En
novembre 1918, l'Italie sort de la guerre dans le camp des vainqueurs
mais c'est un pays en crise. Son système politique archaïque est
incapable d'intégrer les masses populaires qui ont pourtant payé le
plus lourd tribut lors des combats. Rapidement le pays doit faire
face à une agitation sociale sans précédent entrée dans
l'Histoire sous le nom de biennio rosso. Dans les rues les officiers
sont pourchassés, dans les campagnes les paysans occupent les terres
des grands propriétaires terriens, dans les villes les ouvriers
organisent de vastes grèves qui parfois donnent lieu à des
affrontements avec les forces de l'ordre. Au début de 1920 se
développe un mouvement d'occupation des usines qui sont
défendues par des milices ouvrières armées. L'État est
impuissant à rétablir l'ordre, la bourgeoisie a peur tandis que les
dirigeants socialistes et syndicalistes refusent de sortir de la
légalité.
C'est
dans ce climat de tension et de crise que se développe un phénomène
politique nouveau, le squadrisme. Formé en majorité par des anciens
combattants qui réinvestissent dans la vie civile les pratiques
violentes apprises à la guerre, ce mouvement va sortir Mussolini et
ses Faisceaux du ghetto politique où ils se trouvent à la fin 1919.
Le squadrisme n'est pas en effet une simple émanation du fascisme
mais plutôt l'aile militaire d'un mouvement dont l'aile politique
est formée par les Faisceaux de combats. Phénomène autonome, le
squadrisme est un exemple de la « brutalisation » de la
vie politique italienne après 1918 en utilisant des méthodes
militaires au service d'objectifs
politiques. Initiateur d'une guerre civile larvée, il
préfigure sur bien des points, les mouvements paramilitaires,
fourriers du totalitarisme, qui vont voir le jour en Europe à
l'instar des Sections
d'Assaut d'Hitler.
David FRANCOIS