La
fin du premier conflit mondial en novembre 1918 ne met pas fin à
l'état de guerre dans les anciens belligérants. La guerre civile
russe bat son plein, la Hongrie de Bela Kun affronte la Roumanie,
l'Allemagne est la proie des insurrections, la Finlande, les pays
baltes et la Pologne combattent pour leur indépendance tout comme
les nationalistes irlandais de l'IRA.
Parmi
ces conflits de l'immédiat après-Première Guerre mondiale, il en
est un qui revêt une importance particulière bien qu'il soit
largement méconnu: la guerre d'indépendance turque de 1919 à 1922.
Ce conflit, où les troupes nationalistes turques dirigées par
Mustafa Kemal affrontent différents adversaires, s'inscrit dans le
mouvement des luttes de libération nationale qui touchent les
territoires des Empires multi-ethniques qui se sont effondrés en
1918. Pourtant la guerre d'indépendance turque possède une
originalité forte qui la distingue des autres conflits
« nationalitaires ». Les nationalistes turcs se veulent
en effet les héritiers de l'Empire ottoman vaincu, même s'ils le
conçoivent centré uniquement sur la nation turque et veulent
profondément le moderniser. Leur combat est donc essentiellement
mené contre ce qu'ils considèrent comme le diktat imposé par les
Alliés au peuple turc et qu'incarne le traité de paix de Sèvres.
La
nation vaincue en 1918 reprend les armes contre ses vainqueurs et,
contrairement à l'Allemagne, elle va parvenir à imposer ses vues et
à faire reculer les Alliés.
David FRANCOIS