samedi 1 février 2014

La Guerre d'indépendance turque (1918-1922): la revanche d'un vaincu

La fin du premier conflit mondial en novembre 1918 ne met pas fin à l'état de guerre dans les anciens belligérants. La guerre civile russe bat son plein, la Hongrie de Bela Kun affronte la Roumanie, l'Allemagne est la proie des insurrections, la Finlande, les pays baltes et la Pologne combattent pour leur indépendance tout comme les nationalistes irlandais de l'IRA.

Parmi ces conflits de l'immédiat après-Première Guerre mondiale, il en est un qui revêt une importance particulière bien qu'il soit largement méconnu: la guerre d'indépendance turque de 1919 à 1922. Ce conflit, où les troupes nationalistes turques dirigées par Mustafa Kemal affrontent différents adversaires, s'inscrit dans le mouvement des luttes de libération nationale qui touchent les territoires des Empires multi-ethniques qui se sont effondrés en 1918. Pourtant la guerre d'indépendance turque possède une originalité forte qui la distingue des autres conflits « nationalitaires ». Les nationalistes turcs se veulent en effet les héritiers de l'Empire ottoman vaincu, même s'ils le conçoivent centré uniquement sur la nation turque et veulent profondément le moderniser. Leur combat est donc essentiellement mené contre ce qu'ils considèrent comme le diktat imposé par les Alliés au peuple turc et qu'incarne le traité de paix de Sèvres.

La nation vaincue en 1918 reprend les armes contre ses vainqueurs et, contrairement à l'Allemagne, elle va parvenir à imposer ses vues et à faire reculer les Alliés.

David FRANCOIS



Le démembrement de l'Empire ottoman.
Le 30 octobre 1918, l'armistice de Mudros met fin à la guerre entre les puissances de l'Entente et l'Empire ottoman. Le texte signé garantie aux Alliés le droit d'occuper les forts qui contrôlent les détroits des Dardanelles et du Bosphore ainsi que celui d'occuper n'importe quelle partie du territoire ottoman en cas de désordre menaçant leur sécurité. Les Alliés font également savoir qu'ils n'entendent pas remettre en cause l'intégrité du pays ou occuper Istanbul. Mais le 13 novembre une brigade française entre dans la capitale ottomane tandis que des navires français, britanniques, italiens et grecs débarquent des troupes dans les environs. Le lendemain des troupes française et grecques occupent également la Thrace orientale. Au total 3 500 soldats français, britanniques et italiens débarquent à Istanbul.

Dans le sud de l'Anatolie, le 1er décembre les troupes britanniques de Syrie prennent Kilis. Les Français quant à eux pénètrent en Cilicie. Avec l'aide de la légion arménienne, le colonel Raymond arrive à Adana le 25 novembre 1918 tandis que les troupes ottomanes se retirent au nord du Taurus. Les Français en profitent pour prendre rapidement le contrôle d'Antakya, Mersin, Taurus, Osmaniye et Islahiye.

Peu à peu les Alliés s'installent donc dans le pays. Les Britanniques prennent également pied sur les bords de la mer Noire pour entrer en contact avec la République démocratique arménienne. Le 1er décembre, les troupes britanniques occupent ainsi Kars qui sera prise par les Arméniens en mai 1919. Les Français occupent sur la mer Noire les ports de Zonguldak et Eregli et les zones minières qui les entourent et qui ne seront évacuées qu'à partir de juin 1920.

Grecs et Italiens, quant a eux, se déchirent sur le destin de l'Anatolie occidentale. En décembre 1918, le premier ministre grec, Eleuftherios Venizelos dit vouloir, selon les promesses faites par les Alliés durant la Grande Guerre pour que son pays entre dans le conflit, la Thrace et l'Asie Mineure. Il veut bien laisser Istanbul aux Britanniques et propose de donner la province de Trébizonde à l'Arménie. Mais le 28 mars 1919 pour devancer les Grecs, les Italiens, à qui les Alliés ont promis durant la guerre un contrôle du sud de l'Anatolie, débarquent à Antalya et avancent jusqu'à Bodrum au sud-ouest et Konya au centre. Le 30 avril, l'Italie envoie même un navire de guerre devant Smyrne pour intimider son allié grec. Mais les Britanniques, qui soutiennent les revendications grecques, parviennent à faire accepter par les Français et les Américains l'idée d'un débarquement de troupes grecques en Anatolie.

Le découpage de la Turquie selon le traité de Sèvres (source: Wikipedia.org)


Le 15 mai, 20 000 soldats de la 1ere division de l'armée grecque débarquent donc à Smyrne. Sils sont accueillis en libérateur par la population grecque et arménienne, cette présence étrangère avive le sentiment national turc et des troubles éclatent. Ainsi un nationaliste turc, Hasan Thasin tire sur les soldats débarquant dans le port avant d'être lui-même abattu. Pour les Turcs ce geste marque le début de la guerre d'indépendance. Les soldats grecs se répandent alors dans la ville tuant et blessant des soldats turcs désarmés ainsi que des civils. Les émeutes sont réprimées par les troupes grecques qui instaurent la loi martiale. Le 28 mai les Grecs débarquent également à Ayvalik au nord de Smyrne où ils sont pris à partie par une unité ottomane régulière. Ils occupent ensuite rapidement la péninsule de Karaburun et prennent le contrôle de la fertile vallée de Menderes. En quelques semaines c'est l'ensemble de l'arrière-pays de Smyrne qui est entre les mains de l'armée grecque.

L'armée grecque entrent à Smyrne (source: Wikipedia.org)


Face à la décomposition de l'État ottoman, des troubles violents agitent la région du Pont en mars 1919 où les populations grecques veulent créer leur propre État. La situation s'aggrave dans cette région avec le débarquement de 200 soldats britanniques à Samsun pour empêcher la création de conseils de soldats, sur le modèle soviétique, dans l'armée turque. Le ministre de l'Intérieur du Sultan propose alors d'envoyer Mustafa Kemal mettre de l'ordre dans la région et le nomme donc commandant de la 9e armée stationnée à Erzurum. Il pense que le héros de Gallipoli est le mieux à même d'accomplir cette tâche. Le 30 avril, Mustafa Kemal est donc nommé inspecteur de la 9e armée avec pour mission officieuse de réorganiser ce qu'il reste des unités militaires ottomanes en Anatolie. Il devient ainsi le dirigeant des forces ottomanes dans cette région avec la tache d'arrêter la désintégration de l'armée. A ce titre il sélectionne un état-major dont les membres viennent clandestinement d'Istanbul et organise la contrebande d'armes entre Istanbul et l'Anatolie.


Le sursaut nationaliste s'amorce.
Pour accomplir sa mission, Kemal peut compter au début de 1919 sur les chefs militaires qui luttent pour éviter la désagrégation des restes de l'armée. En Anatolie la 7e armée est vite dispersée et il ne reste plus que l'inconsistante 2e armée. Dans le Caucase, la 9e armée retarde jusqu'au 25 janvier 1919 son retrait derrière la frontière turco-russe de 1914 et sauve ainsi le gros de son armement. A l'est Kazim Karabekir retire le 1er corps caucasien du nord-ouest de la Perse et en traversant Batum récupère des canons japonais et des munitions qu'il envoie à Trébizonde. Le noyau de la future armée nationaliste se met progressivement en place.

Mustafa Kemal et ses officiers (source: Wikipedia.org)


Dans les régions menacées par les troupes alliées des organisations qui veulent à la fois défendre les droits des musulmans mais aussi organiser la résistance armée se mettent en place. Ces organisations de défense doivent empêcher la réalisation des desseins alliés par la résistance passive ou active. Des officiels ottomans participent et organisent ce mouvement tandis que des militaires collaborent avec des bandes d'irréguliers pour organiser la guérilla. Les munitions saisies par les Alliés sont ainsi secrètement transportées d'Istanbul en Anatolie centrale.

En mai 1919 le mouvement national turc peut compter sur deux corps d'armée, le 20e commandé par Ali Fouad à Ankara et le 15e à Erzurum sous la direction de Kazim Karabekir mais également sur les unités irrégulières dirigées par le lieutenant-colonel Ali Cetinkaya et par des Circassiens comme Rest, Tevfik et Cerkes Ethem. A la demande de Mustafa Kemal, l'amiral Rauf Bey coordonne l'action de ces différents groupes tandis que la petite ville d'Ankara devient le centre de l'organisation de la résistance nationaliste.

Mustafa Kemal débarque le 19 mai à Samsun puis se rend à Havza. Son statut de héros de la bataille de Gallipoli lui donne le prestige nécessaire pour établir des contacts avec des militaires et des nationalistes, notamment avec Rauf Bey et Ali Fouad, et ainsi structurer le mouvement de résistance. Le 2 juillet, Kemal reçoit pourtant un télégramme du Sultan lui demandant de cesser ces activités nationalistes en Anatolie et de retourner à Istanbul. Il refuse d'obtempérer. Des officiers nationalistes proches de lui organisent un congrès à Sivas en juin 1919 qui se donne pour but de rassembler les forces nécessaires pour combattre les occupants alliés. Le Sultan ordonne alors l'arrestation de Kemal. Les nationalistes répondent en septembre en mettant sur pied un comité représentatif, embryon d'un véritable gouvernement.

En janvier 1920 la Chambre des députés ottomanes se réunit. En son sein se forme vite un groupe nationaliste qui cherche à faire élire Mustafa Kemal président de la Chambre. Pour mettre fin à cette situation les Britanniques décident de placer la Turquie sous leur contrôle. L'Anatolie doit selon eux être occidentalisée par des gouvernements chrétiens. Le traité de paix de Sèvres traduit cette orientation en plaçant une partie de l'Anatolie sous l'autorité de la Grèce, de la République d'Arménie ou des Arméniens de Cilicie. Le 15 mars les soldats britanniques occupent les principaux bâtiments de la capitale ottomane et arrêtent les responsables nationalistes qui sont déportés à Malte. Le 11 avril, le dernier parlement ottoman est dissous sur ordre du Sultan. Le système politique ottoman s'effondre donc en quelques jours et le Sultan apparaît désormais comme une marionnette aux mains des Alliés. De nombreux intellectuels, dignitaires et chefs militaires se mettent alors au service de Kemal qui déclare que le seul gouvernement légal turc est désormais le comité représentatif d'Ankara. C'est dans cette ville que se réunit, en mars 1920, le Grand Parlement National qui se choisit comme président Mustafa Kemal et investit en avril un gouvernement provisoire turc pour mener la résistance contre les Alliés. Pour l'heure Kemal affirme toujours se battre pour le Sultan et afin de le libérer de la tutelle des Alliés.

La première tache de Mustafa Kemal est de former une armée. Pour cela il se tourne vers les bolcheviks russes, trop contents de trouver un partenaire pour lutter contre l'impérialisme occidental. Kemal rencontre une délégation dirigée par le général Semyon Boudienny. Les Soviétiques demandent seulement le contrôle des territoires caucasiens sous souveraineté russe en 1914. Mais Kemal répond qu'il ne peut prendre d'engagement tant que l'indépendance de la Turquie n'est pas assurée. Pourtant le soutien soviétique est pour lui d'une grande importance puisque les armes fournies permettent d'organiser une véritable armée.

Le Sultan, pour ôter toute légitimité au mouvement nationaliste, lance une fatwa contre Kemal, suscitant ainsi des soulèvements, armés par les Britanniques, en Anatolie contre les nationalistes. Les autorités kemalistes les répriment violemment instituant des tribunaux d'exception qui condamnent à la pendaison les rebelles capturés. Ils doivent également rapidement affronter l'armée du Sultan qui compte prés de 4 000 soldats et qui vient en aide aux rebelles anti-kémalistes. Mais rapidement ces derniers sont écrasés par les troupes circassiennes d'Ethem. Les forces nationalistes sont éparpillé dans toutes l'Anatolie et les Britanniques envoient de petites unités pour leur faire face et les empêcher de se regrouper. Le 13 avril 1920 les premiers combats s'engagent à Düzce puis s'étendent à Bolu et Gerede. Pendant un mois le nord-ouest de l'Anatolie est ainsi le théâtre d'affrontements jusqu'à la bataille prés d'Izmit le 14 juin. L'armée du Sultan et les unités britanniques sont supérieures en nombre mais les soldats du Sultan désertent en masse. Quelques jours plus tard les troupes nationalistes, victorieuses, approchent d'Istanbul. Les Britanniques sont prêts à battre en retraite et à faire sauter les dépôts de munitions et d'armes. Mais les navires et les avions anglais ouvrent le feu contre les troupes de Kemal les forçant à se retirer.

Si le danger kémaliste est écarté, la panique s'est emparée de la capitale ottomane après la défaite des soldats du Sultan. Le général britannique George Milne demande donc des renforts et estime qu'il lui faut 27 divisions pour défaire les nationalistes. Mais les Britanniques ne disposent pas de ces divisions et surtout l'opinion publique ne peut accepter une intervention militaire de cette ampleur alors que la Grande Guerre vient à peine de prendre fin. Pourtant les Alliés ont des atouts: près de 38 000 soldats britanniques et indiens, 59 000 soldats français dont des troupes coloniales, 18 000 soldats italiens, entre 30 000 et 50 000 soldats géorgiens constitués en unités irrégulières, 20 000 soldats arméniens. Le contingent grec est le plus nombreux et passe de 80 000 hommes en 1919 à prés de 400 000 en 1922. Si les Américains n'envoient pas de troupes, l'amiral Mark Bristol sert de conseiller militaire. Mais ces forces sont dispersés et agissent indépendamment les unes des autres. Surtout chaque nation se fixe des objectifs propres qui entrent en concurrence avec ceux de leurs partenaires.

Conscient que le Sultan est incapable de venir à bout des nationalistes, les Britanniques dispersent son armée et se tournent vers une troupe bien entraînée, capable d'affronter les Turcs: l'armée grecque. Le 22 juin 1920 avec l'accord des Anglais, les Grecs passent à l'offensive en Anatolie en direction du nord et de l'est. Ils cherchent ainsi à asseoir leur domination sur l'Asie Mineure et contrôlent rapidement l'ouest et une partie du nord-ouest de l'Anatolie. En un mois ils occupent la coté égéenne au nord de Smyrne et le rivage sud de la mer de Marmara. Bursa tombe le 8 juillet, et ils atteignent Usak au bord du plateau anatolien. Ils envahissent également la Thrace orientale et prennent Edirne le 25 juillet.

Mustafa Kemal et les nationalistes sont alors dans une situation critique. Ils sont menacés par les Grecs à l'ouest mais également par les Français au sud et les Arméniens au nord-est. La division qui règne parmi les Alliés va leur permettre de renverser la situation.


La guerre contre les Français en Cilicie.
En vertu des accords Sykes-Picot de 1916, les Français prennent le contrôle du Liban et de la Syrie mais ils veulent également étendre leur influence jusqu'aux montagnes du Taurus en Cilicie. Ils débarquent à Mersin le 17 novembre 1918, 15 000 volontaires arméniens et 150 officiers français qui s'empare de Tarse la 19. Avant la fin 1918 la France contrôle également les trois provinces d'Antep, Maras et Urfa. Pour cela, elle s'appuie sur des milices arméniennes tandis que les Turcs coopèrent avec les tribus arabes de la région. Kemal envoie également des officiers organiser la guérilla contre les Français.

La légion arménienne en Cilicie (source: Wikipedia.org)


A partir de novembre 1919 des troubles éclatent à Maras qui devient rapidement le théâtre d'une guérilla urbaine qui oblige Français et Arméniens à quitter la ville en février 1920. La rébellion s'étend rapidement à l'ensemble de la région. La ville d' Urfa est reprise aux Français en mai 1920. Le 28 mai la garnison française de Pozanti est capturé. A l'est, dans les monts du Taurus, les Turcs prennent d'assaut le fort d'Haçin le 16 octobre. Les Français sont obligés de battre en retraite.

Les forces françaises se retirent définitivement de Cilicie en janvier 1922 après la signature des accords de Paris conclus avec Mustafa Kemal mais dès la fin de 1920 les nationalistes savent qu'ils n'ont plus rien à craindre sur ce front.

Troupes turques en Cilicie (source: Wikipedia.org)



La lutte contre l'Arménie.
Les frontières entre la République d'Arménie et l'Empire ottoman ont été fixé par le traité de Brest-Litovsk en mars puis par le traité de Batum en juin 1918. Mais après la victoire alliée, les Arméniens demandent l'application du 14e point de la déclaration du président Wilson. Les Américains sont alors favorables à l'idée d'accorder à l'Arménie la souveraineté des territoires où les populations arméniennes dominent. Dans le sud de l'Anatolie, les Français se montrent également favorables à laisser la Cilicie sous domination arménienne.
Mais la région du Caucase suscite aussi les ambitions de la jeune Russie soviétique. Le 26 avril 1920 la 11e armée rouge traverse l’Azerbaïdjan et s'empare de Bakou. L'Arménie est alors directement sous la menace des Soviétiques. Pourtant le pays se tourne vers l'ouest pour affronter les Turcs.

Ce sont les Arméniens qui en effet ouvrent les hostilités en mai 1920 en attaquant la région minière d'Oltu. Le gouvernement de Kemal prépare la contre-offensive en nommant le 9 juin Kazim Karabekir commandant du front oriental. Des escarmouches ont lieux tous l'été entre Arméniens et Turcs mais le 13 septembre, 5 bataillons turcs du 15e corps d'armée pénètrent en Arménie et s'emparent de Peniak obligeant les Arméniens à battre en retraite vers l'est. Kemal, s’apercevant que les Alliés ne réagissent pas à cette attaque, ordonne à Karabekir de poursuivre son avance et de prendre Kars. Le 28 septembre 4 divisions du 15e corps marchent sur Sarikamis provoquant la panique dans les rangs arméniens. Mais les unités arméniennes parviennent à les empêcher de s'emparer de Kars. Malgré les appels à l'aide du gouvernement arménien, les Alliés n'interviennent pas tandis que la Géorgie se déclare neutre. Le 24 octobre Karabekir lance 12 000 hommes et 40 canons contre Kars que les Arméniens abandonnent finalement le 30. Une semaine plus tard les troupes turques prennent Alexandropole (l'actuelle Gümrü). Le 6 novembre elles atteignent la frontière orientale de la province de Kars et continuent d'avancer en territoire arménien s'emparant de la vallée d'Igdir et du mont Ararat. Le 12 novembre c'est le village stratégique d'Agin qui tombe aux mains de Karabekir et lui ouvre les portes de la route pour Erevan.

Les Arméniens acceptent finalement de signer un armistice le 18 novembre avant d'accepter le 2 décembre le traité d'Alexandropole qui annule toutes les dispositions du traité de Sèvres en leur faveur. Mais il est déjà trop tard pour ce pays puisque le 28 novembre la 11e armée rouge entre en Arménie et l'occupe totalement pour la transformer en une république soviétique. Le 16 mars 1921, Turcs et Soviétiques signent le traité de Kars qui établis les frontières entre les deux parties. Le 12 février 1921, l'URSS attaque la Géorgie. Les Turcs en profitent pour occuper les districts d'Ardahan et Artvin.

La victoire contre les Arméniens sécurise les flancs nord et est de Kemal mais surtout elle permet de libérer des troupes pour combattre les Grecs sur le front ouest.


L'offensive grecque.
Venizelos, avec le soutien des Britanniques et des Français, est résolu a faire appliquer les clauses du traité de paix de Sèvres signé le 10 août 1920. Ce traité, qui met fin à l'état de guerre entre les Alliés et l'Empire ottoman, octroie la région de Smyrne et la Thrace orientale aux Grecs. Pour les nationalistes turcs, cette disposition est inacceptable et même le Sultan refuse de le ratifier. C'est afin de convaincre les Turcs d'accepter le traité de Sèvres que les Britanniques donnent le feu vert aux Grecs en Anatolie.

Venizelos lance son armée dans trois directions simultanément vers Aydın, Afyonkarahisar et la mer de Marmara. Les Grecs sont convaincu de leur supériorité d'autant qu'il ne rencontre qu'une faible résistance, les Turcs préférant battre en retraite plutôt que de risquer la destruction dans une bataille ouverte. Les quelques troupes nationalistes turques d'Ali Fouad et les unités irrégulières circassiennes d'Ethem ne peuvent donc les arrêter. Les partisans du Sultan profitent alors de la situation pour prendre Konya tandis que les Français reprennent leur progression en Cilicie. Face aux Grecs les Turcs n'ont que des forces irrégulières qui collaborent mal avec Kemal. A la suite du désastre de Gediz le 24 octobre 1920, Kemal met définitivement ces milices au pas et les place sous son autorité.


Les fronts de la guerre d'indépendance (source: Wikipedia.org)


En octobre 1920, le roi de Grèce Alexandre meurt d'un empoisonnement du sang. Les élections qui suivent ce décès sont une défaite pour Vénizelos qui quitte le pouvoir tandis que le roi Constantin 1er retrouve son trône perdu en 1917. Les Français et les Italiens profitent de ce changement à la tête du pays pour retirer leurs soutiens à la Grèce qui ne peut plus désormais compter que sur l'appui britannique. Le nouveau roi veut néanmoins un succès en Anatolie. Avant cela, il prend soin d'épurer l'armée de tous les officiers partisans de Vénizelos pour les remplacer par des monarchistes. Mais ces derniers sont pour la plupart sans expérience du combat contrairement aux venizelistes vétérans de la Grande Guerre.

L'armée grecque repart à l'attaque au début de 1921 pour couper les lignes de communications entre Ankara et le reste du pays. Le 9 janvier 1921 les Turcs, commandés par le colonel Ismet, en positions prés de la gare d'Inönü, sont attaqués et reculent. Kemal envoient alors des renforts tandis que les Grecs font demi-tour s'estimant en infériorité pour affronter leurs ennemis. Ce que les Turcs appellent désormais la victoire d'Inönü n'est en réalité qu'une escarmouche ne faisant qu'une centaine de morts mais qui galvanise la résistance nationaliste.

Mustafa Kemal sur le front (source: Wikipedia.org)


Pour régler le problème turc, les Alliés organisent alors une conférence internationale à Londres. S'ils invitent une délégation du Sultan, ils font de même avec les nationalistes qui sont donc reconnu de facto comme un gouvernement légitime. Les Turcs réclament le retour aux frontières de 1914 avec la Grèce, l'évacuation de la région de Smyrne et acceptent le contrôle allié sur le Bosphore. Les Grecs, qui sont persuadés d'avoir l'avantage stratégique sur le terrain, rejettent ces demandes faisant échouer finalement la conférence. Mais les Turcs ne repartent pas de Londres les mains vides puisqu'ils en profitent pour signer un accord avec la France le 9 mars qui prévoit l'évacuation du sud de la Turquie à l'exception du district d'Alexandrette. Le 12 mars, les Italiens acceptent également de retirer leurs troupes entre avril et juillet. La parole reste donc aux armes face aux Grecs mais Kemal a définitivement sécurisé son flanc sud et surtout, après celui des Soviétiques, il peut désormais compter sur le soutien de la France et de l'Italie.

Les Grecs repartent à l'offensive en mars en direction d'Eskisehir et Afyonkarahisar. Le général Papoulas, commandant en chef de l'armée grecque, attaque à nouveau les positions d'Ismet à Inönü le 26 mars avec les 37 000 hommes du 3e corps grec contre les 35 000 soldats turcs. Mieux armés, les Grecs prennent Metristepe le 27 tandis que les contre-offensives turques échouent. Le 31 mars Ismet contre-attaque à nouveau obligeant les Grecs à battre en retraite.
Kemal envoie alors des unités dans le sud où les Grecs ont pris la ville d'Afyonkarahisar. La ville est reprise le 7 avril. Mais le mouvement de débordement du général Refet échoue finalement et les Grecs rétablissent leur ligne autour de Doumloupinar. Ils sont néanmoins stoppés et Kemal en profite pour réorganiser l'armée et donner l'ensemble du commandement à Ismet.


La bataille de la Sakarya.
La Grèce fait alors un ultime effort et rappelle de nouvelles recrues pour porter les effectifs de son armée à 200 000 hommes en Anatolie. Le 12 juin Constantin arrive à Smyrne et une offensive est lancée le 10 juillet. 126 000 Grecs attaquent les 122 000 turcs qui leur font face. Mais les premiers ont un net avantage matériel avec 410 canons contre 160, 4 000 mitrailleuses contre 700 et 20 avions contre 4. L'attaque la plus importante se déroule au sud contre Kütahya pour couper la voie ferrée qui relie cette ville à Afyonkarahisar afin ensuite de poursuivre vers le nord pour s'emparer du QG turc à Eskisehir.

La bataille se déroule donc sur un large front entre Afyonkarahisar et Kutahya. Ismet dont le gros des troupes stationnent toujours au nord vers Inönü se retrouve vite en difficulté. Après une percée, les Grecs s'emparent le 17 juillet de Kütahya et avancent sur Eskisehir. Les Turcs contre-attaquent le 21 juillet mais c'est un échec. Pour éviter l'encerclement Kemal ordonne donc dès le 18 juillet la retraite de ses troupes derrière le fleuve Sakarya.

Au sud, dans un méandre de la Sakarya, se trouve des unités de cavalerie chargées de protéger Eskisehir. Elles sont envoyées dans la steppe au sud-est de Bursa et parviennent à couvrir la retraite du flanc gauche de l'armée turque qui abandonne Afyonkarahisar aux Grecs le 23 juillet. Le gros des forces du secteur nord échappe ainsi à l'encerclement. Les Grecs l'emportent donc tandis que les Turcs perdent 40 000 hommes dont 30 000 déserteurs. Ankara se trouve alors directement menacée.

Face au danger, Kemal se voit donner pour trois mois des pouvoirs dictatoriaux. Il mène alors une brutale politique de réquisitions pour fournir aux troupes des vêtements, des vivres, des armes et des moyens de transports. Les femmes doivent acheminer ce matériel au front ou remplacer les hommes dans les champs. L'ensemble de la nation est alors mobilisée pour l'effort de guerre.

Le roi Constantin, fort de ses succès, veut désormais que ses troupes s'emparent d'Ankara pour briser définitivement les nationalistes. Mais ses hommes progressent sur un terrain difficile, entre montagnes et steppes désertiques, subissant la sécheresse de l'été sans un ravitaillement suffisant en eau tandis que l'armée de Kemal quant à elle attend l'ennemi sur le fleuve Sakarya.

La bataille de Sakarya vue par la propagande grecque (source: Wikipedia.org)


Le 20 les Grecs quittent Eskisehir pour se diriger sur Ankara. Papoulas tente alors de refaire la manœuvre d'encerclement réalisée à Kutahya. Pendant qu'un corps d'armée se déplace vers l'est le long de la voie ferré menant à Ankara, deux corps marchent au sud traversant la steppe d'Anatolie centrale pour attaquer le flanc gauche turc. Les kemalistes ont creusé des tranchées sur le plateau de Haymana au sud est d'Ankara. Ils dominent donc des hauteurs que les Grecs doivent prendre d'assaut.

Les positions turques suivent le cours de la rivière Sakarya du nord au sud jusqu'au confluent de l'Ilacaözü où elles obliquent à l'est et forment un angle droit. Papoulas veut faire une percée à la base de cet angle et pousser vers le nord-est en direction d'Haymana et d'Ankara. 100 000 soldats grecs passent à l'attaque face à 90 000 Turcs. Les combats sont très violents et certaines hauteurs changent de mains à plusieurs reprises. Les Grecs continuent à avancer. Kemal envisage alors de préparer une nouvelle ligne de défense dans les faubourgs d'Ankara et donne l'ordre de défendre chaque mètre de terrain.

Mais Papoulas craint d'aller plus avant et demande donc de cesser l'attaque le 12 septembre. Les combattants sont en effet épuisés par la férocité des combats. Les Grecs sont également en butte à des problèmes de ravitaillement en raison de l'éloignement de leur base de départ et les soldats commencent à manquer de nourriture et de munitions.

Les Grecs battent en retraite dans l'ordre et parviennent sans difficulté, à retourner sur leur position de départ. La bataille de Sakarya a au final duré 21 jours entraînant 3 700 tués et 18 000 blessés dans le camp turc et respectivement 4 000 et 19 000 chez les Grecs.


La déroute grecque.
Pendant que l'armée turque se reconstitue à la fin de l'année 1921 et au début de 1922 pour atteindre 200 000 hommes, le moral des troupes grecques s'effondre. Papoulas démissionne au profit du général Georges Hatzianestis, un incapable qui est tellement sûr de repousser les Turcs qu'il n'hésite pas à dégarnir son front pour envoyer trois régiments en Thrace où l'armée marche sur Istanbul. Mais les Français et les Britanniques renforcent la défense de la ville et obligent les Grecs à se retirer.

En Anatolie l'armée grecque a 225 000 soldats à opposer aux 208 000 combattants turcs. Si les Grecs sont mieux équipés, les Turcs ont l'avantage dans le domaine de l'artillerie lourde et surtout possèdent une cavalerie plus importante. Les Grecs tiennent alors un front de 640 km englobant le nord-ouest de l'Anatolie de Gemlik sur la mer de Marmara aux positions à l'est d'Eskisehir, Kütahya et Afyonkarahisar où le front tourne au sud-ouest le long de la vallée de Menderes jusqu'à la mer Égée. L'armée grecque est organisée en 3 corps d'armée, le 3e au nord, le 2e au centre et le 1er au sud.

Le plan d'attaque d'Ismet prévoit une poussée venant du sud contre les Grecs tenant le saillant d'Afyonkarahisar. L'objectif est d'isoler l'ennemi à l'intérieur et autour de ce saillant. Le secteur choisi est très montagneux mais les Turcs tiennent le sommet le plus élevé, le Kocatepe, qui s’élève à 2 000 m. Les Grecs sont retranchés dans des positions fortifiées. Pour attaquer ces positions les Turcs doivent descendre dans les vallées étroites et affaiblir l'ennemi par des tirs d'artillerie. Ils ne comptent porter qu'un seul coup tant l'opération apparaît risquée. La principale force turque est la 1ere armée de Nurettin Pacha renforcée par des éléments de la 2e armée au nord. Du sud-est vient le 5e corps de cavalerie de Farettin Pacha.

Le 26 août un tir de barrage se concentre sur le secteur sud d'Afyonkarahisar. Les canons grecs se taisent et l'infanterie turque avance sur les positions ennemies qui opposent une forte résistance. Les combats sont acharnés et les positions changent plusieurs fois de mains. Les Turcs progressent mais ne réussissent pas à percer. Le 27, le 4e corps de la 1ere armée commandé par le colonel Kemalettin Sami perce enfin les lignes ennemies et prend le pic d'Erkmentepe haut de 1 650 mètres. La cavalerie de Fahrettin trouve quant à elle un passage dans les montages et apparaît derrière les lignes grecques. Ayant perdu le bastion montagneux qui couvre son flanc droit, le général Trikoupis commandant la 1ere armée bat en retraite d'Afyonkarahisar pour rejoindre la plaine. Deux divisions du général Frangou se retirent alors vers l'ouest et perdent ainsi le contact avec le 1er corps. Les communications sont coupés avec l'arrière et de Smyrne, Hatzianestis ordonne une contre-offensive alors que seule une retraite en bon ordre peut sauver l'armée.

Les 1er et 2e corps grecs se trouvent alors autours de Doumloupinar une petite ville dans une vallée étroite qui contrôle la voie ferrée d'Afyonkarahisar à Izmir. La 1ere armée turque arrive par le sud et l'ouest, la 2e par le nord tandis que la cavalerie arrive par l'ouest pour encercler les Grecs. Mais ces derniers peuvent compter sur une division et sur le 3e corps grecs qui sont toujours intacts et qui, au nord, menacent le flanc droit turc. Malgré ce danger les Turcs décident néanmoins d'encercler Doumloupinar tandis que des forces plus faibles doivent harceler les Grecs au nord. Le 29, la ville est encerclée. Le 30 août, soumis aux tirs d'artillerie turcs et aux charges à la baïonnette, les Grecs sont défaits. Les 1er et 2e corps de Trikoupis et Dighenis essayent alors de s'échapper au nord-ouest par les pentes nord du Murat Dagi mais ils sont alors détruis en tant que forces combattantes tandis que les soldats qui échappent à la capture veulent fuir l'Anatolie. Le 2 septembre, les Turcs reprennent Eskisehir. Dans le nord, le 3e corps grec se prépare à battre en retraite jusqu'à la mer de Marmara.

Les Turcs décident de faire poursuivre par les 1ere et 2e armées les unités grecques en retraite afin de les empêcher de former une nouvelle ligne de défense avec des renforts venus de Thrace. Les 2 et 3 septembre les généraux Trikoupis et Dighenis tombent dans un piège en descendant les pentes du mont Murat: ils se rendent avec 5 000 hommes et 500 officiers. Le moral grec s'effondre alors. Le gros des forces grecques réussit malgré tout à atteindre la cote égéenne. Le 5 septembre une nouvelle division débarque à Smyrne pour aider à tenir la ville face aux Turcs mais les soldats se mutinent. Le 6 et le 7, l'armée de Kémal s'empare de Balikesir, Bilecik et Aydin. La situation est désespérée pour l'armée grecque qui abandonnent Nif, qui commande la dernière trouée de la barrière de montagne à l'est de Smyrne, pour se diriger vers la péninsule d'Urla au sud-ouest de la ville afin d'être évacuée d'Anatolie. Le 9 les Turcs prennent enfin Smyrne tandis que le 16 les derniers soldats grecs quittent la péninsule d'Urla.

L'armée turque entre dans Smyrne (source: Wikipedia.org)


La stratégie de Kemal d’arrêter et de détruire l'armée grecque dans le sanctuaire anatolien a parfaitement réussi. En évitant les opérations imprudentes il a réduit au minimum les pertes puisqu'en trois ans l'armée turque ne perd face aux Grecs que 13 000 officiers et soldats et 35 000 blessés.

Après l'entrée des troupes turques dans Smyrne des troubles éclatent dans la ville. Les soldats turcs commencent en effet à massacrer les chrétiens malgré les ordres contraires de Kemal. Le 13 septembre c'est un immense incendie qui ravage la ville et oblige les habitants à fuir sur le front de mer afin d’être évacué par des navires alliés. La présence millénaire des Grecs dans cette ville prend fin. Les Turcs la reconstruisent sous le nouveau nom d'Izmir.

Après Smyrne l'armée turque victorieuse s'emparent de Bursa et se dirigent vers Istanbul et la Thrace. Lloyd George refuse qu'elle traverse les détroits neutres. Mais si les Britanniques veulent arrêter les nationalistes par la force, les Français et les Italiens ne veulent à aucun prix d'une épreuve de force avec les Turcs ce qui est également le cas de l'opinion britannique qui rejette l'idée d'une nouvelle guerre. Les Grecs acceptent alors, à la demande des Britanniques, d'évacuer la Thrace derrière le fleuve Maritsa. Kemal profitant de la situation et d'un changement de gouvernement en Grèce, commence sa démonstration de force en envoyant 40 000 soldats vers Çanakkale, 50 000 en direction d'Izmit, 40 000 sur Istanbul et 20 000 en Thrace.

Le général britannique Harington commence à négocier avec Kemal. L'armistice, signée à Madanya, accorde aux Turcs le droit d'occuper la Thrace orientale. A Londres, la chute de Lloyd George amène à la tête du pays Bonar Law un conservateur qui souhaite régler à tout prix la question turque. Pour cela il convoque une conférence internationale à Lausanne.


La naissance de la Turquie moderne.
A la conférence de Lausanne il est décidé que les Détroits repassent sous contrôle turc en échange de la liberté de navigation. Concernant la question des minorités nationales et religieuses en Turquie il est prévu des échanges de populations: les populations grecques quittent définitivement l'Asie Mineure et la Thrace orientale, mouvement qui a déjà largement commencé avant 1923 tandis que les Turcs de Grèce quittent le royaume hellène. La question de la frontière avec la Grèce en Thrace est réglée tandis que les Turcs abandonnent Mossoul qui reste sous mandat britannique en Irak. Un traité de paix est signé le 24 juillet 1923, le seul où le point de vue des Alliés ne l'emporte pas totalement, contrairement aux autres traités de paix concluant la fin de la Grande Guerre. Le traité de Lausanne du 23 octobre 1923 reconnaît alors la République turque comme l'État successeur de l'Empire ottoman. Mustafa Kemal a désormais les mains libres pour transformer en profondeur la Turquie.

Dix jours après la signature du traité de paix, les troupes alliées se retirent définitivement d'Istanbul et de l'ensemble de la Turquie. La victoire turque dans cette guerre d'indépendance permet d'asseoir le prestige du pays sur la scène internationale et donne à Kemal l'autorité nécessaire pour commencer l'occidentalisation du pays. Fort de ces succès, il fait abolir le sultanat ottoman le 1er novembre 1922 et le dernier Sultan quitte Istanbul le 17 sur un navire britannique.

Le mouvement national turc est parvenu, à l'issue de plus de trois de combats, à faire reculer les Alliés et à rendre caduc le « diktat » de Sèvres. La catastrophe de 1918 est effacée et le sentiment national fortifié. Il n'existe plus en effet en 1922 un irrédentisme turc comme il en existe alors un en Allemagne et dont va se nourrir Hitler pour s'emparer du pouvoir et conduire son pays et l'Europe dans une nouvelle guerre. La Turquie, modernisée par Mustafa Kemal Ataturk, peut, par sa victoire dans le guerre d'indépendance, emprunter un chemin différent de celui des anciens vaincus de 1918, évitant la catastrophe du Second conflit mondial.

Bibliographie:
Andrew Mango, Mustafa Kemal Atatürk, Coda, 2006.
Hamit Bozarslan, Histoire de la Turquie : de l'Empire à nos jours, Tallandier, 2013.

Jacques Benoist-Méchin, Mustafa Kémal ou la mort d'un empire, Albin Michel, 1954.

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