mercredi 25 septembre 2013

Interview de Stéphane Mantoux : L'offensive du Têt


Agrégé d'histoire, Stéphane Mantoux est membre de la rédaction du blog l’autre côté de la colline et est aussi l’animateur d’Historicoblog3. Il collabore par ailleurs à plusieurs magazines, dont  2e Guerre Mondiale, et au site Alliance Géostratégique qui traite des questions de défense. Son premier ouvrage, L’offensive du Têt : 30 janvier-mai 1968, vient d’être publié aux éditions Tallandier.

Propos recueillis par David François et Adrien Fontanellaz 


vendredi 20 septembre 2013

Le grand tourment sous le ciel Première période : Les Seigneurs de Guerre (2/2)

La guerre Anh – Chi (1920)


Du nom du conflit qui opposa les Cliques de l’Anhwei et du Chihli et à la surprise générale au détriment du premier. En effet, son chef Tuan Chi Jui semblait sur le point de s’imposer sur la scène politique nationale en contrôlant déjà la majeure partie des provinces du Nord et du Centre. Il avait noué des alliances avec la Clique du Fengtien en Mandchourie et bénéficiait comme celui-ci du soutien des Japonais. Surtout, il s’appuyait sur « l’armée de défense des frontières », considérée comme étant la plus moderne de Chine. D’ailleurs, dans une démonstration de force, des unités de celle-ci furent envoyés mater la première tentative d’indépendance de la Mongolie Extérieure en novembre 1919. Cette action s’inscrivait officiellement dans le cadre de la participation chinoise à l’effort allié en Sibérie contre les bolcheviques russes. Mais cette opération fut perçue par Chang Tso Lin comme une provocation ; le chef de la Clique du Fengtien avait lui-même des vues sur la région. Rompant les accords passés, il engagea des tractations secrètes avec Tsao Kun, chef de la Clique du Chihli. Ce dernier avait installé son quartier général au carrefour ferroviaire stratégique de Shihchiachuang d’où il massait ses troupes.

Tuan Chi Jui, trop sur de lui, fit une seconde erreur qui servit de prétexte au déclenchement des hostilités. Arguant de sa qualité de « chef de gouvernement », il décide de nommer un nouveau gouverneur de sa Clique, Wu Kuang Hsin, à la tête de la province contestée du Hunan. Charge à celui-ci d’y mater les différents seigneurs locaux. L’opération se heurte d’emblée à la Clique du Chihli dont les meilleures troupes, la 3e division, occupe déjà le sud de la province. Son chef Wu Pei Fu est sans conteste un des meilleurs officiers chinois. D’origine mandarinale, on le surnomme le « poète », car en campagne il se fait amener sa collection de pinceaux et d’encriers pour y rédiger des poèmes. C’est aussi un redoutable tacticien, sachant coordonner avec brio l’infanterie, l’artillerie et mêmes des véhicules motorisés et la TSF. Audacieux, il utilise les chemins de fer pour sa logistique et déplacer ses troupes sur de grandes distances pour prendre l’ennemi à revers.


Albert Grandolini

dimanche 15 septembre 2013

Le grand tourment sous le ciel. Première période : Les Seigneurs de Guerre (1/2)


Remarques préliminaires


Tous travaux concernant la Chine se heurtent à la transcription des idéogrammes chinois en alphabet latin. Compte tenu que l’auteur s’est appuyé principalement sur des sources anglophones, certaines datant d’une période antérieure aux année 1980, date à laquelle le système de transcription Pinyin a commencé à s’imposer, il a pris le parti d’utiliser l’ancien système Wade Giles, alors la norme internationale en usage. Le système de l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO), longtemps utilisé en France, fonctionne sur le même principe de retranscription phonétique. Au delà de l’exercice périlleux de tous retranscrire en Pinyin, il est à noter que de nombreux noms de localités ou de repères géographiques ont changé de dénomination depuis 1949 en Chine. En se référant aux sources de l’époque, il limite au minimum les erreurs de traductions des noms alors en usage. Au delà des problèmes linguistiques, il est à remarquer que se cache aussi un problème politique car aujourd’hui encore Taiwan, la « province rebelle », refuse d’utiliser le Pinyin, préférant toujours le Wade Giles.

Les lecteurs désireux de se faire préciser la prononciation d’un mot pourront néanmoins se référer à l’annexe du tableau des conversions de l’UNESCO. 




Alors que la Chine est en train de surgir sur la scène mondiale en tant qu’acteur géopolitique majeur il parait opportun de se pencher sur son passé récent, un passé fait de violence que le régime actuel met en avant afin d’y puiser sa légitimité. Un passé aussi réinterprété et souvent méconnu en Occident et qui nourrit aujourd’hui un sentiment nationaliste grandissant dans le pays. Cette étude se veut une introduction à ce vaste sujet qu’est l’histoire militaire contemporaine de la Chine, de la chute de l’empire à l’avènement de la République Populaire.

A l’issue d’un développement mené à un rythme effréné, celle-ci s’est hissée au deuxième rang économique mondial alors que les disparités internes ravivent les tensions à la fois sociales et spatiales d’un immense territoire aux particularismes régionaux encore bien vivaces. Tout au long de son histoire l’empire du Milieu a dû composer avec à la fois des forces centripètes qui poussaient à la centralisation du pouvoir en un état fort, et de l’autre des forces centrifuges qui l’entraînaient vers sa dislocation dès que ce dernier s’affaiblissait au profit des autonomies régionales. Surmonter ces tendances, apprendre à les dompter afin d’unifier ce vaste ensemble pour en faire émerger la Chine moderne fut un processus long et douloureux dont il importe de faire remonter les origines à la fin de la dynastie Ch’ing.
 

Albert Grandolini.

mardi 10 septembre 2013

Interview de David Auberson : Ferdinand Lecomte

David Auberson a étudié l’histoire, l’histoire ancienne et l’archéologie aux universités de Lausanne et de Leipzig. Il est également titulaire d’un master de spécialisation en Sciences historiques de la culture.  Il a collaboré à plusieurs publications touchant à l’histoire militaire, culturelle et politique dans le Canton de Vaud et en Suisse aux XIXe et XXe siècles. Il est aussi membre du comité scientifique du Centre d'histoire et de prospective militaires à Pully-Lausanne. David Auberson travaille actuellement comme historien indépendant et est l'auteur de Ferdinand Lecomte, 1826-1899, un Vaudois témoin de la guerre de Sécession, publié par la Bibliothèque Historique Vaudoise en 2012. En outre, il est également le rédacteur de la Revue de la Revue historique vaudoise et l'auteur d'une Vie et Histoire de la Fanfare des Collèges de Lausanne.

Propos receuillis par Adrien Fontanellaz





jeudi 5 septembre 2013

Internationalistes en Yougoslavie: les volontaires étrangers en Croatie, 1991-1995.


Depuis le soutien apporté par Lord Byron aux insurgés grecs en révolte contre les Ottomans pour conquérir leur indépendance, les guerres de libération nationale en Europe ont toujours connu leur flot de volontaires étrangers venus au secours de la liberté menacée. A partir du XXe siècle ce volontariat prend également une dimension idéologique symbolisée par la formation des Brigades internationales lors de la guerre civile espagnole entre 1936 et 1938. Le dernier conflit militaire sur le sol européen, celui qui ensanglanta la Yougoslavie dans les années 1990, possède à la fois une composante nationale et idéologique propice à l'arrivée de volontaires venus du monde entier. C'est ainsi qu'environ 2 000 volontaires musulmans et non-musulmans s'engagent dans l'Armija BiH, l'armée du gouvernement de Bosnie-Herzégovine tandis que des Russes, des Ukrainiens, des Roumains et des Grecs rejoignent l'armée serbe et surtout les troupes de la République serbe de Bosnie.

La Croatie n'attire pas plus de volontaires que ses adversaires mais ceux-ci sont souvent décrits soit comme des mercenaires, soit comme des militants de l'extrême-droite. Il est évident que les anciens volontaires dans les forces croates refusent ces adjectifs et se définissent avant tout comme des soldats au service de l'indépendance et de la liberté du peuple croate. C'est au final prés de 500 volontaires étrangers venant de 35 pays qui auraient combattu dans les formations croates que ce soit la Garde nationale croate (ZNG), l'armée croate (HV), la Ligue de défense croate (HOS), la Force de défense croate (HVO) puis à partir de 1992 dans les forces croates déployées en Bosnie.

Loin des condamnations et des apologies, étudier les volontaires étrangers en Croatie peut permettre de mieux comprendre un phénomène militaire, à la fois original mais très présent dans tous les conflits, le volontariat.

David FRANCOIS

dimanche 1 septembre 2013

Un premier bilan



Le 1er septembre marque le premier semestre d’existence de L’autre côté de la colline. Durant ces six mois, 29'000 pages ont été consultées par 7'422 visiteurs uniques. Il s’agit de chiffres encourageants dans la mesure où le nombre de visiteurs a progressé régulièrement depuis la mise en ligne du blog alors que dans le même temps l’objectif visant à publier trois articles par mois a été tenu, voire dépassé par l'ajout d'autres billets (qui n'étaient pas forcément des articles). La croissance du nombre de visiteurs est aussi due à plusieurs membres de forums et animateurs de blogs qui ont régulièrement attiré l’attention sur nos articles, et que nous profitons de remercier à cette occasion, tout comme nous remercions notre premier contributeur, Jérôme Percheron, qui nous avait fait l’honneur de nous soumettre un très bon article portant sur les dernières phases de la guerre entre l’Afrique du Sud et l’Angola. Par ailleurs, L’autre côté de la colline bénéficiera bientôt de la contribution d’une nouvelle plume, et non des moindres, puisqu’il s’agit d’Albert Grandolini, un des meilleurs spécialistes de l’histoire militaire asiatique, auteur notamment de Fall of the Flying Dragons : South Vietnamese Air force 1973-1975 (Harpia Publishing, 2011), d’articles dans des magazines comme le Fana de l’aviation ou Batailles et Blindés et sur le site du Air Combat Information Group.