jeudi 3 septembre 2015

Janvier 1919 : Feu sur Berlin la Rouge.

Les hommes corps-francs du Regiment de Potsdam sous les ordres du major von Stephani sont prêts à passer à l'action. Pendant que les soldats se mettent en route, le major est déjà parti en reconnaissance observer l'édifice que sa troupe doit conquérir dans la journée. C'est déguisé en révolutionnaire que l'ancien officier de l'armée impériale pénètre dans l'immeuble qui abrite le siège du quotidien social-démocrate le Vorwärts. Sous le prétexte de s'engager dans les milices rouges il parvient à parcourir sans encombre les différents bureaux et peut donc minutieusement inspecter le bâtiment avant de rejoindre ses hommes qui ont déjà pris position. Il demande alors aux Spartakistes qui occupent l'immeuble de se rendre. Ces derniers refusent une telle proposition et s'en remettent au sort des armes pour juger de l'issue du conflit. Les mitrailleuses, obusiers et mortiers du corps-francs de von Stephani entrent alors en action. La bataille pour Berlin commence.

Cette bataille qui, aux premiers jours de l'année 1919, ensanglante la capitale du Reich est à l'origine de deux mythes. Le premier veut que ce soulèvement ouvrier soit l'œuvre délibérée des Spartakistes, ceux là qui ont créé fin décembre le Parti communiste allemand, estimant le moment venu d'installer le bolchevisme en Allemagne. Le second fait la part belle aux corps-francs présentés comme cette troupe invincible, ayant repris Berlin et ainsi sauvé l'Allemagne du péril communiste. Comme tous les mythes, ils présentent une part minime de vérité et beaucoup d'exagération et d'occultation. L'étude de cette insurrection et des combats de rue qu'elle provoque, la première du XX° siècle dans une capitale de l'Europe occidentale, peut seule permettre de casser les mythes patiemment entretenus et de mieux appréhender les débuts d'un aspect fondamental de l'art militaire: la contre-insurrection en milieu urbain.

David FRANCOIS