mercredi 20 novembre 2013

La guerre d'indépendance d'Haïti (1802-1803)

C'est en 1697 par le traité de Ryswick que l'Espagne concède à la France la partie occidentale de l'ancienne Hispaniola, découverte par Colomb en 1492, qui prend désormais le nom de Saint-Domingue1. La culture de la canne à sucre puis du café font la fortune de la colonie française où prospère une classe de grands propriétaires blancs. Saint-Domingue est alors la colonie la plus riche des Antilles grâce à un sol fertile et un climat idéal qui produit sucre, café, cacao, indigo, tabac, coton, ainsi que certains fruits et légumes pour la métropole. Pour cultiver les plantations et en l'absence d'un flux migratoire suffisant en provenance d'Europe, le commerce triangulaire apporte sur l’île des milliers d'esclaves venus d'Afrique occidentale qui rapidement deviennent la population la plus nombreuse de l’île avec 500 000 personnes en 1789. Entre ces deux groupes sociaux et raciaux se développe peu à peu une classe de mulâtres ou d'esclaves affranchis, socialement inférieure aux blancs, mais jalouse de sa distinction vis-à-vis des esclaves noirs.

Le système colonial fonctionne tant bien que mal avant que la déflagration n'éclate en écho aux événements qui secouent la métropole à partir de 1789. Au bout du chemin, c'est une nouvelle nation qui voit le jour, la première République noire du monde.

David FRANCOIS

dimanche 10 novembre 2013

Le siège d'Amida (359 ap. J.-C.)

Le siège d'Amida, en 359 ap. J.-C., oppose l'Empire romain à l'Empire perse des Sassanides. Il a cette particularité d'avoir été décrit par un témoin direct, un ancien officier romain qui a pris part au siège avant de se faire historien de son temps : Ammien Marcellin1. Amida (aujourd'hui Diyarbakir, en Turquie) est située sur un escarpement rocheux qui crée une boucle sur la rive droite du Tigre. L'empereur Constance II (337-361) y bâtit une ville fortifiée en raison de la position favorable et du bon ravitaillement en eau, dans le contexte d'un regain de tension avec les Sassanides. C'est sur cette place que vient buter l'armée du souverain perse Shapour II (309-379), et c'est l'occasion pour Ammien Marcellin, protecteur domestique dans la garnison et acteur de la défense, d'écrire l'histoire du siège. C'est un bon matériau pour tenter une approche de la poliorcétique dans l'Antiquité Tardive. En outre, il permet de s'interroger sur l'écriture de l'histoire par un militaire romain.

Stéphane Mantoux

vendredi 1 novembre 2013

Interview de Nicolas Bernard sur La guerre germano-soviétique

Nicolas Bernard, l'auteur de La guerre germano-soviétique, une synthèse qui s'impose déjà comme incontournable sur le sujet (ce qui ne veut pas dire indépassable, mais force est au moins d'en reconnaître la qualité), a bien voulu répondre à quelques questions qui éclairent davantage l'écriture de ce livre. Il se présente lui-même avant de répondre à mes questions.

Propos recueillis par Stéphane Mantoux.

 

Je suis à la fois Avocat et passionné d’histoire de longue date, plus particulièrement en ce qui intéresse la Deuxième Guerre Mondiale. Elle constitue en effet le point d’orgue de ce qu’Eric J. Hobsbawm appelait « l’âge des extrêmes », une lutte ayant impliqué toutes les passions politiques et idéologiques du « court XXème siècle ».

A ce titre, j’ai contribué à plusieurs revues d’histoire spécialisée. Je me suis également consacré à étudier, voire réfuter, le négationnisme, c’est-à-dire la propagande niant la réalité ou l’ampleur des meurtres de masse, plus particulièrement la Shoah et le génocide arménien. J’avais en effet été choqué, à mes débuts sur Internet, de constater à quel point les « assassins de la mémoire » s’étaient implantés dans ce réseau de communications, ce qui m’a amené à m’investir dans ce combat, qui reste moins une démarche militante que civique. Je gère actuellement le site « Pratique de l’Histoire et Dévoiements négationnistes », avec Gilles Karmasyn qui en est le fondateur : http://www.phdn.org