à localiser et à éliminer. Une première frappe de
ces « euromissiles » pourrait ainsi balayer toutes les
bases de l’OTAN. L’équilibre stratégique est rompu : il
n’y a rien d’équivalent en Europe de l’Ouest. Cette nouvelle
arme leur permet de contourner les accords SALT de 1972 de limitation
des armements stratégiques (qui ne concernent que les missiles
balistiques intercontinentaux) et de mettre à l’épreuve la
solidité du lien entre les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest.
Justement, malgré une décision unanime de l’OTAN en 1979 de
mettre en place des missiles équivalents d’ici à fin 1983, les
Pershing II et les missiles de croisière, le chancelier Helmut
Schmidt prend discrètement des contacts en 1981 avec son homologue
Est-allemand pour entamer des négociations11.
Il est vrai que son pays est le plus concerné par la mise en place
de ces missiles. L’URSS accepte de retirer ses SS-20 si l’OTAN
retire une bonne partie de l’armement nucléaire stationné en
Europe, incluant l’arsenal français. Des manifestations pacifistes
gigantesques ont lieu en 1982-1983 pour s’opposer à la mise en
place des Pershing II, principalement en RFA, soutenues en sous-main
par Moscou, usant de son influence secrète sur certains partis
politiques européens12.
Finalement le sursaut viendra du président socialiste français
François Mitterrand, qui, bien plus atlantiste que son prédécesseur,
déclarera en octobre 1983 au cours d’un célèbre discours à
Bruxelles, «(… ) je constate que les pacifistes sont à
l'Ouest et les euromissiles à l'Est. ». Le nouveau chancelier
allemand Helmut Kohl, au pouvoir depuis octobre 1982, sur la même
ligne que son homologue Français, permet à l’OTAN de rester ferme
face à la tentative soviétique, et de soutenir l’ « option
zéro » proposée par le président Américain depuis 1981
: retrait des SS-20 et retrait ou non-installation de leur
équivalents à l’Ouest. Ce qui s’avèrera payant, puisqu’en
décembre 1987, un accord en ce sens est signé avec Moscou.
Face aux Etats-Unis
A la différence de son
adversaire, la stratégie soviétique rejette la M.A.D. Pour eux, la
dissuasion nucléaire n’est crédible que si on est réellement
capable de gagner une guerre nucléaire13.
Les sous-marins nucléaires ne sont pas vus comme le moyen ultime de
la dissuasion, mais comme un des moyens stratégiques nucléaires
(avec les vecteurs lancés depuis la terre et depuis les bombardiers)
devant effectuer une première frappe ciblant les moyens nucléaires
stratégiques, les centres de commandement et l’infrastructure
politique et administrative de l’ennemi, avant que celui-ci n’ait
pu utiliser ses propres armes nucléaires. Il n’y a pas de seconde
chance : il est impératif que cette attaque soit lancée dès
les premiers signes de préparatifs d’une agression nucléaire de
la part des Etats-Unis14.
Les marches de l’empire, des alliés moins fiables qu’il n’y paraît
Le pacte de Varsovie ne
doit pas être vu comme un bloc monolithique. Il est très risqué de
mener ensemble au combat des soldats est-allemands de la Nationale
Volksarmee et des soldats Polonais, vu le passé encore frais de la
seconde guerre mondiale. Il en est de même entre Roumains et
Hongrois. Bien que très intégrés militairement (sous commandement
soviétique), de fortes dissensions politiques et de la défiance
envers l’autorité soviétique se font régulièrement jour en
Europe centrale. De la même manière que les Etats-Unis n’hésitent
pas à soutenir des prises de pouvoir ou des répressions menées par
des régimes dictatoriaux (Chili, Nicaragua) afin de contrer
l’influence de l’adversaire à leur portes, des soulèvements
populaires contre la mainmise soviétique (RDA 1953, Hongrie 1956,
Tchécoslovaquie 1968, Pologne 1970) sont réprimés de manière
brutale, voire sanglante dans le cas de la Hongrie, où l’opération
est menée par un certain Youri Andropov, ce qui lui vaudra une
brillante carrière… Nous le rencontrerons à nouveau un peu plus
loin.
Prague, 1968 source : http://histoiregeolyceerombas.over-blog.com/article-22136054.html |
Lors de la crise polonaise de
1980-1982, la CIA apporte une aide massive aux opposants, en matériel
de reprographie, ordinateurs, finances et émetteurs radio15.
L’Armée rouge est à nouveau à 2 doigts d’intervenir :
- en septembre 1981 : le plus grand exercice militaire jamais organisé par le pacte de Varsovie a lieu du 4 au 12 septembre tout près de la frontière polonaise, en Ukraine, ce qui permet d’envoyer aux dirigeants polonais un message fort quant à leurs intentions. Peu de temps après, le général Jaruzelski, ministre de la défense polonais, deviendra chef de l’état et proclamera la loi martiale16.
- En janvier 1982 : la mission militaire française de liaison auprès du haut commandement soviétique en Allemagne, qui selon le traité de Postdam, est habilitée à circuler relativement librement (mais parfois au péril de la vie de ses agents) sur le territoire de la RDA, détecte des préparatifs inquiétants : plusieurs divisons soviétiques stationnées dans ce pays sont sur le pied de guerre près de la frontière polonaise, avec d’étranges grandes marques d’identification blanches peintes à la hâte sur le dessus des véhicules, qui sont non sans rappeler celles utilisées lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie17…
1
Hybride : mêlant guérilla et combat conventionnel
2
Deciding what to be done : General W E DePuy and the 1976
edition of the FM 100-5, Leavenworth
Papers n° 16, Fort Lavenworth, July
1988, p. 30.
3
Ibidem, p. 9
4
Dictionnaire encyclopédique militaire, Moscou, 1984, p. 111
5
Military balance 1980-1981, Londres, 1980, pp. 14-28
6
Ibidem, pp. 112
7
P.A. Huchtausen, A. Sheldon-Duplaix, Guerre froide et espionnage
naval, Nouveau-monde éditions, Paris, 2009, p. 322
8
Georges-Henri Soutou, La guerre froide 1943-1990, Pluriel,
Paris, 2010, pp. 805-806.
9
Ibidem, pp. 857-859
10
Ibidem, pp.795-796
11
Ibidem, p. 915
12
Ibidem, p. 917
13
Ibidem, p. 812
14
P.A. Huchtausen, A. Sheldon-Duplaix, Guerre froide et espionnage
naval, Nouveau-monde éditions, Paris, 2009, pp. 319-320.
15
Georges-Henri Soutou, La guerre froide 1943-1990, Pluriel,
Paris, 2010, p. 907
16
Yacha
MacLasha, Guerres
& Histoire n°
12,
avril 2013
Bel exercice que cette étude globale de la fin de la guerre froide.
RépondreSupprimerPour le « découplage » provoqué par les SS-20, il semble que ce n'est pas une stratégie soviétique délibérée mais un accident dans le système de conception militaro-industriel soviétique (cf. James Cant, « The SS-20 Missile - Why Were You Pointing at Me? », dans Russia: War Peace and Diplomacy: Essays in Honour of John Erickson, 2004).