Tom Cooper, originaire d'Autriche, est un historien et journaliste
spécialisé sur l'aviation militaire. A la suite d'une carrière dans le monde du
transport - ce qui lui a permis, durant ses nombreux voyages d'établir des
contacts avec des sources de première main -, il a progressivement évolué vers
l'écriture. Il s'est passionné assez tôt pour l'aviation de l'après-Seconde
Guerre mondiale et s'est concentré ensuite sur les petits conflits et forces
aériennes associées, sur lesquelles il a collecté d'importantes archives. Il
s'est focalisé en particulier sur les forces aériennes africaines et arabes,
jusqu'alors peu traitées, et sur l'armée de l'air iranienne. Il est notamment
co-auteur de la série Arab MiG’s, comprenant cinq volumes - le sixième devrait
être disponible cette année encore – publiés par Harpia Publishing. Tom Cooper
a accepté de répondre à nos questions relatives à cette série de livres.
Ses propos ont été recueillis en anglais puis traduits en
français. Cette traduction a été délibérément aussi littérale que possible afin
de refléter le plus fidèlement possible les propos originaux ; il nous a
paru en effet préférable de privilégier le fonds à la forme. Cependant, pour
nos lectures lisant l’anglais, l’interview originale figure directement en
dessous de la traduction.
Propos traduits par Adrien Fontanellaz
Comment
un tel projet a-t-il vu le jour ? Pourriez-vous également nous indiquer
dans quelle mesure les perceptions communément admises quant à l’efficacité
militaire des armées arabes en général et de leurs forces aériennes en
particulier sont adéquates ?
Le projet à l’origine de la série de livres « Arab
MiGs » est né de manière plutôt graduelle. De fait, l’histoire des forces
aériennes arabes en général figure en bonne place parmi les sujets les moins étudiés
de l’histoire militaire contemporaine alors que celles-ci ont, pour la
plupart d’entre elles, participé à plusieurs conflits majeurs. Leur expérience
s’est avérée cruciale dans le développement et l’émergence des doctrines,
stratégies, tactiques et technologies propres aux guerres aériennes actuelles.
Pourtant, à l’exception de trois livres et de quelques articles, pratiquement
rien n’a été publié à leur sujet durant les quarante à cinquante dernières
années. Bref, il n’existait donc aucune histoire cohérente et intégrée - tenant aussi compte du contexte politique
global dans lequel elles évoluaient - à leur sujet alors que la plupart des
éléments communément admis les concernant reposait le plus souvent sur de simples
rumeurs ou des déductions basées sur les sources israéliennes disponibles,
alors que ces dernières étaient fortement biaisées.
Le docteur David Nicolle étudie les forces aériennes arabes depuis
plus de quarante ans ; Lon Nordeen et moi-même depuis trente ans. Avec le
temps, chacun d’entre nous a collecté d’immenses quantités d’informations très
différentes. Il y avait donc une nécessité de finalement assembler toutes ces
différentes « pièces de puzzle » en une image unique. Quand bien
même, David et moi-même ne pensions à l’origine ne préparer qu’un seul ouvrage
couvrant les opérations des MiG-21 ainsi qu’un autre relatif à celles des
MiG-17 au sein de ces forces aériennes. Le livre relatif aux MiG-21 a été
publié par Osprey Publishing en 2003, mais son format ne permit que d’y intégrer
à peine la moitié de la matière alors déjà en notre possession. Osprey déclina
par la suite nos propositions de publier une suite couvrant les MiG-17 alors
que les nombreux autres éditeurs contactés au fils des années ont également
refusé nos projets. De fait, la plupart des éditeurs américains ou britanniques
se montrèrent très peu disposés à faire quoi que ce soit pour de « tels
sujets » ; plusieurs d’entre eux nous répondirent, pratiquement
littéralement, que « il était hors de question qu’ils publient un livre
présentant les forces aériennes arabes comme des institutions cohérentes et
professionnelles ».
Dès lors, nous avions besoin de
facto de notre propre éditeur afin d’être en mesure d’imprimer ce que nous
avions en tête. C’est ainsi que naquît Harpia Publishing, dont la création
demanda plusieurs années durant lesquels le Brigadier Général Ahmad Sadik,
retraité de la force aérienne irakienne, rejoignit notre équipe et nous permit
d’élargir le champ de nos recherches. In
fine, David et moi nous sommes attelés à l’écriture d’une histoire des
MiG-15 et MiG-17 au sein des forces aériennes arabes, donnant naissance à Arab Migs Volume 1. Nous avions prévu de
continuer avec un second volume couvrant les MiG-19 et les MiG-21 mais il
s’avéra rapidement que nous avions accumulé une telle masse de matériaux durant
l’écriture du premier volume qu’un série entière d’ouvrages serait nécessaire
pour que nous puissions la partager intégralement avec nos lecteurs. Ainsi, à
la suite de la publication du premier volume, des contacts établis avec le
Group 73 – un groupe d’historiens amateurs égyptiens – nous ont permis
d’obtenir des originaux de documents égyptiens émis dans les années 60. Ceux-ci
ont rendu possible d’étudier et d’expliquer non-seulement le fonctionnement de
la force aérienne égyptienne « depuis l’intérieur », mais aussi les
raisons de la cuisante défaite arabe durant la Guerre des Six Jours.
C’est d’ailleurs ainsi que Arab
Migs Volume 2 vit le jour – je considère d’ailleurs celui-ci comme le
pivot, crucial, de la série. La suite était logique une fois ce dernier volume
paru : la série continue de manière chronologique, incluant les
innombrables détails que nous avons collecté au fils du temps, ceux-ci
s’assemblant de manière tout à fait remarquable. Si hélas, le Brigadier Général
Sadik ne put à ce stade continuer sa collaboration du fait de son arrestation
et de sa détention, tout-à-fait illégales, par les autorités syriennes, les
informations qu’il nous avait déjà fournies se sont avérées cruciales pour couvrir
l’histoire de la force aérienne irakienne dans les années 50 et 60. De plus,
durant la rédaction des volumes 3 et 4, nous sommes entrés en contact avec
Patricia Salti. Veuve de Muwafaq Salti, un pilote de Hunter de la Royal Jordanian Air Force tué au combat
lors d’un affrontement avec des Mirage israéliens en novembre 1966, Madame
Salti est une historienne majeure, spécialiste
de l’histoire de l’aviation militaire en Jordanie et a immensément
contribué à notre projet à l’aide d’un grand volume de documentation originale
ainsi que d’information de première main. Nous avons également coopéré avec
d’autres, parmi lesquels figure Martin Smisek, un historien tchèque qui nous a
transmis des documents originaux issus des archives locales.
En conclusion, le projet qui conduisit à la série de livres Arab Migs a évolué au fils du temps,
avant de se traduire en une véritable encyclopédie des forces aériennes arabes
en guerre contre Israël entre 1955 et 1973, qu’il couvre de manière beaucoup
plus large que son titre ne pourrait laisser penser. De plus, et comme il
fournit une perspective unique sur ce sujet, il est certain que de nombreux
autres ouvrages portant sur le même thème seront publiés à l’avenir.
Pouvez-vous
nous décrire les origines des diverses forces aériennes arabes décrites dans la
série Arab Migs ?
Les origines des force aériennes décrites dans la série des Arab
MiGs diffèrent largement, malgré le fait que la presque totalité d’entre elles
furent, lors de leur fondation, influencées par les Britanniques. Pourtant, et
même si ce point reste souvent minimisé ou ignoré en Occident, certaines de ces
institutions comptent parmi les plus anciennes au monde, parfois au point
d’avoir précédé de plusieurs décennies l’avènement de forces aériennes plus
connues.
Les forces aériennes égyptiennes, irakiennes et jordaniennes
furent fondées directement avec la coopération des Britanniques au début des
années 30. Durant leurs premières années d’existence, elles furent surtout des
« Royal flying clubs », équipées
avec un nombre réduit d’avions obsolètes. Pourtant, la force aérienne irakienne
démontra une forte volonté d’indépendance lors du soulèvement contre les
Britanniques de 1941 alors que les Égyptiens se montrèrent bien plus
performants qu’usuellement décrit durant la première guerre israélo-arabe entre
1947 et 1949.
Cependant, la série Arab
MiGs ne couvre pas en détail les débuts de ces deux dernières forces
aériennes car le premier volume débute en 1955 alors qu’au demeurant, cette
partie de leur histoire a déjà fait l’objet de publications antérieures. Ce
n’est en revanche pas le cas d’autres forces aériennes qui participèrent
également aux guerres israélo-arabes et nous avons donc abordé beaucoup plus
précisément l’émergence des forces aériennes libanaises, syriennes,
algériennes, marocaines, yéménites et enfin, considérablement amélioré notre
relation de celle de la Royal Jordanian
Air Force grâce à la coopération de Patricia. C’est ainsi que nous pouvons
affirmer maintenant que la force aérienne arabe syrienne, bien qu’elle ait
initialement bénéficié d’une aide française limitée, puis de la présence
ultérieure d’instructeurs et de pilotes croates et allemands engagés par les
Syriens, s’est développée essentiellement seule avec pour seul soutien une aide
réduite prodiguée par la Tchécoslovaquie. La force aérienne algérienne fut
créée avec une aide égyptienne alors que dans le cas du Maroc, les soutiens
étrangers furent plus diversifiés et inclurent la France, l’Union soviétique et
les États-Unis. Enfin, la force aérienne nord-yéménite, aujourd’hui disparue,
fut entièrement constituée grâce à l’URSS. Par contre, toutes ces forces eurent
pour point commun d’avoir été créées ex-nihilo,
en quelques années à peine, dans des pays pratiquement dépourvus de bases
industrielles, et donc d’une main d’œuvre significative disposant des
savoir-faire nécessaires.
Pourquoi
des pays tels que l’Égypte et la Syrie se sont-ils tournés vers l’URSS afin
d’équiper leurs forces aériennes à un point tel que leurs inventaires ne
comprirent plus que des MiG et des Soukhoï ? Par ailleurs, quel fut l’ordre de
grandeur réel de ce soutien soviétique ? Moscou a-t-elle réellement offert
à ses alliés arabes ses dernières technologies et matériels ?
Les raisons de cette décision s’avèrent, de manière ironique,
aussi complexes que simples, et vont certainement surprendre la plupart des
lecteurs occidentaux. En effet, au milieu des années 50, Israël et l’Égypte
négociaient secrètement en vue de conclure un accord de paix. Afin de saboter
ces pourparlers, un groupe de faucons israéliens présents dans l’armée et les
services de renseignement lancèrent une série d’attaques contre des postes de
gardes-frontière égyptiens, ainsi que des attentats à la bombe visant les
intérêts américains et britanniques en Égypte. Alors que le retrait des
dernières troupes britanniques présentes en Égypte était en cours, ces attaques
poussèrent Le Caire à chercher une nouvelle source d’aide et de soutien
financier. Les Égyptiens requirent
d’abord des armes et des prêts (ces derniers en vue de construire le colossal
barrage d’Assouan) auprès des USA. Les Américains conditionnèrent l’octroi de
cette aide à l’autorisation d’établir des bases militaires dans le pays. Le
président Gamal Abdel Nasser, qui venait juste d’obtenir le retrait des troupes
Britanniques, ne pouvait pas accepter de telles conditions. Dès lors, ses
émissaires cherchèrent ailleurs en Europe et en Asie, établissant notamment des
contacts avec Prague. Ils commencèrent alors à commander des tanks et des
avions produits en Tchécoslovaquie, et furent bientôt imités par le
gouvernement syrien. C’est ainsi que l’Égypte – et donc les forces aériennes
arabes – commencèrent à acquérir des « MiG ».
Pour ce qui concerne votre question relative à l’extension du
soutien soviétique, il faut d’abord préciser que certaines des expérimentations
économiques d’inspiration « socialiste » en Égypte et en Syrie dans
les années 60 ne doivent pas être mal comprises et perçues comme
représentatives de la nature globale des relations russo-arabes entre la moitié
des années 50 et les années 80. De fait, et malgré d’innombrables déclarations,
aucun pays arabe n’a jamais introduit quelque chose s’approchant d’un système
de gouvernement « socialiste ». Dès lors, la nature première de la
coopération entre plusieurs pays arabes différents et l’URSS était commerciale,
les Arabes étant acheteurs d’armes soviétiques, et les Soviétiques producteurs
et fournisseurs – habituellement avec une influence politique réduite ou nulle (De
même, sur le plan diplomatique, le support de Moscou resta toujours plutôt
minimaliste ; ironiquement, la plus grande « contribution »
soviétique fut de provoquer la guerre israélo-arabe de juin 1967 – soit la plus
grande catastrophe militaire arabe de la période moderne – en fournissant de
renseignements militaires erronés.).
Il y avait deux raisons aux achats arabes d’armements
soviétiques : les armes russes étaient moins chères (ou au moins offertes
à des conditions très compétitives), et les Soviétiques (ou leurs alliés)
étaient habituellement capables de livrer de grandes quantités d’armements dans
des laps de temps bien plus courts que les Occidentaux (et en partant du
principe que ces derniers étaient disposés à vendre). Il est important de préciser
à ce stade que, à l’exception des équipements soviétiques livrés à l’Égypte à
la Syrie après la Guerre des Six Jours et de ceux livrés à l’ancien Yémen du
Nord, les Arabes ont toujours payés pour les armements achetés en URSS. Rien ne
fut livré gratuitement. Néanmoins, à
cause d’une combinaison associant manque d’intérêts (ou des intérêts différents
de ceux des Arabes), manque de volonté, manque de capacités technologiques, et
contrairement aux Français et aux Américains avec Israël, les Soviétiques refusèrent
constamment de livrer leurs « meilleurs » armements et équipements
aux Arabes. Moscou avait rapidement conclu qu’il ne serait pas possible
d’influencer sérieusement les différents pays arabes : les Soviétiques se
satisfirent de compter ces pays parmi leurs clients notionnels et de maintenir
le statu quo, ce qui ne les incitait pas à soutenir les Arabes au moyen
d’armement plus sophistiqués que ceux livrés. De plus, après avoir provoqué la
guerre israélo-arabe de Juin 1967, les dirigeants du Kremlin devinrent
extrêmement réticents quant à la fourniture de n’importe quel type d’armements
offensifs : La majorité des armes livrées étaient défensives (comme les
MiG-21, les SAM etc…). Enfin, le soutien financier soviétique était presque
non-existant : Ils n’investirent jamais dans les économies arabes et ne
prodiguèrent pas des financements similaires à ceux qu’offrirent les Français,
les Américains (qui le font encore de nos jours), ou encore les Anglais et les
Allemands, à Israël afin de permettre le développement d’une industrie locale.
Juin 1967
est considéré comme un cas-école d’acquisition de la supériorité aérienne par
une force aérienne en écrasant ses adversaires dès le début d’un conflit.
Pouvez-vous nous en dire plus sur le volet aérien de la Guerre des Six
Jours ?
La guerre aérienne durant le conflit israélo-arabe de juin 1967 et
ses résultats furent une conséquence logique de deux tendances contemporaines
majeures. D’un côté, et malgré l’acquisition
de nouveaux équipements en quantités significatives, les capacités et
l’efficacité générale des forces aériennes arabes - en particulier celle de
l’Égypte - s’étaient dégradées de manière marquée au milieu des années 60. Ce
phénomène était principalement dû à l’instabilité politique générale et aussi à
l’incompétence, au népotisme ou à la corruption. D’un autre côté, la force
aérienne israélienne (Heyl Ha'Avir) [avait
atteint son zénith en introduisant des tactiques entièrement nouvelles, à
contre-courant des tactiques et doctrines alors généralement considérées comme
pertinentes, tout en adaptant les équipements disponibles à ses propres besoins
et à l’environnement local.
De fait, au moment où d’autres puissances aériennes s’équipaient
d’avions toujours plus complexes et lourds, équipés avec des armements eux
aussi toujours plus complexes, la Heyl Ha'Avir utilisa avec brio des appareils
relativement simples et d’armes –
théoriquement – obsolètes pour se lancer
dans un effort total. Les intentions et les capacités israéliennes - voir le
plan même de l’opération Focus (attaque de grande ampleur contre les
principales bases aériennes ennemies) -
n’étaient pas en soi nouvelles ou inconnues à l’étranger. Cependant, les
Israéliens menèrent leurs préparatifs de main de maître, grâce à l’existence de
renseignements à la fois de très grande qualité et disponibles au bon moment.
Ils savaient ainsi à quel point les capacités militaires de leurs adversaires
étaient réduites du fait du chaos dans lequel ceux-ci se trouvaient, et
l’exploitèrent au maximum.
Ainsi, les premières vagues de l’attaque israélienne sur
l’Égypte plongèrent son haut commandement militaire, puis le pouvoir politique
du Caire, dans un état de choc tel qu’il leur fallut des années pour s’en
remettre. Bien que les Égyptiens subirent des pertes considérablement moins
élevées que ce que revendiquèrent les Israéliens, leur force aérienne fut
ensuite incapable de participer à la guerre de manière effective. Ceci fut à
l’origine d’une erreur majeure du haut-commandement égyptien, qui eut
non-seulement des répercussions sévères pour le pays et ses forces armées, mais
aussi pour la plupart des pays voisins d’Israël : de fait, la situation
prévalant alors était que l’Égypte était la puissance militaire dominante du
monde arabe, et celle-ci éliminée – quelle qu’en soit la raison – personne
d’autre ne pouvait la remplacer. Aussi honorables soient-ils, les succès défensifs
mineurs (habituellement complétement ignorés par les observateurs occidentaux)
remportés par les forces aériennes iraquiennes et syriennes n’eurent que très
peu d’incidences sur les opérations israéliennes. Globalement, et en prenant en considération
les circonstances prévalant à ce moment, soit le manque de renseignement, de
planification et d’entraînement réaliste des forces aériennes arabes, le
résultat (du point de vue arabe) désastreux de cette guerre était préprogrammé.
C’est d’ailleurs pourquoi je ne cesse jamais d’être étonné d’entendre l’action
israélienne durant ce conflit décrite comme une « guerre préemptive »
par de si nombreux historiens
occidentaux.
Il existe une affirmation connue indiquant que la supériorité aérienne de
la Heyl Ha'Avir résultait uniquement du meilleur entraînement
prodigué à ses pilotes, à un point tel que même si ceux-ci avaient était
équipés de MiG-21 au lieu de Mirage IIIC alors que les pilotes arabes auraient
volés sur des Mirage à la places de chasseurs russes, le résultat aurait été le
même. Quelle est votre avis sur cette perception ?
Je considère ceci comme un mélange de propagande et de
préjudices, nés du contexte propre à cette période. Ainsi, alors que les Arabes
voyaient leur conflit avec Israël exactement comme cela – un affrontement entre
eux et Israël – les Israéliens présentèrent adroitement le même conflit comme
un élément de la Guerre froide, ce qu’il n’était pas. Du côté israélien, il
n’était pas seulement commercialement important de se présenter comme le camp
« gagnant des guerres » en utilisant des armements d’origine
occidentale contre des adversaires équipés d’armes soviétiques – tout
particulièrement à une époque où « même » les USA ne parvenaient pas
à vaincre le Nord-Vietnam (équipé par les Soviétiques) et les insurgés
communistes au Nord-Vietnam ; mais il était au moins aussi important pour
eux de s’imposer comme « supérieurs » dans les esprits des officiers
arabes.
Une autre raison expliquant que de telles conceptions
erronées aient pu émerger est le manque de compréhension général quant à la
nature même de la guerre aérienne moderne dans les années 60, et aussi au début
des années 70, et ce à l’Ouest aussi bien qu’à l’Est. Quel que soit le pays, ni
les officiers ni l’industrie de défense n’avaient une idée claire de la
tournure que prendrait une guerre aérienne opposant des chasseurs supersoniques
équipés de missiles guidés. De ce fait, l’idée naquit – et devint vite
généralisée – que si certains types d’avions et les systèmes d’armes associés
se comportaient d’une manière donnée à l’entraînement ou durant des tests,
leurs performances au combat seraient les mêmes (soit de préférence efficaces).
D’un autre côté, les capacités des avions et des armements de
l’ « ennemi » (en d’autres termes, les Soviétiques) ainsi que
les intentions de ce dernier, étaient souvent exagérées en public afin de
faciliter l’obtention de financements ou d’autres formes de soutien afin de
défendre des intérêts propres. Rétrospectivement, il est facile de conclure que
ce ne fut jamais le cas. Comme nous l’avons déjà vu avec l’expérience
américaine au Nord-Vietnam (et, toutefois à un degré moindre :
l’expérience avec les armements soviétiques durant le même conflit également),
les performances des missiles air-air s’avérèrent largement inférieures aux
prévisions ; tout comme celles de nombreux avions de combat coûteux et
complexes.
Hors, les superpuissances réagirent différemment une fois
ce phénomène connu. Les Américains en tirèrent un grand nombre de leçons utiles
et commencèrent à utiliser des technologies de pointe afin de surclasser leurs
opposants – et donc, indirectement, ceux d’Israël. Les Soviétiques commencèrent
ainsi à être à la traîne dans le développement des technologies concernées et,
durant des années, refusèrent d’admettre que leurs missiles air-air n’étaient
pas à la hauteur. Au lieu d’étudier soigneusement au moins l’expérience
nord-vietnamienne, ils blâmèrent les « pilote arabes » afin
d’expliquer ces défaillances. De ce fait, en 1973, les « MiG » de
fabrication soviétique en service dans les forces aériennes arabes avaient
technologiquement parlant presque une génération de retard sur les technologies
américaines alors accessibles aux Israéliens.
La série « Arab MiGs » aborde aussi ces développements,
notamment au moyen d’une étude au cas-par-cas de presque tous les combats
aériens opposant Arabes et Israéliens entre 1955 et 1973. Celle-ci révèle deux
périodes distinctes en termes de résultats: l’une s’étend de 1955 à 1966-1968
et l’autre de 1968-1969 à 1973. Durant la première période, les combats aériens
opposèrent des chasseurs aux performances très proches et uniquement équipés de
canons. Contrairement aux évaluations usuelles et après que les revendications
exagérées aient été identifiées, il s’avère que les résultats étaient assez
égaux. Bien que principalement entraînés pour les attaques contre des objectifs
terrestres (parce que leurs haut-commandements voyaient les forces aériennes
avant tout comme une « artillerie volante »), les pilotes arabes
abattirent – ou au moins endommagèrent – autant, ou presque autant – d’avions
ennemis que leurs homologues israéliens. De fait, certains de ces pilotes
atteignirent un « score » positif en combat aérien contre la Heyl Ha'Avir.
La situation changea progressivement avant, pendant, et
après la Guerre des Six Jours, quand l’introduction de hautes technologies
françaises – puis, et surtout, américaines – créa de vastes différences. Même
avec tout l’entraînement du monde (durant la période 1968-1973, l’entraînement
au combat aérien des pilotes arabes était plus intensif et plus réaliste que
celui de leurs homologues israéliens et occidentaux), les pilotes arabes ne
pouvaient tout simplement pas faire fonctionner leurs missiles R-3S, ceux-ci
étant incapables d’accrocher et encore moins d’atteindre des cibles rapides ou
manoeuvrantes en combat aérien. De plus, le problème ne se limitait pas aux
missiles air-air. Les canons DEFA de 30mm d’origine française s’avérèrent non
seulement bien plus adaptés au combat aérien que leurs équivalents soviétiques,
mais aussi beaucoup plus efficaces. C’était aussi le cas des technologies de
pointes américains – particulièrement les moyens de guerre électronique. Durant
cette période, les instructeurs soviétiques présents en Égypte et en Syrie
continuèrent à conseiller à leurs « étudiants » de se fier à leurs
missiles R-3S pratiquement inutiles, tout en ignorant le fait que le champs de
vision offert par le cockpit du MiG-21 était nettement plus limité que celui
offert par le cockpit, par exemple, d’un Mirage III – ce qui signifiait qu’un
pilote arabe ne pouvait même pas suivre les évolutions d’une cible directement
devant lui. L’ensemble de ces facteurs commença à donner aux pilotes israéliens
une appréciation situationnelle bien meilleure et une flexibilité étonnante en
combat aérien. Il s’agit de la principale raison expliquant l’accroissement des
pertes subies en combat aérien par les Égyptiens, puis les Syriens, à partir de
1969.
En d’autres termes ; Non, les pilotes israéliens
n’auraient pas fait mieux que leurs homologues arabes si ils avaient piloté des
« MiG » parce que l’armement et les équipements soviétiques étaient
inférieurs à ceux installés sur les Phantom, Mirage ou autres. De plus, la
nature du soutien fourni à Israël avec le temps était bien plus sophistiquée
que tout ce que les Arabes purent recevoir de l’étranger (l’aide reçue était
habituellement plutôt contre-productive dans ce dernier cas) et la Heyl Ha'Avir fut en mesure de mener des
batailles aériennes à l’aide d’un système de gestion de combats aérien très
avancé. Celui-ci incluait des moyens de détection précoce de l’ennemi et la
fourniture d’un soutien électronique pour les avions de combat pourvus d’armes
de haute-technologie. Il était de ce fait considérablement supérieur à ce que les Égyptiens, les
Iraquiens et Syriens furent en mesure de mettre en place, and le résultat de la
plupart des combats aériens à partir de cette deuxième période – et jusqu’à nos
jours – n’a rien de surprenant.
Une perception commune à
propos de la guerre du Yom de Kippour de 1973 est que les forces aériennes
égyptiennes et syriennes abandonnèrent toute velléité de contester la
supériorité aérienne israélienne, se reposant pour ce faire sur les SAM, et que
donc, la part qu’elles jouèrent dans le conflit fut négligeable. Qu’ont révélé
vos recherches à ce sujet ?
Cette
perception est pour l’essentiel correcte, du moins jusqu’à un certain point. Au
cours de la Guerre d’Usure, en 1969 et 1970, les Égyptiens ont réalisé qu’ils
ne pouvaient espérer contester la supériorité technologique israélienne, et ce
pour des années. En effet, ils comprirent que Moscou ne serait jamais prête à
livrer des équipements qui leurs permettraient de sérieusement contester à
nouveau la supériorité aérienne israélienne – y compris des équipements leur
permettant d’atteindre et de bombarder les bases aériennes ennemies. Ceci les
amena à constater qu’ils devraient mener leur prochaine guerre contre Israël
avec les moyens limités disponibles et non pas avec les armements qu’ils
auraient souhaité posséder. Ceci les amena à conclure que la force aérienne
égyptienne ne pouvait se battre pour l’obtention de la supériorité
aérienne : Les Égyptiens utilisèrent un réseau dense de sites surface-air (SAM)
afin de couvrir un espace aérien limité au-dessus de leurs forces terrestres,
et d’interdire, ou au moins de rendre difficile, son usage par les Israéliens.
L’espace aérien directement derrière cette zone était couvert par les MiG-21
qui y menèrent des patrouilles aériennes de combat (CAP, Combat Air Patrol,) à un rythme intensif. Cette solution consistant
à seulement dénier à l’ennemi un libre usage de l’espace aérien était tout sauf
satisfaisante, mais la seule disponible. Cette « théorie », si l’on
veut, fut aussi suivie par les Syriens qui commencèrent à établir un réseau de
SAM similaire durant l’été 1973.
Dans
la pratique, les réseaux de SAM Égyptiens et Syriens ne causèrent que
relativement peu de pertes aux chasseurs-bombardiers israéliens qui essayaient
d’attaquer les troupes au sol – toutefois seulement durant les deux ou trois
premiers jours de la guerre du Yom Kippour. Ce qui rendit ce concept beaucoup
plus efficace fut que les SAM forcèrent les Israéliens à voler bas, entrant
ainsi dans l’enveloppe de tir de toute sorte d’armes présentes dans les arsenaux
arabes, incluant non-seulement l’artillerie anti-aérienne comme les ZSU 23-4 et
les S-60, mais aussi les armes légères. Dans d’autres cas, les SAM occupèrent
l’attention des pilotes israéliens, qui ne virent jamais les MiG qui les
frappèrent. Associée avec des préjugés, nombre de ratages des services de
renseignements, et plusieurs décisions erronées du haut-commandement israélien,
cette combinaison causa à la Heyl Ha'Avir une attrition telle qu’elle cessa de
mener des missions d’attaques au sol sur la majeure partie des lignes de front
dans le Sinaï et le plateau du Golan. Les avis considérant que le rôle de la
guerre aérienne durant ce conflit fut de peu d’importance ou ne joua pas un
rôle important sont induits par le fait que la force aérienne israélienne ne
fut pas en mesure de remplir le rôle attendu d’elle dans presque toutes les
évaluations menées durant les années ayant immédiatement précédé la guerre
d’Octobre 1973. Cependant, le monde ne tourne pas autour d’Israël, ni autour de
la force aérienne israélienne.
De
fait, l’existence des réseaux de SAM arabes était combinée avec de fréquentes
frappes aériennes contre les forces terrestres israéliennes. Ces derniers
durent aussi toujours garder en tête la
présence de missiles surface-surface d’origine soviétique dans les arsenaux
égyptiens et syriens. Bien que les frappes aériennes arabes n’aient habituellement pas été particulièrement
efficaces (principalement à cause des armements soviétiques utilisés,
relativement légers et inefficaces), s’assimilant plutôt à des piqures de
moustique, elles eurent pour effet de pousser les Israéliens à mener des
opérations de « représailles ». De plus, la menace potentielle des
missiles (fabriqués et contrôlés par les Soviétiques) R-17E / SS-1b Scud-C en
Égypte, ainsi que des lancements bien réels de 9K52M Luna-M/FROG-7 syriens
contre la base de Ramat David en Israël,
poussèrent les Israéliens à lancer des opérations souvent massives, pour
des motifs plus émotionnels que strictement raisonnables et d’ordre militaire.
Finalement,
la Heyl Ha'Avir commença non-seulement à attaquer régulièrement nombre de bases aériennes
égyptiennes majeures, mais visa aussi spécialement les défenses protégeant les
sites de lancement de Scud installés dans la région de Port Saïd. Bien que la
plus grande partie de ces opérations s’avérèrent infructueuses, elles
marquèrent le début d’une bataille d’usure qui dura des semaines et qui - par
accident plus que par volonté délibérée – diminua graduellement l’efficacité du
réseau de SAM égyptien. Cette dégradation, combinée avec le franchissement
ultérieur du canal de Suez par les troupes terrestres israéliennes, créa
plusieurs trous importants dans la couverture offerte par le réseau de SAM,
contraignant la force aérienne égyptienne à déployer ses MiG-21 au-dessus du
front, et donc accepter une bataille aérienne qu’elle ne pouvait pas
gagner. Sur le front syrien,
l’importance des frappes aériennes syriennes – et iraquiennes - contre les troupes israéliennes prirent des
proportions telles que la Heyl Ha'Avir lança
une campagne intensive contre les bases aériennes ennemies dans le but de les
neutraliser. Ces raids s’avérèrent largement inutiles and causèrent surtout des
pertes supplémentaires ; dès lors, ils furent remplacés par une campagne
aérienne « stratégique »
visant l’économie syrienne. Les opérations qui en découlèrent eurent pour effet
de forcer les Syriens à retirer une partie de leurs batteries de SAM du Golan,
avec des effets similaires à ce qui se produisit sur le front du Sinaï :
contraindre les forces aériennes syriennes et irakiennes à engager leurs MiG-21
dans des combats aériens perdus d’avance.
Globalement, de par ses attaques contre la région de Port
Saïd, la force aérienne israélienne empêcha
les Égyptiens de mettre leurs Scud en batterie dans une zone depuis laquelle
ils auraient pu atteindre des cibles autour de Tel Aviv. Les attaques
successives contre le réseau de SAM égyptien le menèrent au bord de
l’effondrement, engendrant une attrition massive dans les unités de MiG-21 au
cours des derniers jours de la guerre. Surtout, la campagne contre les
infrastructures économiques syriennes s’avéra hautement fructueuse et eut
non-seulement des effets immédiats sur l’espace aérien au-dessus de la ligne de
front, mais également des conséquences à long terme sur l’économie de ce pays.
Par la suite, des milliers d’enseignements issus de l’expérience des
belligérants engagés dans le conflit s’avérèrent extrêmement déterminantes dans
le développement futur des avions de combat, des doctrines, des tactiques et de
la technologie. Pour prendre un seul exemple parmi des centaines : il
convient de garder à l’esprit que, tirant des conclusions prématurées quant à
l’efficacité des SAM arabes, les USA
lancèrent leur effort visant à développer des avions furtifs. Je présume qu’il
n’est pas nécessaire de rappeler l’importance des projets qui en découlèrent,
la plupart d’entre eux ayant avalé des milliards de dollars depuis. In fine, Je dirais que l’aspect aérien
de la guerre israélo-arabe d’Octobre 1973 joua un rôle important : Je
tends à évaluer ce conflit comme plus déterminant pour le futur de la guerre
aérienne que la guerre de juin 1967.
Les faits et les
conclusions mentionnées dans la série Arab MiG’s sont souvent très différents que ce l’on a
l’habitude de lire dans beaucoup d’autres publications portant sur les guerres
Israélo-arabes. Pouvez-vous nous en dire plus quant à la méthode que vous
suivez ainsi qu’aux sources utilisées pour arriver à de telles
conclusions ?
La situation dans les différents pays arabes est en général telle
qu’il est hélas impossible d’accéder aux archives locales ; de fait,
pratiquement inimaginable. Le « Printemps arabe » de 2011 n’a rien
changé à cet égard. Dans une certaine mesure, il a même aggravé la
situation : les conflits comme celui en cours en Syrie ont causé la perte
de certains de nos contacts et sources, ou empêché d’établir des contacts avec
de nouvelles sources. En conséquence, la série Arab MiGs est avant tout une forme de projet s’assimilant à une
histoire orale. Les narrations correspondantes fournissent une histoire presque
complète, mais non définitive : l’histoire est une science, mais jamais
exacte, et la totalité d’une histoire ne peut jamais être racontée. Dès lors,
après avoir assemblé l’ensemble des témoignages par ordre chronologique, et
afin de mieux expliquer – tout en l’appuyant par une approche scientifique –
des événements spécifiques dans leur contexte historique, il nous est paru
nécessaire d’appuyer les récits des participants sur un squelette composé de
documents officiels en notre possession (que ceux-ci proviennent de sources
arabes, américaines, ou encore européennes, y compris des documents récemment
découverts dans les archives tchécoslovaques et polonaises), quelques
autobiographies d’hommes d’état impliqués dans ce contexte et des informations
obtenues de « troisième main » (qui sont des « sources de
référence générales »). Le résultat de ce mix unique est un regard à la
fois nouveau et très «exclusif» couvrant
cet aspect – la guerre aérienne – de l’histoire moderne du monde arabe, mais
couvrant finalement aussi cette dernière : même les membres de l’équipe
travaillant sur cette série de livres furent surpris de voir avec le temps à
quel point nombre d’événements et de développements devenaient compréhensibles
du fait de l’usage d’une telle méthodologie de travail.
Pour beaucoup de lecteurs occidentaux (et aussi arabes) ce point
de vue est extrêmement inhabituel, parfois plutôt difficile à comprendre, et
encore plus à « accepter » : nous sommes habitués à ne faire
l’éloge que d’un des deux camps du conflit israélo-arabe et à sous-estimer,
dénigrer ou diminuer l’autre camp. Pour nous, il est parfois surprenant de
considérer à quel point les documents officiels ou les autres matériels
présentés dans la série Arab MiGs est
en fait d’origine occidentale ou encore du nombre de documents (ou autres
formes de soutien) que nous ont été transmis avec le temps par nos diverses sources israéliennes. En
d’autre termes, compte tenu de ce que nous devrions connaître des conflits
israélo-arabes, de ce que nos (en Occident) sources diplomatiques, militaires
ou encore nos services de renseignement, savent, nous devrions savoir que les
guerres israélo-arabes sont tout sauf aussi déséquilibrées que ce qui est
habituellement décrit. Mais la majorité d’entre nous ignore ce fait. Parce que le point du vue offert par cette
série de livres est si différent de l’histoire coutumière des guerres israélo-arabes
présentée au public occidental – soit, pas aussi partiale que d’habitude, il
n’est guère surprenant que certains la présentent comme
« révisionniste ». Cependant, ceci ne fut jamais notre intention. En
tant qu’auteurs, nous voyons comme un devoir le fait de jouer un rôle de « modérateurs » :
des personnes collectant des informations pertinentes avant de les présenter au
lecteur à travers ce que disent les sources « autres
qu’habituelles », sans pour autant les dénaturer en y ajoutant nos propres
commentaires ou conclusions.
L’interview en
anglais
How such
a project came into being? Could you also tell us to which extent the usually
available perceptions about Arab military performances in general, and
specifically those of their air forces, are relevant?
The project that resulted in the Arab MiGs
series of books came into being rather gradually. Matter of fact is that the
history of Arab air forces in general is one of most-underreported stories in
regards of modern warfare ever: so many different air forces of Arab countries
have participated in so many important conflicts. Their experiences proved
crucial for the development and emergence of doctrine, strategy, tactics and
technology of modern-day aerial warfare. However, except for three books and
few articles next to nothing has been published about them in the last 40-50
years; there was no single-source, coherent and integrated history placed
properly within the context of political history too. Instead, most of what is
thought to be known about Arab air forces are mere rumours, hear-say and quite
some wild guessing from Western sources, usually leaning on Israeli sources and
therefore heavily biased.
Dr David Nicolle is researching about Arab
air forces since more than 40 years; Lon Nordeen and me since 30. Over the
time, each of us collected immense amount of very different information. There
was necessity to finally assemble all of these ‘pieces of puzzle’ into one, big
picture. Even so, David and me originally didn’t intend to do more but prepare
one book about MiG-21-operations and one about MiG-17-operations by Arab air
forces. The MiG-21-book was published by Osprey in 2003, but it proved much too
small a format but to bring even 50% of materials we’ve had already then.
Furthermore, Osprey subsequently turned down our project proposals for a
follow-up on MiG-17s. Similar was the case with a host of other publishers, all
of which have turned down our related project proposals. Indeed, especially US
and British publishers showed extreme lack of will to do anything about ‘such
topics’, some even replying that (to paraphrase several of replies), ‘there is
no way they would ever publish a book presenting Arab air forces as a coherent
and professional armed service’.
It turned out we needed a de-facto own publisher
that would print what we had in our minds. That’s how Harpia Publishing came
into being. That took several years to organize and meanwhile Brig Gen Ahmad
Sadik (IrAF, ret.) joined our emerging team, enabling us to widen the scope and
coverage of what was in our work.
Eventually, David and me sat down to pen
the story of MiG-15s and MiG-17s in service with Arab air forces. That’s how
Arab MiGs Volume 1 came into being. As next we intended to continue with a new
volume on MiG-19s and MiG-21s. However, already during the work on Volume 1 it
turned out that we have got so much important materials, so many stories to
tell, and that there is still so much unknown, so much unpublished about
different Arab air forces that it would require not only two or three volumes,
but an entire series of books to tell all of what we have got. For example, in
reaction to Volume 1, we have established contact to Group 73 – a group of
amateur historians from Egypt – that helped us obtain original Egyptian
documentation from the 1960s. The documents in question made it possible to
study and explain not only the ‘inside story’ of the Egyptian air force from
those times, but also finally explain the reasons for Arab defeat during the
June 1967 Arab-Israeli War. That is how Volume 2 came into being – which I
consider the actual centrepiece of this series, and a sort of crucial tome.
Once Volume 2 was out, the rest was
‘logical’: the series continued in chronological fashion, with all the millions
of details we’ve collected over the time coming together in beautiful fashion.
While, sadly, Brig Gen Sadik was prevented from working with us because of his
arrest and illegal detention by Syrian authorities, the information he provided
earlier proved crucial for our ability to cover the history of the Iraqi Air
Force during the 1950s and 1960s. Furthermore, during the work on Volumes 3 and
4, we established contact to Patricia Salti. Widow of Muwafaq Salti,
Hunter-pilot of the Royal Jordanian Air Force killed in action during an air combat
with Israeli Mirages in November 1966, Mrs Salti is leading historian of
military flying in Jordan and has hugely enhanced our books with a large volume
of original documentation and first-hand information too. Between others, we
entered cooperation with Czech historian Martin Smisek who began supplying us
with precious original documentation from local archives, and so on.
In summary it can be said that the project
that led to the Arab MiGs series of books evolved over the time, that it
resulted in a true encyclopaedia of Arab air forces at war with Israel, in
period 1955-1973, and that it is providing coverage that is far wider than its
title might suggest. At least as important is the fact that it has provided a
very unique insight into this topic and is certain to result in a host of
additional related works that are going to be published in the future.
Could you
explain us the origins or the various Arab Air Forces covered in the Arab Migs series?
Although nearly all of Arab air forces
were established under British influence – i.e. the influence of British
presence in the countries in question – the origins of services discussed in
the Arab MiGs series of book differ widely. While often belittled or outright
ignored in the West, matter of fact is that some of air forces in question are
the oldest such services around the world; indeed, decades older than certain
well-known air forces.
Egyptian, Iraqi and Jordanian air forces
were established in direct cooperation with the British, already in the early
1930s. For the first years of their existence, they operated as de-facto ‘royal
flying clubs’ equipped with few obsolete armed aircraft. However, the Iraqi air
force has shown a strong signal of independence from the British already during
the so-called Rashid Uprising in Iraq, in 1941, and the Egyptian put up a much
more powerful performance than usually reported during the I Arab-Israeli War
of 1947-1949.
Because we have set up the starting date
of the Arab MiGs series with 1955, and because the history of Egyptian, Iraqi
and Jordanian air forces have been discussed in some of earlier publications,
we did not go into related topics very closely in any of our volumes.
Nevertheless, because the histories of other Arab air forces that became involved
in wars with Israel were never published before, we did research and publish
quite a lot about emergence of other Arab air forces – especially the Lebanese
and Syrian, but also Algerian, Moroccan and Yemeni – and, thanks to Patricia’s
cooperation, we considerably enhanced earlier coverage of the Jordanian air
force. That’s why now it can be said that although the Syrian Arab Air Force
came into being with some French help during the late 1940s, and despite
contracting some Croatian and German advisors and pilots early on, it
subsequently developed almost entirely on its own, with only a relatively
little aid from former Czechoslovakia. Algerian air force was created with
Egyptian help; Moroccan with some help from France, but also Soviet Union and
even the USA; while that of – for example – Yemen (that is: former North Yemen)
came into being exclusively thanks to soviet involvement.
However, regardless who helped establish what Arab air
force, one thing is common to all of them: they were all created literally ‘out
of nothing’, in countries with next to no industrial base and necessary
know-how, and then in a matter of only a few years.
Why such countries such as Syria and Egypt turned to
Soviet Union for equipping their air forces to such an extent that they flew
nearly only MiG and Sukhoi fighters? What was the extent of Soviet support, as
the later reportedly flushed their Arab allies with their latest technologies?
Ironically, reasons for this decision were
as complex as simple – and far reaching and, nearly certainly, surprising for
most of readers in the West. In mid-1950s, Egypt and Israel were secretly
negotiating for peace. In order to sabotage related negotiations, a group of
‘hawks’ in Israeli military- and intelligence establishment launched a series
of attacks on Egyptian border posts, and also several bombings of British and
US interests in Egypt. Already in the process of finally having last British
troops vacating their bases in the country, this prompted Cairo to start
searching for new source of aid and financial support. Egyptians first
requested arms and loans (latter were primarily important for construction for
the colossal Aswan Dam) from the USA. Americans conditioned provision of both
on receiving rights to establish military bases in the country. Having just got
the British to finally vacate Egypt, president Gamal Abdel Nasser could not
accept such conditions. Therefore, his emissaries began searching elsewhere
around Europe and Asia. Between others, they established contacts to Prague,
and began ordering Czechoslovak-manufactured aircraft and tanks. Syrian
government merely followed in fashion. That is how Egypt – and thus Arab air
forces – began acquiring ‘MiGs’.
Regarding question about extension of
Soviet support, it must be said up-front that certain experiments with
‘socialist’ economic system in Egypt and Syria of the 1960s should not be
misinterpreted and superimposed over general nature of Arab-Soviet relations
between mid-1950s and late 1980s. Namely, despite countless political
declarations, no Arab country has ever introduced anything like ‘socialist’
system of government. Therefore, primary nature of cooperation between
different Arab countries and the Soviet Union was that of Arabs being customers
for Soviet arms, and Soviets being producers and deliverers w- usually with
minimal or no political influence at all. (Similarly, on the diplomatic
frontlines, extension of Soviet ‘support’ was always rather minimalistic; it is
ironic that provoking the June 1967 Arab-Israeli War – and thus the greatest
catastrophe of Arab militaries in modern history – through provision of fake
military intelligence is something like the greatest Soviet ‘contribution’ in
this regards.)
There were two primary reasons for Arabs
purchasing Soviet armament: Soviet armament was cheaper (or at least offered at
very competitive conditions), and Soviets (or their allies) were usually able
to deliver large quantities of armament within much shorter periods of time
than the West could (all provided it was willing to sell anything at all). Here
it is important to stress: except for equipment Soviets provided to Egypt and
Syria after the June 1967 Arab-Israeli War, and except in the case of (former)
North Yemen, Arabs always paid for all the armament they have bought from the
Soviet Union. Nothing was delivered ‘free’.
However, due to a combination of lack of
interests (or different interests than those of Arabs), lack of will, and lack
of technological capabilities, and contrary to French and US support for
Israel, Soviets persistently refused to deliver their ‘best’ armament and
equipment to Arabs.
It was quite early that Moscow concluded
it could not seriously influence different Arab countries: satisfied with the
mere notion of having them as its ‘clients’, it remained foremost interested in
‘maintaining status quo’, and was thus never eager to support Arabs through
provision of more advanced weaponry. Furthermore, after provoking the June 1967
Arab-Israeli War, Soviet leadership became extremely reluctant to provide any
kind of offensive armament: majority of what they delivered were defensive
weapons (like MiG-21s, SAMs etc.). Last but not least, Soviet financial support
was nearly non-existing: the Soviets never invested into Arab economy nor provided
such extensive funding for development of local industry like the French,
Americans, even British and Germans were doing in Israel (and Americans are
still doing).
June 1967
is considered as the textbook example of one Air Force crushing its opponents
at the outset of a conflict; could you tell us more about the six days war in
the air?
The air warfare during the June 1967
Arab-Israeli War and its results were a logical consequence of two major
contemporary trends. On one side, and despite acquiring significant quantities
of new equipment, Arab – and especially Egyptian – air forces have experienced
significant degradation in their capabilities and overall effectiveness during
mid-1960s. Reasons were primarily related to general political instability, but
also incompetence, nepotism, and outright corruption. On the other side, the
Israeli air force reached its zenith through introducing entirely new tactical
methods, almost ‘swimming against the mainstream’ while custom-tailoring
available equipment to local circumstances and own needs.
Namely, at the time other air powers were
introducing ever more complex and ever heavier aircraft types equipped with
ever more complex weapons, the Israeli Defence Force/Air Force (IDF/AF) made
excellent use of relatively simple aircraft and – theoretically – obsolete
weapons to launch an all-out effort. The Israeli intentions and capabilities,
indeed, even the plan for their Operation Focus (all-out attack on all major
air bases of their opponents) were nothing new or unknown abroad. However,
thanks to availability of superior and – foremost – timely intelligence, they
worked excellently. The Israelis knew in what state of chaos and actual military
inability their opponents were, and they exploited this fully.
Result was that the opening waves of the
Israeli aerial onslaught on Egypt have set the military- and then political
leadership in Cairo in such a state of shock that this did not recover for
years afterwards. Although Egyptian losses were nowhere near as heavy as
usually claimed by the Israelis, their air force was subsequently unable to
participate in the war in any effective fashion. This in turn resulted in a
major mistake by top Egyptian military commanders, which then had not only
severe repercussions for their country and its forces, but also most of
Israel’s neighbours: namely, the state of affairs back then was such that Egypt
was the Arab military powerhouse and when this was ‘out of order’ – no matter
for what reason – nobody else could take over instead. Although honourable
feats (usually entirely ignored by Western observers), minor defensive
successes achieved by Iraqi and Syrian air forces were less than a ‘sideshow’:
they never put more but a dent into Israeli operations.
Overall, considering prevalent
circumstances of the time, lack of intelligence, planning and realistic
training of Arab air forces, the disastrous outcome of that war (from the Arab
point of view) was pre-programmed; this is why it never stops amazing me to
hear description of Israel supposedly fighting a ‘pre-emptive war’ in June 1967
from so many notable historians in the West.
There is a famous affirmation telling that the Israeli
superiority in the air was the consequence of the better training received by
its pilots, to the point that had these had flown MiG-21 instead of Mirage IIIC
while the Arabs pilots would had flown Mirage and not Russian fighters, the end
result would had been the same. What is your point of view about this perception?
I consider this a mix of propaganda and
plenty of prejudice, born out of the context of those times. Namely, while
Arabs saw their conflict with Israel as exactly that – a clash between Arabs
and Israel – the Israelis skilfully propagated their conflict with Arabs as an
element of the Cold War, which it was not. From Israeli aspect, it was not only
commercially important to present themselves as a party ‘winning wars’ while
using armament of Western origin against parties equipped with Soviet weapons –
especially so at the times ‘even’ the USA didn’t manage to win a clear-cut
victory against (Soviet-equipped) North Vietnam and Communist insurgents in
South Vietnam; at least as important for the Israelis was to impose themselves
as ‘superior’ even in minds of Arab military officers.
Another reason from which such
misconceptions emerged is that of general lack of understanding for the very
nature of modern-day aerial warfare that was widespread in the East and the
West of the 1960s, even well into 1970s. No matter in what country, neither
military officers nor defence industry had a clear idea of what is an air war
pitting supersonic fighters equipped with guided missiles going to look like.
Instead, the idea was born – and widely-propagated – that if certain aircraft
type and associated armament systems are performing in specific fashion during
training or testing then they ‘must’ perform in same (preferably ‘effective’)
fashion in combat too. On the other hand, capabilities of ‘enemy’ (read:
Soviet) aircraft and weapons, and intentions, were often exaggerated in public
with the aim of ascertaining funding and various other support for own
interests.
With hindsight it is easy to conclude that
this was never the case. As we have seen already from US experiences over North
Vietnam (and, although to a much lesser degree: experiences with Soviet
armament during that air war too), especially air-to-air missiles fell far
short of expectations; many of complex and expensive combat aircraft too.
Different nations reacted to corresponding
realisations in different fashion. Americans drew a host of useful reasons and
began using high-technologies to overwhelm their – and thus, indirectly,
Israeli – opponents. Soviets not only began to lag behind in relevant
technological development: for a number of years they outright refused to
realize that their air-to-air missiles were not up to the task. Instead of
carefully studying at least North Vietnamese experiences, they put all the
blame on ‘Arab pilots’. Because of this, by 1973, and technology-wise,
Soviet-made ‘MiGs’ in service with Arab air forces were nearly a generation
behind in comparison to all the high-technology made in USA available to
Israel.
Related to such developments is another
result of the work on Arab MiGs series of books, namely a blow-by-blow study of
nearly all of air combats between Arabs and Israelis fought between 1955 and
1973. Here it turned out that there were two distinct periods related to usual
outcomes of majority of aerial clashes: one lasting from 1955 until 1966-1968,
and another from 1968-1969 until 1973. During the first of these two periods,
majority of air combats were fought by fighters of near-equal performances and
exclusively by cannons. Contrary to usual assessments, and when all the
exaggerated claims are sorted out, it turns out that the outcome was quite
even. Although primarily trained for air-to-ground operations (because their
top commanders saw their air forces foremost as a sort of ‘mobile artillery’)
Arab pilots were shooting down – or at least damaging – as many or at least
nearly as many Israeli aircraft as they were losing. Indeed, some of them
maintained positive scores in air combats against Israelis.
The situation began to turn immediately
before, during and after the June 1967 Arab-Israeli War, when induction of
French- and then especially US-made high-technology began to make huge
differences. No matter how hard and how realistic they trained (and air combat
training of Egyptian and Syrian pilots in period 1968-1973 was far more
intensive and much more realistic than that Israel or any of Western air
forces), Arab pilots simply could not get their R-3S missiles to work. These
could neither track nor hit fast-moving or hard-manoeuvring targets in air
combat. Add to this the fact that it was not only air-to-air missiles.
French-made DEFA 30mm cannons proved not only much more suitable for air combat
than their Soviet ‘competition’, but also wastly more effective. US-provided high-technology
– especially means of electronic warfare – too. Through all of this time,
Soviet instructors in Egypt and Syria insisted on their ‘students’ to rely on
near-useless R-3S missiles in air combat, all the while ignoring the fact that
already the view out of the cockpit of MiG-21 was much poorer than that out of
the cockpit of, for example, Mirage III – which meant that an Arab pilot
couldn’t even properly track a target directly in front of him. Combined, all
of these factors began to provide Israeli pilots with superior situational
awareness and stunningly superior flexibility in air combat. That is the major
reason for Egyptians, and then Syrians, beginning to suffer ever increasing
losses during clashes with the Israelis, starting with 1969.
In other words: no, Israeli pilots would
not have done better than Arabs if they would have flown ‘MiGs’, because Soviet
armament and equipment were simply not matching that installed on Phantoms,
Mirages and other types. But especially: the very nature of foreign support
Israel obtained over the time was so much more sophisticated than whatever
support Arabs have got from abroad (the latter was usually rather contra
productive), that the IDF/AF was able to fight air battles with help of a
highly advanced air combat system. This system included methods of early
detection of the enemy and provision of electronic warfare support for combat
aircraft equipped with high-technology weapons. As such, it was several
magnitudes superior to even the best Egyptians, Iraqis and Syrians were ever
able to put up, and outcome of most of air battles from that second period –
but also ever since – is not the least surprising.
The
mainstream perception about the 1973 Yom Kippur war is that the Egyptian and
Syrian Air Forces gave up any idea of contesting Israeli air superiority,
relying instead on SAM, and hence that their part in the conflict was
negligible. What did your researches revealed on this topic ?
Generally, this perception is quite
correct, at least to a certain degree. During the War of Attrition, in
1969-1970, Egyptians have realized that the Israelis were in possession of such
vast technological superiority, that they could not hope to match this for
years longer. Indeed, they realized that Moscow would never be ready to deliver
equipment that would enable them to seriously challenge Israeli aerial
superiority again – not even equipment enabling them to reach and bomb Israeli
air bases. This lead to realisation that Arabs would have to fight the next war
against Israel not equipped the way they wanted to be equipped, but with
limited means that were on hand. This in turn led to the conclusion that
Egyptian air force could not fight for air superiority: instead, Egyptians used
a network of densely deployed surface-to-air (SAM) sites to cover a limited
piece of airspace over their ground troops, and deny, or at least make it hard
for the Israelis to use this airspace. The airspace further behind that zone
was covered by MiG-21s that flew intensive combat air patrols (CAPs). This
solution of ‘only’ denying the free use of airspace to the Israelis was
anything but satisfactory, yet the only solution available. This ‘theory’ if
you like, was followed by the Syrians when they began establishing a similar
SAM-network in summer of 1973.
In practice, Egyptian and Syrian
SAM-networks caused relatively few losses to Israeli fighter-bombers that were
trying to attack Egyptian ground-troops – but did so only during the first two
or three days of the October 1973 War. What made this concept much more
effective was that the SAMs forced the Israelis to fly low, where they were
exposing themselves to full envelope of all sorts of weapons in Arab arsenals,
including not only lethal ZSU-23-4 and S-60 flaks, but also small arms. In
other cases, SAMs made Israeli pilots so busy, they would never see MiGs that
have hit them. Combined with prejudice, a number of intelligence failures, and
several wrong decisions by top Israeli commanders, this combination imposed
such attrition upon the IDF/AF that it practically stopped flying ground
attacks over much of frontlines on the Sinai and Golan Heights.
Opinions like that aerial warfare during
that conflict was unimportant or did not play an important role are born out of
the fact that the IDF/AF failed to play the role it expected to fight in nearly
all assessments from the years immediately before the October 1973 War.
However, the world is not evolving around Israel, nor around Israeli air force.
Namely, the existence of Arab SAM-networks
was combined with frequent air strikes by Arab fighter-bombers against Israeli
ground troops. The Israelis always had to keep in mind the existence of
Soviet-made surface-to-surface missiles in Egyptian and Syrian arsenals too.
While Arab air strikes were usually not particularly effective (primarily
because of relatively light and ineffective weapons of Soviet origin), i.e.
rather ‘needling’ their opponent, they did have the effect of provoking
Israelis into ‘retaliation’. Furthermore, the theoretic threat of (Soviet-made
and controlled) R-17E/SS-1b Scud-C missiles in Egypt, and real attacks by
Syrian 9K52M Luna-M/FROG-7 against Ramat David Air Base in Israel provoked the
Israelis into often massive operations motivation of which was rather of
emotional than of reasonable, military nature.
Eventually, the IDF/AF began not only
flying regular attacks on a number of major air bases in Egypt, but especially
against defences protecting Scud-launching sites in Port Said area. While most
of operations in question proved unsuccessful, they thus initiated a battle of
attrition that not only lasted for weeks, but which – more by accident than by
design – gradually degraded the effectiveness of the Egyptian SAM-network.
Combined with subsequent crossing of Suez Canal by Israeli ground troops, it
created several large gaps inside this coverage, in turn forcing Egyptian air
force to deploy its MiG-21s over the frontlines and accept an air battle it
could not win.
On the Syrian front, the extension of
Syrian – and Iraqi – air strikes on Israeli ground troops reached such
proportions that the IDF/AF launched an intensive onslaught on air bases with
the aim of shutting these down. This proved largely pointless and resulted in
additional attrition; therefore a ‘strategic’ aerial campaign against Syrian
economy was launched instead. Related operations had the effect of forcing
Syrians to withdraw significant parts of their SAM-network from the Golan. They
also drew Syrian (and Iraqi) MiG-21s into air combats they could not win.
Overall, through attacks on Port Said
area, the IDF/AF prevented Egyptians from bringing their Scuds into a position
from which these could hit targets in Tel Aviv area. Successive attacks on the
Egyptian SAM-network brought this on the verge of collapse, and resulted in
massive attrition of MiG-21s during the last few days of the war. More
importantly, the campaign against Syrian economic installations was highly
successful and had not only immediate effects for the situation in the air over
the frontlines, but also far-reaching consequences for the economy of that
country. Subsequently, thousands of experiences from both sides of this
conflict proved highly influential for future development of combat aircraft,
doctrine, tactics, and technology. Just one out of hundreds of examples: keep
in mind that the premature conclusion about effectiveness of Arab SAMs resulted
in the USA launching efforts to develop ‘stealth’ aircraft. I guess it is
unnecessary to stress the importance of related projects, most of which gulped
billions of US Dollars ever since.
Therefore, I would say that the air
warfare during the October 1973 Arab-Israeli war did play an important role: I
tend to assess that war as more influential for the future of aerial warfare
than the June 1967 Arab-Israeli War.
The
conclusions and facts mentioned in the Arab series are very different that one
use to read about the Israeli-Arabs wars in numerous publications, could you
tell us more about the method you followed and the sources you drew on to
arrive to such conclusions ?
Sadly, the situation in different Arab
countries in general is such that research in local archives is impossible;
indeed, near-unimaginable. The so-called ‘Arab Spring’ of 2011 failed to change
anything in this regards. To a certain degree, it worsened the situation:
conflicts like the one in Syria have resulted in loss of some of our most
important contacts and sources, or prevented establishment of contact to new
sources.
Correspondingly, the Arab MiGs series of
books is primarily an oral history kind of project: it’s centrepiece are
interviews we have run with hundreds of participants over the years. Resulting
narratives are providing a near-complete, but not a ‘complete’ story: history
is a science, but never an exact one, and the full story can never be told.
Therefore, after assembling all the narratives in chronological order, and in
order to better explain – and support in scientific fashion – specific
developments within their historic context, we have found it necessary to
‘lean’ participant-narratives on a ‘skeleton’ composed of whatever official
documentation we have got (whether from Arab, US, or several European sources,
including recently discovered files in Czechoslovak and Polish archives), few
autobiographies of relevant statesmen, and information obtained from
‘third-hand’ type of sources (which is ‘general sources of reference’). The
result of this unique mix is an entirely, very ‘exclusive’ new insight into
this aspect – aerial warfare – of modern Arab history, but also that on modern
Arab history in general: even members of the team working on this book series
were surprised how many events and developments became understandable because
of this methodology of work over the time.
For many readers in the West (and for many
Arabs too) this point of view is extremely unusual, sometimes rather hard to
understand, not to talk ‘accept’: we are used to praise one side in the
Arab-Israeli conflict, underestimate, disparage and even belittle the other.
For us, this is sometimes surprising considering how much of official
documentation and other materials presented in the Arab MiGs series of books is
actually of Western origin or how many materials (and other kind of support) we
have received from various Israeli sources over the time. Means: considering
what we should know about Arab-Israeli conflicts, what our (Western)
diplomatic-, intelligence- and military sources know, we all should know that
Arab-Israeli wars are anything but as one-sided as they are usually described.
But, majority of us does not know about this fact.
Unsurprisingly, because the point of view
offered by this book series is so much different from the usual story of
Arab-Israeli wars presented in Western public – means: not as one-sided as usually
– some are describing the Arab MiGs series of books as ‘revisionist’. That,
however, was never our intention. As authors, we foremost see our duty as that
of ‘moderators’: persons collecting relevant information and then presenting it
through guiding the reader through what ‘other than usual’ sources say, without
colouring our findings with any kind of our own commentary or conclusions.
Je suis scié, Mr Cooper fait partie des rares auteurs dont on ne se lasse pas, j'ai lu ses articles (pas tous, mais quelques uns), j'ai lu ses livres, (pas tous mais quelques uns), avec un point commun dans tout les cas, à la fin on n'en voulait encore et encore.
RépondreSupprimerLa je viens de finir l'interview, et je dois avouer, que je l'aurait voulu plus long...ne voyez dans mon commentaire aucune allusion à caractère sexuel, c'est la seule manière que j'ai trouvé pour dire tout le bien que je pense des écrits de ce Monsieur...
Une seule question me taraude l'esprit, après toutes les nouvelles infos acquises après la sortie de "Iran Iraq War in the Air 1980-1988" est ce qu'une sorte de "mise à jour" est prévue pour cette nouvelle bible de la Guerre Aérienne ?
Bonjour,
RépondreSupprimerJe n'ai pas vu de mention récente d'un projet de "mise à jour" de Iran-Iraq War in the Air sur le forum Acig en tout cas. A ma connaissance, les dernières publications de Tom Cooper sur ce sujet sont les deux volumes HS Avions de 2007, ainsi que le livre "Iraki Fighters" chez Harpia Publishing en 2008.
Bien cordialement
Adrien Fontanellaz
Bonjour,
SupprimerTout d'abord Merci d'avoir pris le temps de répondre, quand je disais (enfin quand j'écrivais plutôt) mise a jour je pensais plus à une sorte de "Iran-Iraq War in the Air" revised edition, mais bon...il est vrai que c'est très peu probable.
J'ai lu les deux ouvrages cités dans votre réponse, le premier en francais fait un très beau complément, le deuxième est plus coté "historique" de la chose, bref si vous etes en contact avec Mr Cooper, souhaitez lui de ma part Bon Courage et Bonne Continuation.
Amicalement
Bonjour,
RépondreSupprimerMais de rien,
Sinon, n'hésitez pas à vous inscrire sur le forum acig.info, il y intervient parfois, et vous pourrriez ainsi le lui dire vous-même :-)
Amicalement
Adrien Fontanellaz
Merci pour le conseil...je suis un grand Timide (Mais je me soigne...)
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