vendredi 14 avril 2017

La reprise de Palmyre par l’Etat islamique, troisième manche (1/2)

Par Grégoire Chambaz

Une colonne de combattants de l'Etat islamique progresse en direction de l'aéroport de T4 le 11 décembre.

Après avoir perdu Palmyre le 27 mars 2016, l’Etat islamique lance une offensive éclair sur la ville début décembre. En sept jours, l’EI reprend aux loyalistes les champs gaziers de Shaer, Maher, Jazal, Jihar, la ville de Palmyre et met le siège par devant la base aérienne de T4[1], la plus importante de Syrie. Cette poussée sans équivalent dans le conflit syrien réduit un saillant loyaliste de 85 sur 55 km (en son emplacement le plus large) du désert syrien – véritable profondeur stratégique de l’Etat islamique. Pourtant, le régime disposait d’un important avantage en effectifs et en matériels dans la ville et ses environs. A travers cet article, nous allons tenter d’expliquer les raisons de la recapture de Palmyre par l’EI et d’éclairer le lecteur sur le terrain difficilement compréhensible de la guerre en Syrie.


Pré-offensive : Situation

Durant les mois précédant l’offensive, loyalistes et Etat islamique poursuivent une série d’escarmouches au moins hebdomadaires, principalement à l’est de la ville et dans les champs gaziers au nord. Quelques jours avant l’attaque, le régime avait tenté une offensive pour sécuriser Huwayis (voir carte) qui s’était soldée par un échec. Plusieurs signes attestent que le régime se préparait à lancer d’autres offensives d’envergure limitée. Dans la ville même, la quasi-totalité de la population a fui loin du front, suivant la reprise de la ville par les loyalistes en mars 2016. Environ 2’500 résidents (300 familles) demeurent dans la cité, à savoir moins de 5% de la population de la ville avant la guerre. La plupart des résidents sont trop pauvres pour partir, ou bien des fonctionnaires du régime contraints de demeurer sur place.
L’accès à la ville est défendu par trois positions principales. Premièrement, le mont al-Tar au nord-ouest, qui domine la cité et interdit toute entrée dans la ville depuis cette direction. Le Jabal al-Mazar au nord, une chaîne montagneuse, agit comme rempart. Deuxièmement, les silos à grains à l’est constituent un complexe défensif sur la route Palmyre – al-Sukhna et donnent une vue dégagée sur celle-ci. Au sud-est, le Sabkhat Muh, un lac intermittent, barre tout passage. Troisièmement, la route d’accès à l’ouest de la ville est protégée par le Jabal Hayyal, une autre chaîne montagneuse au sud-ouest. Les champs gaziers et le reste du saillant sont caractérisés par un paysage soit plat et désertique, soit montagneux. Avec un front de plus de 200 km, surveiller l’ensemble de la zone est presque impossible sans effectifs conséquents. C’est pourquoi les belligérants s’en tiennent au contrôle des nœuds de communication et des hauteurs dominantes. Même avec un soutien aérien, le renseignement sur les mouvements de l’adversaire ne peut qu’être parcellaire compte tenu de l’étendue du terrain.


Forces en présence

La ville et les champs gaziers sont défendus par environ 4’500 hommes, auxquels s’ajoutent des unités des forces spéciales et des conseillers militaires russes (environ 350 personnels), ainsi que leurs homologues iraniens. Les forces loyalistes, disparates, sont à efficacité variable. On trouve 1’000 hommes de la 11e et de la 18e division, unités régulières et relativement bien équipées, bonnes troupes de garnison ou de guerre de positions. S’y ajoute un contingent de 650 hommes des forces Tigre. Ces troupes d’élite dépendent du puissant Directoire du renseignement des forces aériennes. Le service concurrent, le Directoire du renseignement militaire, aligne deux milices sur place, auxquelles s’ajoutent des éléments des forces de défense nationale, une milice paramilitaire gouvernementale, trois milices locales, une milice tribale et des éléments du Hezbollah syrien, totalisant 1’800 combattants.
Mis à part le Hezbollah syrien, qui affiche d’excellentes performances (à l’instar de son mentor libanais), la plupart des milices existent plus en raison de leur loyauté affichée pour le régime ou de relations clientélistes que de leur efficacité militaire. En conséquence, leur usage se cantonne principalement à des missions de garnison et de surveillance. Pour terminer, 1’200 Afghans de la brigade des Fatimides, encadrés par les Gardiens de la révolution islamique, complètent le tableau. Bien équipés, ceux-ci sont toutefois peu motivés, notamment en raison du recrutement forcé[2] et d'un conflit loin de leurs préoccupations immédiates.
Deux jours avant l’offensive un contingent d’environ 500 hommes d’une des milices stationnées à Palmyre avait fait route vers Alep, alors sur le point d’être capturée par les forces loyalistes. En conséquence, le nombre de combattants s’élevait probablement à 5’000 les semaines précédant l’offensive. Il se pourrait que ce départ ait pu précipiter le déclenchement des opérations. En e et, les conditions paraissent alors idéales pour l’Etat islamique : le régime syrien focalise son attention sur Alep, où il a besoin de toutes ses forces pour terminer le siège de la ville. La plupart des troupes laissées dans la région de Palmyre sont de qualité médiocre et le temps qui s’annonce est suffisamment mauvais pour échapper aux frappes aériennes. De plus, l’EI a grand besoin d’une victoire médiatique, après une longue série de défaites (depuis 18 mois).
Dans cette optique, l’opération est conduite par le commandement central du groupe, en ponctionnant des forces sur d’autres fronts, alors moins sollicités. A ces fins, l'organisation utilise la profondeur stratégique que représente le désert syro-irakien. Celle-ci lui permet de disposer rapidement d'un contingent irakien qui arrivent en renfort des combattants locaux. A ceux-ci s’ajoute un groupe de kamikazes locaux pour appuyer les opérations. On peut donc estimer à 1’200 l’ensemble des combattants. Très déterminés, à la prise de décision rapide et n’hésitant pas à se confronter à l’adversaire – même quantitativement supérieur, ceux-ci vont culbuter les forces syriennes.


Ordre de bataille : forces loyalistes

Unité
Subordination
Force
60e brigade blindée
11e division
1000
67e brigade blindée
18e division
Contingent des forces Cheetah (Forces tigres)
Directoire du renseignement des forces aériennes
150
Bataillon Al-Hamza (Forces tigres)
500
Quwat Dir’ al-Amn al-Askari (Forces Bouclier de la Sécurité militaire)
Directoire du renseignement militaire
1800
Fawj Maghawir al-Badiya (Régiment des commandos du désert)
FDN Homs
Milice gouvernementale
Zanubiya, Coeur de Syrie et les forces ash-Sheikh Souleyman
Milices
Combattants Shaïtat
Milice tribale
Un bataillon de Liwa al-Imam al-Mahdi (Brigade Imam Mahdi)
Hezbollah
Liwa Fatemiyoun (Brigade des Fatimides, afghans)
Corps des gardiens de la révolution islamique (Iran)
1200
Conseillers militaires iraniens
> 3
Conseillers militaires russes et état-major
Forces armées russes
320
Forces spéciales russes
Total
4870


Ordre de bataille : forces jihadistes

Unité
Subordination
Force
Combattants locaux
Wilayat homs
?
Katiba al-Inghimasin Homs (brigade des kamikazes d’Homs)
36
Contingent de Deir-Ez-Zor
Commandement central
?
Contingent irakien
?
Total
~1200


Déclenchement de l’offensive

L’offensive débute en matinée du 8 décembre par une poussée soudaine sur Huwaysis et le champ de gazier de Shaer, qui tombent immédiatement. Le brouillard restreint toute visibilité à moins de 150 m et favorise la manœuvre des attaquants qui peuvent pratiquement approcher leurs cibles à couvert. D’importantes quantités de matériel et plusieurs véhicules sont capturés. En conséquence, la mobilisation générale est décrétée à Palmyre. Pendant l’après-midi, l’EI attaque au nord le champ gazier de Maher avec un SVBIED[3], sans réussir à en déloger les défenseurs. C’est ensuite le tour du village de Jazal d’être sous le feu adverse et de tomber rapidement. Du côté de T4, la base du bataillon abandonné (un Lieu- dit) essuie ses premières attaques. Les affrontements se poursuivent à l’est, notamment vers les silos à grains et sur la route d’al-Sukhna. Dans cette zone, le ciel dégagé permet l’intervention de l’aviation loyaliste et des hélicoptères d’attaque russes, repoussant ainsi les assaillants.
Au sud, l’EI capture le croisement de Qasr al-Halabat et, dans la foulée, prend le contrôle du Jabal Hayyan et Hayyana (à 2,5 km au sud-est du premier). L’EI se trouve à ce moment à 8 km au NE et 9 km au SE de la ville, et les loyalistes dénombrent des dizaines de tués. La majorité du contingent russe, qui ne participe pas aux combats, est évacué, et les premiers civils fuient la ville en fin d’après-midi. Au Jabal Hayyan, où la visibilité est claire, les jihadistes tiennent malgré les frappes aériennes se succèdent continuellement. Dans la soirée, les combats s’arrêtent, à l’exception d’affrontements dans le secteur des silos à grains. A la faveur de l’obscurité, des combattants jihadistes s’infiltrent dans les vergers au sud, sans y être inquiétés. Après un retrait partiel durant la nuit, ils vont y demeurer jusqu’à la fin de l’offensive, pouvant observer les forces ennemies dans la ville adjacente. A noter, l’arrivée dans la soirée d’un contingent de renforts jihadistes de la province limitrophe de Deir-Ez-Zor.
Le lendemain le 9 décembre, l’EI poursuit sa poussée au nord et prend le champ gazier de Maher. A l’est, les affrontements autour des silos continuent. L’après- midi, l’armée régulière, assistée des forces nationales de défense, entreprend une contre-attaque à Maher qui tourne à la déroute. Les fuyards sont poursuivis par les jihadistes, qui en éliminent une grande partie. A l’est, de très durs combats ont lieu aux silos. Au sud, les loyalistes partent à la contre-attaque du Jabal Hayyan. Les affrontements sont violents et débouchent le soir par la reprise de la moitié de la chaîne montagneuse. Au nord dans la soirée, les jihadistes s’emparent des champs gaziers de Jihar et Jazal. Tous les champs gaziers à l’est de T4 échappent désormais au contrôle loyaliste. La base même essuie ses premiers pilonnages. Dans le même temps, les premières fuites de combattants loyalistes localisés à Palmyre en direction de la base se produisent. Malgré une meilleure visibilité, l’intervention de l’aviation russe n’a pas contenu l’offensive jihadiste, alors que la neige et les basses températures compliquent les opérations.

Carte des opérations du 8 au 14 décembre. 


Poussée vers la ville et première capture

Au matin du 10 décembre, le ciel est enfin entièrement dégagé. L’imagerie satellite russe est formelle : les jihadistes massent leurs troupes pour tenter un assaut sur Palmyre. En effet, celui-ci est immédiat. A l’est, deux pickups et un char converti en SVBIED (transportant 10 tonnes d’explosifs[4]) foncent sur les silos à grains. Les deux pickups sont détruits par les défenseurs, mais l’unique lance-missile antichar guidé de la 18e division ne parvient pas à toucher le char, qui est finalement détruit à 200 m seulement des positions loyalistes. Le souffle de l’explosion est massif et déclenche la panique chez les forces loyalistes. La brigade des Fatimides prend la fuite, suivie par la 18e division, puis par les Forces Bouclier de la sécurité militaire – une milice du Directoire du renseignement militaire, laissant tout leur matériel sur place. Seule les troupes de la 11e division se replient en ordre et établissent des positions défensives dans la ville.
Au nord, quatre pickups couvrant deux chars foncent sur le Jabal Tar, tenu par les forces Tigre. Les positions loyalistes sont durement bombardées et l’assaut se prolonge jusqu’en fin d’après-midi. Les pertes sont sévères, mais les forces Tigre tiennent et détruisent l’adversaire même sans disposer de chars ou de missiles antichars. En dépit de l’intervention des hélicoptères d’attaque russes, les silos sont capturés en début d’après-midi. Au nord, la base de dépôt d’Hajjana est capturée par les jihadistes. Au Jabal Antar (au nord du Jabal Tar), la 18e division, qui occupait deux positions sur la montagne, est contrainte au repli en fin d’après-midi par un assaut venant du nord. Au sud- est, le croisement d’al-Tuleila tombe. Ses défenseurs, les forces Tigre, se replient sur l’aéroport. Le quartier nord de la ville, al-Amiriyah, est infiltré puis capturé par l’EI. Des combats s’étendent ensuite au sud-est, vers la prison, où des combattants tribaux opposent une vive résistance.
A 17h, les forces spéciales russes font détonner le dépôt de munitions de leur base. Ce qui provoque la panique et la fuite de la plupart des forces loyalistes encore présentes, en commençant par les hauts gradés[5]. Il ne reste plus que les forces Tigre, des éléments de la 11e division, les forces spéciales russes et le chef des Forces Bouclier de la sécurité militaire – qui patrouille dans sa Cadillac blindée accompagné de ses gardes du corps. La scène est surréaliste. Dans la foulée, les combattants jihadistes prennent possession de la majeure partie de la ville au nord, à l’est et à l’ouest, sous l’observation de drones américains en patrouille. Les combats sont violents avec les forces loyalistes restantes. Un SVBIED est détruit avant d’atteindre son objectif. Seul élément positif pour les loyalistes, la reprise du Jabal Hayyan au sud. Au soir, les montagnes au nord de la ville sont en possession jihadiste, y compris le mont al-Tar. De son côté, l’aviation russe attaque sans relâche, avec en moyenne une frappe toute les dix minutes.

Vue en perspective de la ville, des ses obstacles naturels et alentours. Prise de vue depuis le Jabal Hayyan en direction du Jabal Mazar. Cette prise de vue permet d’identi er les hauteurs importantes.


Contre-attaque loyaliste

Les frappes aériennes se poursuivent dans la soirée. Deux missiles de croisière Kalibr frappent les positions jihadistes au mont al-Tar. Puis, l’électricité est coupée dans la ville. On se battra dans l’obscurité. Des renforts arrivent à 22h, sous la forme d’une unité de commandos, les Lions du Désert, subordonnés au Directoire du renseignement des forces aériennes. Les forces loyalistes, aidées des forces spéciales russes, contre-attaquent et reprennent l’ensemble de la ville, notamment le quartier d’al-Amiriyah, où la pression des frappes aériennes a contraint les jihadistes au repli. A 23h, d’autres renforts arrivent, un détachement de 100 hommes de la brigade des Fatimides, et 70 hommes de la 18e division. Les troupes de la 11e division parviennent à reprendre les silos, alors que le mont al-Tar est récupéré avec l’appui des hélicoptères d’attaque russes. Cependant, un SVBIED frappe les positions de la 11e division aux silos, qui tient malgré des pertes importantes. 60 hommes sont ensuite envoyés fortifier le quartier d’al-Amariyah, sans pouvoir bloquer les entrepôts situés à l’est de celui-ci. Les frappes aériennes continuent jusqu’au matin. Au total, les russes déclarent avoir touché 64 cibles et effectué 100 sorties depuis la soirée du 10 jusqu’au matin du 11, avec 20 hélicoptères d’attaque et 6 bombardiers stratégiques[6].


Seconde capture et réduction du saillant loyaliste

Les jihadistes repartent à l’offensive le matin du 11 décembre par une attaque simultanée sur le mont al- Tar et sur le quartier d’al-Amiryah, que les combattants jihadistes prennent à revers après avoir traversé les lignes loyalistes en se faisant passer pour des soldats du régime. Les combats durent deux heures, au terme desquelles l’EI prend possession des deux positions. Au mont al-Tar, aucun défenseur ne survit à l’assaut. La capture d’al-Ameriyah permet celle de la proche colline Sukari, qui domine la ville et des entrepôts adjacents, non défendus, puis de la zone industrielle. Les silos tombent à nouveau immédiatement après. La citadelle de Palmyre, dernière position surplombant la ville, est prise à 11h, provoquant l’effondrement des défenses loyalistes. Un contingent constitué de 200 hommes des forces Tigres et des forces spéciales russes demeure en arrière pour permettre le repli du reste des défenseurs, qui vont se regrouper à 30 km à l’ouest de la ville. A 13h30, la capture de la ville est totale. Selon le gouverneur de la province d’Homs (dont Palmyre fait partie), il ne reste plus que 300 à 500 résidents dans la cité, les autres ayant été évacués par l’armée dans la nuit du 10 au 11.
A 15h, l’arrière-garde des défenseurs est encerclée au sud de la ville. Ces derniers ne disposent plus que de deux chars, la Cadillac blindée et des mitrailleuses. 6 hélicoptères d’attaque MI-28 sont appelés en renfort pour leur ouvrir un passage et assurer leur leur repli. Durant le reste de l’après-midi, l’ensemble des positions loyalistes sur 30 km à l’ouest de la ville tombent dans les mains des jihadistes. La totalité des troupes se replie sur l’aéroport militaire de T4 ou au-delà. Le complexe gazier d’Hayyan tombe dans la soirée. T4 subit alors un bombardement régulier. Le village limitrophe de Tiyas est capturé par l’EI pour être repris deux heures plus tard, sous la pression des frappes aériennes.
Deux combattants de l'Etat islamique sur un BMP-1 loyaliste après la capture (définitive) des silos à grains (en arrière-plan) le 11 décembre.


Un contingent des forces nationales de défense (formation paramilitaire gouvernementale) fuit ses positions le 11 décembre, zone des champs gaziers.


Encerclement de T4

Le 12 décembre, l’EI continue sa poussée vers l’ouest en saisissant les positions restantes jusqu’à Tiyas. Le Bataillon abandonné et les montagnes au nord de T4 sont saisies dans l’après-midi par les jihadistes, qui in ltrent le périmètre nord de la base. Alors que le bombardement de la base se poursuit, l’EI annonce le début des opérations pour capturer T4. Les premiers résultats permettent la capture d’un emplacement de DCA à l’est de la base, puis des positions loyalistes au sud de la base. Puis, les positions loyalistes au sud de la base sont saisies. Malgré les frappes aériennes, le périmètre de la base est sous pression constante et les soldats des positions les plus éloignées se replient sans ordre. Dans la nuit, les hélicoptères russes quittent le site. Enfin, un groupe de commandos de l’armée régulière arrive en provenance de Maher, après une retraite à pied, risquée, de trois jours. Le matin du 13, l’EI s’empare à nouveau du village de T
iyas, pour en céder le contrôle une vingtaine de minutes plus tard. Le village restera in fine au mains des loyalistes. A midi, le commandant des forces Tigre, le major général Sulheil al-Hassan, arrive d’Alep (le gros de la bataille éponyme venant de se terminer) à T4 pour redresser la situation. Un contingent des forces Tigre le suit. La présence des Tigre accroît le moral de l’ensemble des défenseurs de la base et des alentours.
Cependant, les jihadistes continuent leur offensive et tentent d’encercler T4. Ils capturent le croisement Tiyas – al-Qaraytain dans l’après-midi. Les combats se poursuivent sur le périmètre de la base et la situation devient critique. L’agence de presse de l’EI, Amaq, publie une vidéo montrant ses combattants à quelques centaines de mètres du périmètre sud de la base. Toutefois, des forces spéciales russes arrivent en soirée pour renforcer la base. La nuit du 14, la poussée jihadiste au sud élimine le dernier vestige du saillant loyaliste, seuls restant T4 et sa route d’accès. Le matin, une position DCA à l’est de la base change de mains deux fois, avec les jihadistes essayant de percer le périmètre de T4. Grâce aux renforts loyalistes, une contre-offensive limitée est lancée au nord de la base. Cette contre-offensive redonne aux loyalistes le contrôle des collines environnante. Plus à l’ouest, la route de Homs à T4 est coupée enfin d’après-midi, et al-Sharifa, localité à l’ouest de la base, tombe également. Pour la première fois depuis le début du conflit syrien, la base aérienne de T4 est totalement encerclée.
(Fin de la première partie)




Un pickup de l'EI à quelques centaines de mètres de la base aérienne de T4 (depuis le sud), le 13 décembre.


Un détachement de combat de l’EI effectue une poussée dans les environs de T4, le 13 décembre.




[1] Egalement appelée Tiyas. La dénomination T4 a été préférée pour éviter la confusion avec le village proche de Tiyas.
[2] La plupart des afghans sont des Hazaras, une peuplade chiite persécutée en Afghanistan, ayant trouvé asile dans l’Iran voisin. C’est pourquoi une part du recrutement peut s’exercer sous la menace de les renvoyer (familles comprises) en Afghanistan.
[3] Suicide Vehicle Borne Improvised Explosive Device, véhicule suicide à explosif improvisé.
[4] Rayon de l’explosion : 400 m.
[5] Certains fuiront notamment en hélicoptère.
[6] Il s’agit de (compilation partielle) : 2 Mi-28N, 2 Mi-35M, 2 Ka-52 (plus possiblement 4 Ka-52K) et 6 TU-22 M3.

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