mardi 20 août 2013

L’armée suisse à l’aube de la Grande Guerre


La Suisse fut, à bien des égards, un pays privilégié durant le XXe siècle, ne serait-ce que parce qu’elle échappa à ce qu’une certaine historiographie a nommé les « guerres civiles européennes », ou en d’autres termes, aux premières et deuxièmes guerres mondiales. Préservée des combats, l’histoire de l’armée suisse suscite logiquement un intérêt bien moindre que celui porté aux forces belligérantes durant ces conflits. En Suisse même, de manière générale, si le rôle du pays durant la deuxième guerre mondiale a fait l’objet d’âpres débats politico-historiques durant les années 90 et au-delà, l’histoire de l’armée suisse avant et pendant la « Der des Ders » reste largement une affaire d’initiés. Pourtant, à bien des égards, l’étude de cette institution à l’aube de la Grande Guerre n’est pas sans intérêts. En effet, si l’on peut arguer que, en 1914, l’armée helvétique était raisonnablement bien préparée, du moins si on la compare à celles d’autres petites nations, ses lacunes sont révélatrices d’une cécité alors presque générale dans le monde occidental face à l’avènement de ce que l’on appellera par la suite la guerre totale. En revanche, certaines autres faiblesses révélées par la guerre étaient intrinsèques au pays ou à la perception stratégique de ses dirigeants.
Adrien Fontanellaz


samedi 10 août 2013

La bataille de Nancy ou la fin du rêve bourguignon

Il est des batailles qui ne restent que dans les mémoires régionales et qui pourtant ont façonné le visage de l'Europe moderne. Celle qui se déroula devant Nancy le 5 janvier 1477 entre parfaitement dans cette catégorie. Bien connue en Lorraine, un peu moins en Bourgogne, elle est largement ignorée ailleurs. La raison en est simple : cette bataille n'entre pas dans le roman national français. Ici pas de défaite ou de victoire des armes du roi de France et la bataille ne retient l'attention que par l'élimination du grand rival de Louis XI que fut Charles le Téméraire et par le rattachement définitif du duché de Bourgogne au domaine royal.

C'est oublier que si Charles avait vaincu la coalition des Lorrains et des Suisses il aurait fait un énorme pas pour donner une plus grande cohérence territoriale à ses États qui couvraient déjà les actuels Pays-Bas, Belgique, Luxembourg mais aussi le Nord-Pas de Calais, la Franche-Comté, la Bourgogne et le Haut-Rhin1. Charles, qui ne cache pas alors ses immenses ambitions, demande à l'empereur germanique le titre de roi de Bourgogne. En septembre 1473 la rencontre a lieu à Trêves pour un couronnement. Mais le faste et l'éclat des Bourguignons froissent l'empereur qui préfère rejoindre discrètement Cologne. Qu'à cela ne tienne, le Téméraire espère bien réussir à donner sa fille et unique héritière Marie en mariage à Maximilien, le fils de Frédéric III. L'empereur ne pourra alors refuser le titre royal à Charles surtout si ce dernier s'impose comme le plus puissant seigneur des marches occidentales du Saint-Empire ressuscitant l'ancien Lotharingie. Mais il doit pour cela prendre le contrôle du duché de Lorraine.

David FRANCOIS

jeudi 8 août 2013

Retour sur la bataille de Xuan Loc (Albert Grandolini)

Mon article sur la bataille de Xuan Loc a attiré l'attention d'Albert Grandolini, bien connu des lecteurs de la presse spécialisée en histoire militaire comme spécialiste de la guerre du Viêtnam et sa dimension militaire, sur laquelle il a signé bon nombre d'articles et quelques ouvrages. M. Grandolini a bien voulu me faire part de ses remarques sur mon travail et m'a apporté quelques précisions et corrections.


jeudi 1 août 2013

« Ils ont tué l'histoire-bataille ! » . Mythe ou réalité ?

« Histoire-bataille » : l'expression, péjorative, avait été utilisée par les fondateurs des Annales, Marc Bloch et Lucien Febvre. Ce terme se voulait une charge contre l'histoire telle qu'elle était pratiquée par les méthodiques, Seignobos et Langlois, depuis la fameuse Introduction aux études historiques (1897) qui offrait au grand public la méthode d'une quasi « science » historienne. La connotation péjorative a survécu dans l'histoire universitaire française et dans le grand public, bien au-delà, probablement, de l'intention réelle de ses auteurs, avant tout préoccupé de contrer l'influence de l'école « capétienne » et d'une histoire de droite et d'extrême-droite (liée à l'Action Française dans ce dernier cas) qui, à l'époque, commençait à prendre le pas sur les méthodiques. L'expression relevait donc aussi d'une stratégie personnelle et institutionnelle.

Stéphane Mantoux.