Los
Zetas. Le nom est désormais devenu incontournable de la longue
histoire des cartels mexicains. Le groupe, composé d'anciens soldats
des forces spéciales mexicaines, est né pour servir, au départ, de
garde rapprochée au chef du puissant cartel du Golfe. Ces défecteurs
de l'armée ont imposé dans le milieu des cartels des techniques
militaires, des tactiques de choc, offensives, tout en faisant usage
d'une grande brutalité. Au bout de quelques années, cette élite
paramilitaire est devenue suffisamment puissante et sûre d'elle-même
pour s'émanciper de son « patron », le cartel du
Golfe, et soutenir une véritable guerre contre celui-ci et ses
alliés du cartel de Sinaloa, ennemi juré des Zetas. Le groupe a
profité de son émancipation pour s'implanter en dehors du Mexique,
aux Etats-Unis, mais aussi en Amérique centrale, et notamment au
Guatemala. Bien que fragilisé par la mort ou l'arrestation
successives de plusieurs chefs en 2012-2013, les Zetas n'ont pas
disparu. Ils ont contribué à la militarisation accélérée des
autres cartels et groupes mafieux, pour faire face à la menace
qu'ils constituaient. C'est au cours de la lutte fratricide avec le
cartel du Golfe que sont apparus, par exemple, les premiers véhicules
blindés improvisés au Mexique. Un groupe comme la Familia
Michoacana a relevé le défi pour affronter à armes égales les
Zetas. Ceux-ci se sont davantage imposés par leur excellence
militaire et leur capacité à terroriser leurs ennemis plutôt que
par la corruption ou les manoeuvres en coulisse. L'une des dernières
conséquences du processus enclenché par les Zetas -qui a aussi
conduit à faire grimper de manière vertigineuse le taux de violence
du pays- est l'apparition, parfois discrètement encouragée par
l'Etat, de milices d'autodéfense populaires, en particulier dans
l'Etat du Michoacan.
Stéphane Mantoux