jeudi 20 juin 2013

La guerre du Chaco




La guerre du Chaco figure parmi les conflits les plus sanglants ayant touché l’Amérique latine au XXe siècle. Dans le monde francophone, elle est surtout connue de par la caricature qu’en fit Hergé dans les aventures de Tintin. Pourtant, si celle-ci attribue son déclenchement à un mélange détonnant de caudillisme et d’appât du gain, la réalité, comme toujours, est bien plus complexe, les causes du conflit remontant à l’indépendance des deux nations antagonistes.
 

Adrien Fontanellaz

lundi 10 juin 2013

1870-1871: l'armée des Vosges et les trois batailles de Dijon

Place du 30 octobre, rue Bossack, avenue du Drapeau, avenue Canzio sont des noms plus ou moins familiers pour les habitants de Dijon. Pourtant les événements et les personnes, tous liés à ce traumatisme national que fut la guerre de 1870 auxquels ils font référence sont largement oublié. Oublié aussi que la ville a élu député le 8 février 1871 le champion de l'unification italienne, le chef de l'expédition des Milles, le général Giuseppe Garibaldi alors commandant de l'armée des Vosges. L'historiographie a aussi largement négligé le rôle de la région dijonnaise lors de la guerre de 1870-1871. Si Sedan, Reichsoffen, Gravelotte, Bazeilles sont des lieux de bataille toujours bien identifiés, il n'en est pas de même pour Dijon où Allemands et Français se sont affrontés à trois reprises
La Bourgogne est en effet une région clef dans l'affrontement qui s'amorce après la défaite de Sedan entre les forces allemandes et celles de la jeune IIIe République. Elle constitue un verrou qui commande l'accès à la vallée de la Saône et donc à Lyon mais surtout au bassin de la Loire où Gambetta réorganise l'armée de la République. En clair, si la Bourgogne tombe, disparaît tout espoir de retourner la situation et de prendre enfin l'avantage sur l'Allemagne.
L'oubli dans lesquelles sont tombées les trois batailles de Dijon a des origines éminemment politiques. A l'exception de la première bataille de Dijon en octobre 1870 les deux suivantes sont conduites par l'armée des Vosges, une armée qui au lendemain de l'armistice sent le soufre. Pour la France de l'Ordre moral elle est une abomination puisqu'elle rassemble les volontaires étrangers venus se mettre au service de la République, à l'image de son chef Garibaldi et de ses chemises rouges. Ces révolutionnaires et anticléricaux qui forment une Brigade internationale avant l'heure sont largement calomniés par les proches de Thiers. L'armée des Vosges si elle rassemble de nombreux étrangers compte pourtant dans ses rangs une majorité de Français organisés dans des corps de francs-tireurs. Cette seconde caractéristique est une tare dans la France vaincue puisqu'elle rappelle aux militaires leur incapacité en 1870, humiliation d'autant plus forte que que ces francs-tireurs et étrangers ont obtenu lors de la troisième bataille de Dijon une belle victoire contre les Prussiens. Et ce sont ces militaires qui, après 1870, prennent la plume pour écrire l'histoire de la guerre, négligeant ou minimisant le rôle de l'armée des Vosges et des combats de Bourgogne, tendance toujours perceptible dans l'historiographie française comme le montre la dernière grande synthèse de qualité parue sur la guerre de 1870, celle de Pierre Milza en 2009.

David FRANCOIS

samedi 1 juin 2013

Une « guerre éclair » à la soviétique. Le modèle mandchourien.

« Si ils [le commandement militaire japonais] avaient étudié nos nombreuses opérations offensives sur le front occidental, ils auraient pu apprendre la simple vérité : quand l'Armée Rouge attaque, elle frappe un coup mortel. » . C'est ainsi que le maréchal de l'artillerie soviétique Kazakov, dans ses mémoires parues en 1973, résume le sens de la victoire de l'Armée Rouge en Mandchourie, contre le Japon, en août 1945. Le « modèle mandchourien » de l'Armée Rouge est une approche particulière, durant la guerre froide, de la dernière campagne soviétique de grande envergure pendant la Seconde Guerre mondiale, contre l'armée japonaise du Kwantung. Le choix de ce modèle mandchourien par l'Armée Rouge à l'ère de la guerre nucléaire est dicté par celui de l'offensive. C'est une acception délibérée de l'offensive, au sein d'une guerre moderne. C'est aussi une idéalisation de la campagne de 1945 qui connaît un certain soutien institutionnel et une grande publicité dans le milieu militaire soviétique à partir de 1960. Elle réside dans la volonté de conduire des offensives stratégiques, reposant sur la combinaison des armes, et permettant d'emporter la décision dans la phase initiale des hostilités. Ce modèle mandchourien est avancé, en particulier, après la chute de Khrouchtchev en 1964, au moment où les forces soviétiques révisent leur doctrine stratégique et se tiennent prêtes pour une offensive qui n'est pas seulement limitée au cas d'un conflit frontalier avec la Chine. Il va contribuer à une certaine restructuration des forces conventionnelles de l'Armée Rouge, et sans doute porter à son pinacle l'efficacité de cet appareil militaire, au tournant des années 1970 et 1980, au risque de déclencher un conflit généralisé avec les Etats-Unis et leurs alliés.

Stéphane Mantoux.