jeudi 20 février 2014

Interview de Marc-Antoine Brillant : Israël contre le Hezbollah


Marc-Antoine Brillant est chef de bataillon, diplômé de l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr, et lauréat de l'Ecole de guerre. Il occupe actuellement une position d'analyste pour le retour d'expérience au Centre de doctrine d'emploi des forces de l'armée de Terre après avoir effectué une partie de sa carrière en régiment, durant laquelle il a été projeté en Afghanistan et au Liban par deux fois. Marc-Antoine brillant a récemment publié Israël contre le Hezbollah : Chronique d'une défaite annoncée 12 juillet – 14 août 2006 aux éditions du Rocher, coécrit avec le colonel Michel Goya auteur de plusieurs ouvrages d'histoire militaires remarqués, comme La chair et le feu, une étude sur l'armée française durant la Grande Guerre, parue chez Tallandier en 2004. Michel Goya est par ailleurs connu pour être l'animateur du blog la voie de l'épée auquel Marc-Antoine Brillant, que nous remercions de nous accorder cet interview, contribue également. 

Propos recueillis par Adrien Fontanellaz


samedi 15 février 2014

Perdre la Guerre Froide : la somme de toutes les erreurs (2/2)



Les Etats-Unis renouent avec une stratégie offensive


Le raidissement sous l’ère Carter
L’arrivée de l’administration Carter au pouvoir en 1977 s’accompagne d’un abandon progressif de la doctrine Nixon-Kissinger de coexistence (relativement) pacifique face à l’expansion stratégique de l’URSS. Le président américain signifie clairement au premier secrétaire soviétique Brejnev que profiter de la révolution Islamique en Iran pour prendre pied dans cette région représenterait un casus belli, de même qu’intervenir militairement en Pologne pour écraser le soulèvement des syndicats. Ce durcissement est en particulier dû à son conseiller à la défense Brezinski (d’origine polonaise et farouchement anti-communiste). Ce dernier pousse également à envoyer discrètement de l’aide au rebelles Afghans qui s’organisent face au pouvoir procommuniste d’alors, dès avant l’intervention soviétique dans ce pays1


Par Jérôme Percheron


lundi 10 février 2014

Perdre la Guerre Froide : la somme de toutes les erreurs (1/2)


A notre époque marquée par les interventions extérieures et la contre-insurrection, on a du mal à imaginer qu’il y à encore une trentaine d’années, on se préparait en Europe même, à un conflit de haute intensité, avec un risque élevé d’escalade nucléaire.

Affiche soviétique pour les 35 ans du Pacte de Varsovie
source : http://adream.e-monsite.com/album/la-propagande-pendant-la-guerre-froide/affiche-urss-a-la-gloire-du-pacte-de-varsovie.html



Le pacte de Varsovie, créé en 1955 et dissout en 1991, représente la plus gigantesque alliance militaire de tous les temps. Sa principale zone d’action était le centre-europe, en cas de conflit avec l’OTAN. Sa doctrine apparaissait comme résolument offensive, d’importantes forces étant massées, sur le pied de guerre, aux frontières de l’Europe de l’Ouest, notamment en RDA. Finalement, toute cette puissance s’est effondrée sans combat, avec un résultat géostratégique équivalent : les occidentaux étant maintenant (pacifiquement) aux portes de la Russie, lui contestant même les ex-marches intérieures de l’empire, comme l’Ukraine et la Biélorussie. Comment en est-on arrivé là ? Comme nous allons le voir, cela s’est principalement joué en une douzaine d’années, des lendemains de la guerre du Viêt-Nam à l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev.
Jérôme Percheron  


samedi 1 février 2014

La Guerre d'indépendance turque (1918-1922): la revanche d'un vaincu

La fin du premier conflit mondial en novembre 1918 ne met pas fin à l'état de guerre dans les anciens belligérants. La guerre civile russe bat son plein, la Hongrie de Bela Kun affronte la Roumanie, l'Allemagne est la proie des insurrections, la Finlande, les pays baltes et la Pologne combattent pour leur indépendance tout comme les nationalistes irlandais de l'IRA.

Parmi ces conflits de l'immédiat après-Première Guerre mondiale, il en est un qui revêt une importance particulière bien qu'il soit largement méconnu: la guerre d'indépendance turque de 1919 à 1922. Ce conflit, où les troupes nationalistes turques dirigées par Mustafa Kemal affrontent différents adversaires, s'inscrit dans le mouvement des luttes de libération nationale qui touchent les territoires des Empires multi-ethniques qui se sont effondrés en 1918. Pourtant la guerre d'indépendance turque possède une originalité forte qui la distingue des autres conflits « nationalitaires ». Les nationalistes turcs se veulent en effet les héritiers de l'Empire ottoman vaincu, même s'ils le conçoivent centré uniquement sur la nation turque et veulent profondément le moderniser. Leur combat est donc essentiellement mené contre ce qu'ils considèrent comme le diktat imposé par les Alliés au peuple turc et qu'incarne le traité de paix de Sèvres.

La nation vaincue en 1918 reprend les armes contre ses vainqueurs et, contrairement à l'Allemagne, elle va parvenir à imposer ses vues et à faire reculer les Alliés.

David FRANCOIS