Dans
la dernière semaine d’octobre
1936
la majorité des journalistes et des observateurs présents en
Espagne estime que la prise de Madrid par les forces nationalistes
est une question de jours, voire de semaines
et qu’aucun miracle ne pourrait venir
sauver la capitale de l’Espagne républicaine. Depuis trois mois,
en
effet,
les forces loyalistes n’ont pas connu un seul succès en rase
campagne contre les troupes
nationalistes à
l’exception
du
coup
d’arrêt
porté dans la Sierra de Guaderrama aux troupes de Mola venant du
nord. Mais
le danger principal vient du sud où la
rapidité de la progression de l’armée commandée par Franco
laisse croire à une fin rapide de la guerre civile en faveur des
rebelles.
Le
camp républicain doute et nombreux sont ceux qui en son sein pensent
que Madrid ne pourra être conservé. La décision du gouvernement de
quitter la capitale laisse penser que cette opinion est aussi
partagée à la tête de l’État. Les nationalistes sont quant à
eux optimistes et ils estiment qu’ils défileront bientôt au cœur
de la capitale. Certains de leur victoire prochaine, ils désignent
déjà les nouvelles autorités qu’ils vont installer à Madrid,
préparent des orchestres, instaurent huit conseils de guerre et font
venir de Navarre des autels portatifs pour célébrer les premières
messes dans la ville libérée. Ils attendent beaucoup de la prise de
capitale, notamment le statut de puissance belligérante et une
reconnaissance internationale mais surtout la fin de la guerre à
leur avantage.
Mais
Madrid, en novembre 1936, va être le témoin d’un épisode
militaire inattendu. Démentant les pronostics les plus avertis, la
ville va résister militairement aux rebelles et les frustrer d’une
victoire qu’ils pensaient déjà acquise. La capitale espagnole
devient alors le symbole de la résistance au fascisme tandis que
l’échec nationaliste change le cours du conflit pour le
transformer en une véritable guerre civile, une guerre longue. C’est
là également que se forge une nouvelle armée, que naît le mythe
puissant des Brigades internationales et que meurent les certitudes
et les mauvais jugements sur la nature du conflit espagnol.
Comment
néanmoins expliquer la résistance de la capitale espagnole alors
que la situation semblait perdue ? La réponse est multiple et
la défense de Madrid peut être analysés sous divers angles mais
sans jamais oublier la portée de cet événement.
David FRANCOIS