L’escalade finale (1987-1989)
1ère partie : les opérations
La « guerre de frontière » ou « guerre du bush » sud-africaine est un conflit impliquant directement l’Afrique du Sud, l’Angola, Cuba et indirectement les Etats-Unis et l’Union Soviétique ainsi que certains de ses alliés (RDA, Vietnam). Il s’est déroulé sur le territoire angolais de 1975 à 1989. Cet article traite principalement de la phase finale de cette guerre (1987-1989), qui en représente le point culminant en termes d’intensité et de moyens engagés. Très peu médiatisé, ce conflit a fait l’objet de beaucoup de propagande et de rares documents objectifs, dans le contexte idéologique de la guerre froide et de la fin de l’Apartheid.
Depuis le départ des Portugais d’Angola en 1975, les deux principaux mouvements de libération se disputent le pays : Le MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) de sensibilité marxiste, soutenu par le bloc soviétique, et l’UNITA (Union pour l’Indépendance Totale de l’Angola) représentant l’ethnie Ovimbundu (40% de la population), soutenue par les USA et l’Afrique du Sud 1. Le MPLA, avec l’aide directe de Cuba en troupes et matériels a pris le pouvoir en 1975 et tient la principale source de richesse du pays, le pétrole. Il n’a de cesse de tenter d’éliminer l’UNITA, tenant le sud-est du pays, qui de son côté se finance grâce au trafic de diamants. L’Afrique du Sud intervient régulièrement en Angola depuis 1975, pour soutenir l’UNITA et pour sécuriser sa colonie du sud-ouest africain (actuelle Namibie), agitée par le mouvement indépendantiste SWAPO (South West Africa People Organisation), dont les bases sont installées en Angola.
A partir de la fin des années 70, dans le contexte de la guerre froide, des heurts de plus en plus importants opposent ces factions, dans un conflit qui demeure de relative basse intensité 2. Lors de l’opération « Protea » en 1981, menée par les Sud-Africains pour détruire les bases du SWAPO en Angola, le conflit commence à changer de visage et tend à passer d’une contre-guérilla à un conflit conventionnel opposant des unités mécanisés lourdement armées des deux côtés. A cette occasion, les Sud-Africains font prisonnier un conseiller militaire soviétique 3 en uniforme du FAPLA 4 (branche militaire du MPLA) et mettent la main sur des documents militaires rédigés en russe, attestant l’implication de plus en plus importante des Soviétiques dans le conflit. De leur côté, les Etats-Unis, embarrassés par cet allié sud-africain unanimement condamné par la communauté internationale pour son régime d’Apartheid, ne peuvent officiellement lui venir en aide, mais fournissent l’UNITA en armement, notamment en missiles sol-air Stinger (les mêmes qu’en Afghanistan).
Début 1987, les services de renseignements sud-africains se rendent compte que le FAPLA regroupe des forces importantes dans la région de Cuito Cuanavale 5, dans l'intention proclamée de lancer une offensive majeure sur les bases de l'UNITA dans le sud-est angolais. Des livraisons régulières de matériel en provenance d'Union Soviétique et de Cuba amènent le FAPLA à disposer de plus de 500 blindés (incluant des tanks T-54/55 et T-62 ainsi que des véhicules de combat d'infanterie BMP-1). L'armée de l'air angolaise est également équipée en matériel moderne du bloc soviétique : chasseurs-bombardiers Mig-23 et Su-22, hélicoptères Mi-24, Mi-8 et Mi-17. Les forces du FAPLA se préparant à faire mouvement, l'UNITA demande de l'aide à l'Afrique du Sud, un accord d'assistance étant conclu le 1er mai 1987. En août 1987, après avoir lancé une offensive avortée sur les villes de Cangamba et Lumbala, dans l’Est du Pays, bloquée par la seule UNITA, le FAPLA lance 5 brigades 6 mécanisées lourdement armées (16e, 21 e, 25 e, 47 e, 59e brigades) en direction de Mavinga, avec comme objectif final Jamba, le quartier général de l’UNITA.
Une colonne de chars sud-africains Olifant dépasse un blindé Ratel-20 (source www.militaryphotos.net) |
Souhaitant une intervention discrète avec un minimum de forces, la SADF (South African Defense Force - armée sud-africaine) se contente initialement de déployer des équipes de liaison et des unités d'artillerie pour épauler l’UNITA, pendant que des unités de reconnaissance (en particulier le désormais célèbre 32eme Bataillon 7) assurent le suivi de l’ennemi, le guidage de l’artillerie et la protection rapprochée de cette dernière. Devant les moyens massés par le FAPLA, il devient vite évident qu'un engagement plus important des Sud-Africains est nécessaire. La 20e brigade sud-africaine est formée autour de 2 bataillons d’infanterie (32e, 101e), d’un bataillon blindé (61e mécanisé) et d’un régiment d’artillerie. L’opération « Modular » démarre en août 1987, avec pour objectif de stopper l'offensive du FAPLA....
Dans la suite de l’article, afin de pourvoir distinguer rapidement à quel camp appartiennent les matériels et unités citées, ceux du camp sud-africain/UNITA sont en italique, alors que ceux du camp FAPLA/Cubain sont laissés en romain.
Les forces en présence
Dans la suite de l’article, afin de pourvoir distinguer rapidement à quel camp appartiennent les matériels et unités citées, ceux du camp sud-africain/UNITA sont en italique, alors que ceux du camp FAPLA/Cubain sont laissés en romain.
Les forces en présence
Les forces qui vont s’affronter sont très différentes. Ce sont deux conceptions diamétralement opposées de la guerre qui se font face. Le FAPLA est structuré et entraîné sur le modèle soviétique (voir partie « Unités, tactiques et matériels », chapitre « L’armée du FAPLA – organisation et tactique »), avec des effectifs importants (plusieurs dizaines de milliers d’hommes en première ligne dont au moins dix mille partant de Cuito Cuanavale au début de l’offensive), un équipement lourd moderne et pléthorique de fabrication soviétique (voir partie « Unités, tactiques et matériels », chapitre « Les principaux matériels terrestres FAPLA/ cubains »), de même pour leur aviation. Un tel matériel (chars T-55, blindés divers dont BMP-1, etc. …) demande une logistique conséquente. Une autre caractéristique du FAPLA, inhérente au modèle soviétique est une centralisation marquée du commandement (toutes les décisions importantes sont prises au QG de Cuito).
L’Afrique du Sud aligne au début de l’opération « Modular » des effectifs réduits (moins de 3000 hommes, unités de services comprises), en grande majorité professionnels et très bien entraînés, ayant pour la plupart déjà affronté le FAPLA les années précédentes. Ceci représente l’élite de son armée, alors que des dizaines de milliers de réservistes et d’appelés effectuant leur service militaire sont mobilisés en Afrique du Sud et en Namibie pour garder les installations, sécuriser les voies de communications et maintenir l’ordre face aux mouvements indépendantistes ou anti-apartheid. L’UNITA seconde très bien les Sud-Africains dans un rôle de renseignement et de harcèlement. Les matériels sont rustiques mais bien adaptés au terrain (grande autonomie, maintenance légère), voir partie « Unités, tactiques et matériels », chapitre «Les principaux matériels terrestres sud-africains ». Les blindés à roues Ratel 8, légers et de maintenance aisée, sont bien plus à leur aise dans le bush 9 que de lourds chars à chenilles. L’artillerie, avec en particulier ses excellents obusiers G-5 10 à grande portée, compense la faiblesse de l’aviation, qui souffre de l’embargo international ne lui permettant pas de se procurer de pièces détachées ni d’acquérir de nouveaux avions. Au sein de la SADF, la souplesse et l’initiative sont la règle (voir partie « Unités, tactiques et matériels », chapitre « La SADF en Angola - organisation et tactique »).
Fin août 1987, des équipes de reconnaissance du 32ème bataillon, suivant de près les brigades du FAPLA, signalent que trois d’entre-elles (59e,47e, 21e) s’approchent de la rivière Lomba, menaçant la ville de Mavinga. Ces brigades sont alors pilonnées à partir du 2 septembre par les G-5 du 20eme régiment d’artillerie (20e R.A.), dans le but de les retarder et de les isoler les unes des autres. Les premières pertes sud-africaines depuis le début de l’opération « Modular » surviennent lorsqu’un avion léger de reconnaissance Aermacchi AM.3 est abattu par un SAM-8 11 de la 21e Brigade. Les G-5 et les LRM 12 engagent jour et nuit les 47e, 21e et 59e brigades jusqu’au 6 Septembre, leur causant d’importantes pertes, freinant leur progression, au point que la 47e brigade ne puisse rentrer en contact avec la 59e.
Le premier contact direct entre les éléments au sol de la SADF et du FAPLA a lieu le 6 Septembre, 9 km au sud-ouest de la confluence des rivières Lomba et Cunzumbia. Il implique l’équipe de Liaison 2 de la 20e brigade et une équipe de reconnaissance du 32e bataillon, soit environ 40 hommes, face à deux compagnies de la 47e brigade envoyées par celle-ci pour prendre contact avec le 59e : un soldat de l’UNITA prévient les Sud-Africains que des éléments du FAPLA avancent vers eux. 30 secondes plus tard, ces derniers attaquent à la grenade, ce qui met immédiatement le feu à la végétation du bush. Les Sud-Africains se replient afin de laisser à l’abri leurs véhicules de soutien. Ils stoppent ensuite l’infanterie du FAPLA en les obligeant à se coucher par des tirs de mitrailleuse puis en engageant ces cibles devenues immobiles avec leurs mortiers. Les Angolais survivants prennent la fuite.
Premier affrontement majeur : avec la 21e Brigade sur la rivière Lomba, 9-10 septembre 1987
La 21e brigade commence à traverser la rivière Lomba le 9 septembre. Le mouvement est repéré par des soldats de l’UNITA, qui alertent les Sud-Africains. Ces derniers dépêchent alors une compagnie motorisée et un groupe de blindés Ratel-90 13 du 101e bataillon. Ceux-ci une fois sur place peuvent observer un BTR-60 14 traversant la rivière, accompagné d’infanterie. Un des Ratel le détruit, mais la nuit tombante et une vive réaction de l’artillerie du FAPLA obligent les Sud-Africains à interrompre le combat et se retirer de 6 km en arrière, afin de monter une attaque pour le lendemain matin. Durant la nuit, la zone est bombardée par les G-5. Les Sud-Africains, craignant une attaque massive de chars, se renforcent avec l’ensemble des moyens antichars du 101e bataillon : des Ratel-90 et les quelques exemplaires de pré-production du tout nouveau chasseur de char Ratel-ZT3 15.
Char de fabrication soviétique T-55 détruit en position défensive. A l'arrière-plan, blindés sud-africains : deux Ratel sur la gauche un char Olifant sur la droite (source http://imageshack.us) |
Le lendemain-matin, le FAPLA essaye de passer en force la rivière avec un bataillon d’infanterie soutenu par des tirs massifs de canons, de mortiers et de lance-roquettes multiples, mais le manque de coordination de l’attaque amène l’infanterie à s’éloigner du soutien de l’artillerie, se retrouvant à la merci des Sud-Africains. Plus d’une centaine d’Angolais du FAPLA sont tués, les survivants battant en retraite. Pendant ce temps, à quelques km plus en aval, le génie de la 21e brigade a jeté un pont sur la rivière afin de permettre à ses tanks et véhicules blindés de traverser. Rapidement détecté par les éléments de reconnaissances sud-africains, celui-ci est bientôt la cible d’une batterie de G-5. Leur tir détruit 2 véhicules blindés venant de traverser et décime l’infanterie qui accompagne les tanks du FAPLA. Ces derniers, se trouvant alors gênés dans leur mouvement, sont la cible des Ratel-90 et ZT3. 3 T-55 16 sont alors détruits, conduisant la 21e brigade à se retirer, couverte par une attaque aérienne imprécise de plusieurs Mig 17, n’entraînant aucune perte chez les Sud-Africains. Pour éviter de nouvelles tentatives de franchissement, les Sud-Africains minent les abords du pont endommagé, creusent des tranchées et postent plusieurs équipes pour en surveiller les approches.
Coût d’arrêt à la 47e brigade: 13 Septembre 1987
Le soir du 11 septembre, l’UNITA informe les Sud-Africains qu’une force estimée à 2 bataillons d’infanterie escortée de quelques chars T-55 occupe une ancienne base logistique de l’UNITA près de la rivière Lomba. Après interception des messages radios, elle s’avère être une avant-garde de la 47e brigade destinée à entrer en liaison avec la 59e. Les Sud-Africains ne disposant pas de forces suffisantes pour affronter sereinement les 2 brigades en même temps, décident d’empêcher leur regroupement en lançant une attaque sur la base. Celle-ci sera soutenue par une batterie de mortiers de 120mm, une de G-5, et le support aérien de deux Impala Mk II 18. Elle sera menée par deux compagnies du 101e bataillon et deux sections de Ratel-90 de l’escadron antichar du 32e bataillon.
Le 13 septembre en fin de matinée, les Sud-Africains, en cherchant l’objectif suite à une erreur de 3km sur la position de la base relevée par l’UNITA, tombent sur un réseau de tranchées délimitant le périmètre de défense extérieur de celle-ci . Voyant le danger que représentent les tranchées pour ses véhicules blindés qui risquent de s’y immobiliser et d’offrir ainsi des cibles faciles, le commandant Hartslief, en charge de l’attaque, décide de foncer avec les véhicules à l’intérieur du périmètre de défense et de s’y déployer, les G-5 et les mortiers de 120 mm déversant leur feux sur tous les points suspects à l’avant des troupes. Les armes de bord des Ratel, Buffel et Casspir 19 assurant la couverture rapprochée. La manœuvre réussit et les amène à passer les 2 premières lignes de défense, puis à se répandre à l’intérieur, pourchassant l’infanterie du FAPLA.
Deux Ratel tombent alors dans une tranchée. Un troisième vient pour les dégager. C’est à ce moment que des T-54 surgissent. Juste avant que les Ratel immobilisés ne soient détruits, les autres Ratel-90 viennent à la rescousse et finissent par avoir le dessus grâce à leur plus grande mobilité, malgré la faiblesse de leur canon de 90mm face au blindage des chars de fabrication soviétique. Ces derniers sont détruits au prix de la perte d’un Ratel.
Le soir tombe et des blindés du FAPLA sont signalés en approche. Afin de garder à ses unités leur liberté de manœuvre, Hartslief décide de ne pas rester avec ses véhicules au milieu d’un réseau de tranchées et quitte la base. Mais ils tombent bientôt dans une embuscade tendue par 8 tanks du FAPLA, dont l’artillerie commence à se déchaîner. Les Sud-Africains parviennent à se retirer de ce mauvais pas, le FAPLA stoppant son feu brusquement sans raison apparente. Le lendemain matin, les Sud-Africains retournent sur les lieux des combats pour récupérer leurs véhicules immobilisés abandonnées la veille, et découvrent que la base n’a pas été réoccupée. Ils dénombrent 250 à 300 soldats du FAPLA tués et 5 T-54 détruits.
Tentative de destruction de la 47e Brigade: 16 Septembre 1987
Suite aux combats précédents, la 47e brigade s’est retirée. Elle n’est plus en contact avec les autres brigades et le commandant des forces sud-africaines en Angola, le colonel Deon Ferreira, veut saisir l’occasion de l’anéantir. Suivie par les équipes de reconnaissances sud-africaines qui marquent les objectifs, la 47e brigade est la cible des G-5 dans la nuit du 15 au 16 septembre, afin de l’empêcher de réagir.
A 4h00, les Mirage F1 la bombardent suivis par des Canberra, qui doivent se retirer lorsqu’ils se rendent compte qu’ils sont accrochés par les radars anti-aériens du FAPLA. A 7h00, les G-5 se déchaînent, couvrant l’approche des Sud-Africains. Ces derniers, gênés par la végétation très dense du bush à cet endroit, avancent trop lentement et laissent le temps à la 47e brigade de se ressaisir. L’attaque est bloquée par l’artillerie adverse, et, devant le risque d’un combat indécis et coûteux, les Sud-Africains se retirent. La 47e brigade fait de même pour se réorganiser, quelques km en arrière.
La 21e Brigade persiste : 22 Septembre 1987
Le FAPLA cherche maintenant à ravitailler ses 3 brigades engagées le long de la rivière Lomba : 21e, 47e et 59e. La 25e brigade envoie un convoi logistique de 148 véhicules qui parvient à la 21e brigade. Celle-ci, après avoir « refait le plein », fait parvenir ce convoi à la 59e. Il ne reste plus que la 47e brigade à ravitailler. Mais cette dernière, trop confiante, s’est aventurée seule de l’autre côté de la rivière, en la contournant à sa source. La 21e brigade va tenter une nouvelle fois de franchir la rivière, afin de faire parvenir le ravitaillement à la 47e.
Elle attaque 4 km au sud de la zone de se première tentative du 9 septembre, en bombardant les positions sud-africaines. Ces derniers, craignant une attaque chimique suite à l’interception de communications radio du FAPLA, les avaient abandonnées au préalable. La préparation d’artillerie du FAPLA dure la journée entière sur des positions vides. Une fois celle-ci terminée, en fin d’après midi, un escadron anti-char et des observateurs d’artillerie sud-africains remontent en ligne, juste à temps pour voir 3 colonnes de véhicules se préparant à traverser, suivie d’infanterie. Les G-5, guidés par les observateurs avancés, commencent immédiatement à bombarder la zone. Plusieurs véhicules sont en feu et l’infanterie est décimée. Un message envoyé par la 21e brigade au quartier général de Cuito Cuanavale et intercepté par les Sud-Africains indique « nos soldats meurent comme des canards ».
Une tentative de lancer un pont du génie un peu plus au sud est à son tour stoppées par le tir des G-5 et des lance-roquettes. Le jour suivant de nouvelles tentatives de franchissement on lieu, toutes bloquées par le tir des G-5. La 21e brigade renonce alors à rejoindre la 47e. Elle prend à nouveau contact avec la 59e et établit une position de recueil pour la 47e à la confluence des rivières Cuzizi et Lomba. Celle-ci va devoir la rejoindre par ses propres moyens.
La destruction de la 47e Brigade: 2 et 3 Octobre 1987
Les Sud-Africains veulent saisir l’occasion de détruire la 47e brigade, qui se trouve maintenant en fâcheuse posture, manquant de munitions et ne pouvant rapatrier ses blessés. Celle-ci commence son mouvement de repli vers le nord le 2 octobre, repéré par les équipes de reconnaissances sud-africaines. Elle est alors constamment harcelée par l’artillerie et l’aviation. L’attaque sud-africaine va se faire cette fois en coopération avec plusieurs bataillons de l’UNITA, chargés d’attaquer à la fois la 47e et la 59e pour masquer l’attaque principale menée par les Sud-Africains avec l’escadron blindé et 2 compagnies d’infanterie mécanisée du 61e bataillon mécanisé, (« 61e Mech »). Deux groupes de G-5 et de LRM seront en support.
Le génie de la 47e lance un pont pour retraverser la rivière. La traversée commence… immédiatement sous le feu des G-5, guidés par une équipe de reconnaissance postée à proximité immédiate. Plusieurs véhicules sont en feu et bloquent le pont. Le FAPLA renonce à traverser, malgré une tentative d’éléments de la 59e brigade, postés sur la rive nord, de leur venir en aide en dégageant les véhicules sous le feu des G-5. La 47e brigade est prise au piège : matraquée par l’artillerie, elle ne peut plus fuir car le pont est toujours bloqué, tandis que l’UNITA maintient la pression de tous côtés. C’est le moment choisi par le 61e Mech pour charger. Les Ratel-ZT3 réalisent des « cartons » à distance tandis que les Ratel-90 manœuvrent sur les flancs des tanks adverses et sèment rapidement le chaos. La moindre tentative de regroupement est annihilée par les G5 et les LRM. Malgré quelques résistances héroïques du FAPLA, en particulier l’utilisation des canons de 23mm anti-aériens en tirs tendus contre l’infanterie, la 47e brigade perd sa cohésion et commence à se débander. Pendant se temps, la SAAF maintient la pression sur la 59e pour l’empêcher de voler au secours de sa consœur.
Au bout de quelques heures, la 47e brigade n’existe plus. Quelques fuyards ont pu rejoindre à la nage les lignes de la 59e, abandonnant tout leur matériel et de nombreux prisonniers. Des dizaines de chars et de véhicules blindés sont détruits. Autant sont capturés, en particulier du matériel moderne du pacte de Varsovie : T-55 neufs, BMP-1 et un SAM-8, système de défense anti-aérienne parmi les plus récents alignés par le bloc soviétique, dont c’est le premier exemplaire à être tombé entre les mains de « l’Ouest ». Ce dernier est acheminé immédiatement vers Pretoria pour évaluation. Des centaines de soldats du FAPLA ont trouvé la mort.A ce stade de la campagne, des 3 brigades du FAPLA les plus avancées (21 e, 47 e, 59 e), une n’est plus et les 2 autres ont perdu approximativement le tiers de leur potentiel. Les autres brigades (16e et 25e) n’ont pas encore participé directement aux combats.
Poursuite et réorganisation : 6 – 27 octobre 1987
L’initiative a changé de camp. Le FAPLA commence à refluer lentement vers le nord, en direction de sa base de Cuito Cuanavale, talonné par les Sud-Africains et l’UNITA. L’aéroport de Cuito est abandonné pour celui de Menongue, au nord-est. Devant le désastre qui se profile pour le FAPLA, Cuba décide d’augmenter sa présence sur place et envoie l’élite de son armée : la 50e division blindée 20. Vers la fin de l’opération « Modular », le contingent cubain sur place atteint les 50 000 soldats et conseillers militaires. Les Mig sont pilotés principalement par des Soviétiques et des Cubains. Ces derniers envisagent d’ouvrir un deuxième front à l’Ouest, en attaquant directement en direction de la frontière Namibienne, puis de prendre les Sud-Africains de flanc dans la région de Mavinga, qui est leur plate-forme logistique principale. Dans un premier temps, ils renforcent le FAPLA en tanks T-55 et en hommes tout en « reprenant en main » son encadrement.
De leur côté, les Sud-Africains augmentent leur capacités de feu avec des LRM et des G-5 supplémentaires, des chars lourd Olifant 21, et 3 exemplaires de pré-production du tout nouveau automoteur d’artillerie G-6 22. Leur effectif, augmenté de celui du 4eme bataillon d’infanterie, reste en dessous des 3000 hommes. La 20eme brigade sud-africaine est réorganisée en 3 groupes de combats et un régiment d’artillerie :
- Le groupe de combat Alpha contient l’essentiel des éléments du 61e Mech (Ratel de divers types, infanterie blindée et pionniers).
- Le groupe Bravo est constitué pour l’essentiel d’infanterie mécanisée du 101e bataillon (montés sur Ratel , Casspir et Buffel)
- Le groupe Charlie constitue le « poing blindé » de la brigade avec un escadron de tanks Olifant, deux de Ratel-90, de l’infanterie montée sur Ratel-20, le gros du 32e bataillon, le, 4e bataillon d’infanterie, ainsi que les 3 G-6.
- Le régiment d’artillerie regroupe les 2 batteries de G5 23 et deux batteries de LRM de 127mm.
L’objectif des Sud-Africains est d’interdire toute nouvelle incursion du FAPLA à l’est de la rivière Cuito. Pour cela, le meilleur moyen est de neutraliser les forces du FAPLA en retraite qui se regroupent à l’Est de Cuito Cuanavale et de garder la ville à portée d’artillerie, afin d’interdire l’utilisation de son aéroport et de son pont. Occuper la ville elle-même n’est pas primordial, d’autant que celle-ci, adossée à la rivière, est très difficile à défendre.
Contre-offensive sud-africaine : Novembre 1987
L’offensive sud-africaine pour réduire la tête de pont du FAPLA à l’est de la rivière Cuito débute le 9 Novembre, quand le groupe de combat Charlie attaque la 16e brigade entre les rivières Chambinga et Hube, au sud-est de Cuito Cuanavale. C’est durant cet assaut méthodique que la SADF va utiliser des tanks pour la première fois depuis la 2ème guerre mondiale (des Olifant, et non des blindés à roues comme les Ratel). L’escadron d’Olifant, soutenu par les G-5, se trouve en pointe et bouscule le FAPLA, qui perd une dizaine de tanks, 2 BM-21, 2 canons de 76mm, 4 systèmes de canons anti-aériens de 23mm ZSU 23, 32 camions et 80 morts. La 16e brigade, ayant essuyé de lourdes pertes, recule mais n’est pas détruite. De leur côté, les Sud-Africains perdent 1 Ratel-20, 7 tués et 9 blessés. Un autre Ratel-20 et un Olifant sont endommagés mais récupérés.
Parallèlement, les Sud-Africains envoient un détachement du 32e bataillon aider l’UNITA à harceler les convois et guider les attaques aériennes sur la principale route logistique utilisée par le FAPLA pour ravitailler ses unités : la route Menongue – Longa – Cuito Cuanavale, bientôt surnommée par les Angolais « la route de la mort»…
Le 11 novembre, c’est au tour de la 21e brigade d’être attaquée, toujours avec les Olifant en pointe, mais soutenus cette fois par les Mirage F1 de la SAAF. Le FAPLA engage également son aviation et des attaques de Mig-23 sont signalées, mais n’occasionnent qu’une gêne mineure. Le FAPLA, désormais en position défensive, a eu le temps de constituer des champs de mines, qui gênent les manœuvres sud-africaines. La 21e brigade subit de lourdes pertes, mais échappe à l’encerclement. Elle perd toutefois plusieurs véhicules blindés, une dizaine de camions et plus de 300 morts. De leur côté, les Sud-Africains déplorent 5 morts, 9 blessés et 2 Ratel détruits.
Mais la 21e brigade ne connaît pas de repos : les Sud-Africains essayent de la prendre au piège les jours suivants afin de l’empêcher de rejoindre les restes des autres brigades. Elle parvient de nouveau à échapper à l’encerclement, au pris de nouvelle pertes : une centaine morts, plusieurs T-55 et véhicules divers. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. A la mi-novembre, toutes les forces du FAPLA situées à l’Est de la rivière Cuito ont retraité, à part une tête de pont située devant Cuito Cuanavale, sur la rive Est de la rivière Chambinga.
La dernière attaque : 25 et 26 Novembre 1987
Les Sud-Africains veulent donner le coup de grâce et définitivement chasser les forces du FAPLA de la rive Est de la rivière Cuito, ainsi que prendre ou neutraliser le pont permettant de traverser devant Cuito Cuanavale. Cette fois, l’UNITA va fournir le gros des troupes, les groupes de combat Bravo et Charlie restant en support.
Mais le FAPLA prend les devants et lance une attaque aérienne sur les positions sud-africaines : le groupe Alpha est attaqué à la roquette et une batterie de G-5 est bombardée par des Migs-23. Toutefois, aucune perte n’est à déplorer. De son côté, la SAAF lance 4 Mirage F1 sur les positions de la 25e brigade au nord du pont de Chambinga, et 8 autres sur celles de la 59e.
L’attaque sud-africaine débute dans la confusion : les unités ont du mal à rejoindre leurs positions de départ, à cause d’un manque de coordination entre les troupes de l’UNITA et de la SADF. Couverts par les G-5, les troupes de l’UNITA et le groupe de combat Bravo, auquel l’escadron de tanks est rattaché pour l’occasion, s’élancent, mais la végétation du bush est si dense que la progression est très lente, car quasiment sans visibilité. Les véhicules sont obligés de naviguer « en aveugle », uniquement aux instruments. Un bataillon de L’UNITA arrive au contact des premières lignes du FAPLA, tandis que le groupe de combat Bravo, toujours empêtré dans le bush, tombe maintenant dans un champ de mines, qui le ralentit encore plus. Finalement, en fin d’après-midi, Il parvient sur son objectif pour se trouver face à un mur de feu d’artillerie et de mortiers. Le commandant Hartslief décide d’interrompre l’attaque. De sont côté, l’UNITA, livrée à elle-même, a enregistré des pertes sévères.
Le 26 novembre, devant le raidissement de la résistance du FAPLA , les Sud-Africains changent leur plan. L’escadron de tanks revient de nouveau au groupe de combat Charlie et celui-ci doit faire mouvement, en contournant la zone dans laquelle le groupe Bravo s’est empêtré la veille, vers le pont de Chambinga sur les arrières du FAPLA afin de leur couper toute retraite vers Cuito Cuanavale. Le groupe Alpha doit progresser au nord-est et le groupe Bravo est tenu en réserve.
Le FAPLA, repris en main par les Cubains, a pendant ce temps renforcé ses positions, en particulier autour de Tumpo (juste devant Cuito Cuanavale). L’attaque du groupe Charlie, retardée elle aussi par la densité du bush, se retrouve également bloquée par l’artillerie adverse. Les Mig en profitent pour la bombarder, sans succès. Les missiles sol-air Stinger de l’UNITA, bien que ne réussissant pas à les toucher, contribuent à les maintenir au-dessus de 4000 pieds, rendant ainsi leur bombardement moins précis.
Le FAPLA, ayant réussi à repousser les attaques sud-africaines pendant ces deux jours, voit son moral remonter. Les Sud-Africains ne sont pas parvenus à détruire leurs forces qui s’accrochent à leur tête de pont sur la rive est de la rivière Cuito (éléments des 16 e, 25 e, 59 e et 66 e brigades). L’opération « Modular » prend fin dans ces conditions le 5 décembre.
L’enlisement et la fin du conflit : les opérations « Hooper », « Packer », et « Displace »
L’Opération Hooper : 2 janvier 1988 – 1er Mars 1988
Après avoir recomplétés leurs forces, en particulier par l’ajout d’un 2eme escadron de chars Olifant, les Sud-Africains repartent à l’assaut de la tête de pont du FAPLA à l’Est de la rivière Cuito, dont Les troupes, renforcées d’éléments cubains, sont maintenant directement placées sous le commandement du général cubain Ochoa 24. C’est l’opération « Hooper », qui débute le 2 janvier, par une attaque sur les 21e et 16e brigades, suivie, à partir du 25 février d’assauts furieux sur les forces du FAPLA retranchées dans la tête de pont de Tumpo à l’Est de la rivière Cuito (59e et 25e brigades). Les autres forces, y compris les Cubains, sont installées sur la rive Ouest, dans et autour de Cuito Cuanavale. Les conseillers militaires soviétiques, ne supportant plus de rester dans la ville continuellement bombardée par les G-5, s’installent 13 km à l’Ouest.
Le pont sur la rivière Cuito, à l’Est de la ville, est le seul point de passage pour la traverser dans la région, la rivière atteignant 1 km de large ailleurs. Les Sud-Africains reconnaissent son importance et essayent de le détruire par tous le moyens : d’abord des attaques aériennes et des bombardements d’artillerie, puis des commandos posant des charges de démolition. Au final, le pont n’est que partiellement endommagé. C’est alors que la SAAF décide d’utiliser le prototype de sa première bombe « intelligente » (à guidage vidéo) de conception nationale. Une section du pont de 20m de long est alors détruite, le condamnant définitivement. Le FAPLA en est réduit à utiliser des ferries pour ravitailler la tête de pont.
Le 25 février, les Sud-Africains attaquent la tête de pont, mettant en déroute la 25e brigade dont les hommes traversent la Cuito à la nage. Mais l’attaque s’empêtre dans des champs de mines et les véhicules immobilisés sont bientôt la cible de l’artillerie cubaine et du FAPLA située sur la rive opposée et parfaitement dissimulée aux observateurs sud-africains. L’attaque est stoppée.
Le 29 février le 4e bataillon d’infanterie et le 61e Mech repartent à l’assaut. L’attaque est ralentie par de fréquentes alertes aériennes et les forces engagées sont trop faibles pour remporter la décision. L’opération « Hooper » est définitivement clôturée le 1er mars.
Opération « Packer » (mars 1988) et solution diplomatique ?
Durant le mois de mars, la 20e brigade sud-africaine, engagée depuis le début de « Modular » est relevée par une unité de réservistes, la 82e brigade, épaulée par 2 escadrons de chars Olifant. Le 32e bataillon reste sur place afin d’encadrer les forces de l’UNITA qui vont prendre une place plus importante dans ce qui va constituer l’opération « Packer »
Le 23 mars 1988, L’UNITA et la SADF lancent leur 3ème attaque sur Tumpo, tête de pont de FAPLA sur la rive Est de la rivière Cuito. Comme pour les deux précédentes tentatives, l’attaque s’essouffle au milieu d’importants champs de mines anti-char et anti-personnel. 3 Olifants sont endommagés par des mines, et ne peuvent être remorqués jusque dans les lignes de la SADF. Leur photos seront très bien exploitées par la propagande cubaine.
Fin mars 1988, des négociations internationales sont ouvertes à la demande des Etats-Unis pour mettre fin au conflit. Ceux-ci proposent de lier, d’une part le retrait sud-africain du territoire angolais assorti de l’indépendance de la Namibie, et d’autre part le retrait cubain de l’Angola.
Chaque partie y trouve finalement son compte. Depuis l’accession au pouvoir de Gorbatchev, les Cubains sont de moins en moins soutenus matériellement par l’Union Soviétique qui commence elle-même à imploser, et cherchent une sortie honorable du conflit. Les Sud-Africains de leur côté sont face à une escalade du conflit qu’ils ne contrôlent plus : il faut augmenter leur forces, et donc faire appel davantage aux réservistes et aux conscrits, mais leur opinion publique y est de plus en plus hostile, ne comprenant pas pourquoi des soldats se font tuer dans une guerre qui ne semble pas menacer directement la sécurité du pays. De plus, totalement isolés sur la scène internationale et sous embargo à cause de leur politique d’Apartheid, ils ne peuvent espérer aucune aide.
Ce régime est également en train de craquer. En effet, La stratégie de Pretoria depuis les années soixante et la décolonisation consiste à s’entourer d’une « zone tampon » d’états noirs indépendants mais modérés afin de maintenir une suprématie blanche sur l’Afrique du Sud et la Namibie. C’est ce qui a été tenté (sans succès) en Rhodésie en soutenant la branche modérée des indépendantistes et ce qui est tenté également en Angola avec le FNLA puis l’UNITA. L’échec de cette politique signifie à terme la fin de l’Apartheid, ne pouvant se maintenir s’il est environné d’états noirs dirigés par des mouvements anti-apartheid.
Le champ de bataille est alors figé pour plusieurs mois, avec la SADF en position d’attaque et le FAPLA et les Cubains s’accrochant à leur tête de pont. La 82e brigade est remplacée par une petite unité de réservistes de la taille d’un bataillon, chargée d’observer les positions du FAPLA. Des accrochages sporadiques ont lieu jusqu’au 30 août 1988 quand la SADF se retire totalement de l’Angola.
L’attaque sur Calueque : 24-27 juin 1988
Afin de se retrouver en position de force lors des négociations de paix, les Cubains n’ont pas renoncé à leur projet d’attaque directe sur la Namibie… Courant juin 1988, Les services de renseignements sud-africains font état de forces cubaines et du FAPLA en mouvement vers la frontière Namibienne, alors encore colonie sud-africaine, en direction du complexe hydro-électrique de Calueque, à quelques km au nord de la frontière, matérialisée par la rivière Cunene. Celle-ci est enjambée à cet endroit par un important pont permettant le passage de véhicules lourds. Du côté Namibien se trouve la ville de Ruacana. La SADF y dépêche alors le 32e bataillon, le 61e Mech au complet, incluant son escadron de tanks Olifant, et de l’artillerie constitué d’une batterie de G-5, d’une de LRM Valkiri, de mortiers de 120mm et d’une batterie de G-2 de 140mm. C’est l’opération « Displace ».
Le 24 juin, un premier accrochage a lieu au nord de Calueque, à Cuamalo, lorsque des troupes d’observation sud-africaines équipées de Ratel et Buffel se retrouvent face à des blindés Cubains/FAPLA. L’échange est violent et 2 Buffel sont perdus, mais les Cubains n’insistent pas et se replient.
Se doutant qu’ils font face à une importante force ennemie, les Sud-Africains décident de la pousser à se dévoiler et de lui tendre une embuscade, afin de la dissuader d’aller plus avant. Le 26 juin aux dernières lueurs du jour, ils lâchent 6 ballons météo. La défense anti-aérienne adverse réagit immédiatement, et les observateurs d’artillerie notent les coordonnées des départs de tirs et des missiles. L’artillerie de la SADF pilonne alors pendant 4 heures ces objectifs, la première salve détruisant le poste de commandement de l’artillerie cubaine. Les Ratel-90 et les Ratel-ZT3 se tiennent prêts à détruire les tanks adverses sur les itinéraires possibles reconnus à l’avance. Mais aucune réaction ne se produit. Les Cubains n’ont pas mordu à l’hameçon ? Pas tout à fait : Une équipe de reconnaissance du 32e bataillon se voit pourchassée par plusieurs tanks. Elle indique la position au QG qui déclenche un tir de G-5 pour couvrir leur retraite. Le lendemain matin de bonne heure, le 61e Mech au complet se déploie dans cette direction : les Ratel-90 sur les côtés, les Ratel-ZT3 au centre en retrait avec le Ratel de commandement, puis les Ratel-20 transportant l'infanterie mécanisée juste derrière et enfin les Ratel-81 effectuant des sauts de puce pour être en mesure de d'assurer le soutien rapproché avec leurs mortiers. L'escadron d'Olifant se tient en réserve.
A 8h00 les premiers tanks ennemis sont aperçus. A 9h00 un tir de RPG-7 (lance-roquette antichar portable) détruit un Ratel-90 et de nouveaux tanks ennemis se découvrent à l'avant du bataillon. Les G-5 commencent alors à les bombarder. Les troupes sont maintenant au contact et un autre Ratel-90 flambe, victime du tir direct d'un T-55. Les légers mais véloces Ratel réagissent, manœuvrant sur les flancs et les arrières des tanks adverses, dont plusieurs sont détruits. L'infanterie Cubaine et du FAPLA est également engagée par les Ratel-20 et Ratel-81. Les cibles prioritaires étant les équipes de RPG-7, très dangereuses dans ce bush à la visibilité réduite et aux courtes distances d'engagement.
Après quelques minutes de combat intense, les forces cubaines et du FAPLA décrochent, poursuivies par les Olifant venus à la rescousse, et perdent finalement 300 hommes et plusieurs tanks dans l'affaire. Les équipages des 2 Ratel détruits sont récupérés. Les Sud-Africains enregistrent quelques blessés.
2 hélicoptères Puma de reconnaissance indiquent bientôt que les troupes mises en fuites sont l'avant garde d'une importante force blindée cubaine/FAPLA, comprenant au moins 35 tanks T-55 et des dizaines de véhicules blindés BMP-1 et BMP-2. Les Sud-Africains, dont les forces engagées sont trop légères, décident de se replier en début d’après-midi vers la Namibie, en traversant la rivière Cunene.
Vers 14h00, 4 Mig-23 bombardent le complexe de Calueque. Une deuxième vague de 8 Mig-23 lance des bombes freinées par parachute qui anéantissent le pont et le pipe-line qui venait d'être achevé. 11 soldats sud-africains, des appelés chargés d’assurer la garde des installations, périssent dans ces bombardements. Le repli sud-africain n’est pas gêné car les véhicules lourds sont déjà passés, et un deuxième pont plus léger, quelques km au sud, est resté intact. Si l’attaque aérienne avait été coordonnée avec celle, terrestre, du matin, les forces sud-africaines auraient pu être en partie piégées, les contraignant à abandonner leurs véhicules lourds… La défense anti-aérienne sud-africaine s’est montrée relativement impuissante : équipée de simples canons anti-aériens de 20mm, elle n’a pu réagir efficacement. Les effets de l’embargo se font sentir, la CIA ne fournissant des missiles anti-aériens portables Stinger qu’à l’UNITA, qui n’est pas présente dans cette région.
Les Cubains, refroidis par le prix payé pour affronter un seul bataillon mécanisé le matin même les incite à ne pas pousser plus avant. Leur propagande va toutefois transformer ce combat globalement indécis en éclatante victoire, afin de peser sur les négociations. Ceci représente le dernier combat majeur de la guerre. Pretoria, craignant une escalade et une invasion imminente de la Namibie, commence à battre le rappel des réservistes et constitue ainsi la 10e division avec pour mission de garder la frontière Namibienne.
Bilan du conflit et conséquences dans la région
Il est difficile d’établir les pertes de chaque côté avec précision pour les raisons suivantes :
Les Sud-Africains n’ont pas comptabilisé les pertes dans les rangs de l’UNITA, et ce mouvement a disparu depuis, avec ses archives si jamais elles aient existé.
Ce conflit est fortement teinté d’idéologie, tant du côté Cubain/FAPLA avec le contexte de la guerre froide et l’internationalisme cubain, que du côté sud-africain avec le régime de l’Apartheid. Les chiffres officiels avancés par chaque camp relèvent plus de la propagande que de données objectives.
Les vétérans sud-africains n’osent témoigner que depuis peu, car le gouvernement sud-africain, après la chute de l’Apartheid, a fait tomber une chape de plomb sur ces évènements, ne retenant de ce conflit qu’une « défaite de l’Apartheid » 25 et allant jusqu’à expulser les vétérans les plus représentatifs, comme ceux du 32e bataillon 26.
On peut toutefois estimer les pertes à :
- 4400 tués (certaines sources indiquent 7000), 2000 blessés, une centaine de tanks détruits, autant de transports de troupes blindés, plus de trois cents véhicules logistiques, des dizaines de LRM, de canons et de lanceurs de missiles sol-air (SA-8, 9 et 13) et une dizaine d’hélicoptères pour le camp FAPLA /Cubains ;
- 40 tués, une quinzaine blessés, 3 tanks perdus, 5 Ratels détruits, une dizaine de véhicules blindés et logistiques divers, 2 Mirage F1 et un avion d’observation pour les Sud-Africains ;
- environ 1500 tués et 1000 blessés pour l’UNITA.
Chaque camp depuis revendique la victoire. L’évidence est toutefois que les Sud-Africains avaient les moyens et les capacités de battre le FAPLA et les Cubains localement, mais pas de se lancer dans l’escalade d’une guerre totale. On le voit devant la faiblesse des effectifs engagés, afin de recourir le moins possibles aux réservistes et aux appelés. Le FAPLA et les Cubains pouvaient mettre en échec les Sud-Africains, mais aux prix de pertes tellement élevées qu’il n’était pas envisageable de poursuivre le conflit sans le soutien massif et constant de l’URSS, en termes de logistique et de fourniture de matériel, vu le niveau d’attrition des unités engagées.
L’accord de paix proposé par les Etats-Unis (accord de Brazzaville, Congo), qui lie l’indépendance de la Namibie au retrait cubain est signé le 22 décembre 1988. A cette date, il n’y déjà plus officiellement de soldats sud-africains en Angola. Les derniers soldats cubains quittent le pays en 1991.
En Namibie, des combats opposent encore la SADF au SWAPO au cours de l’année 1989, car ce dernier continue d’infiltrer des guérilleros depuis ses bases en Angola. La Namibie acquiert officiellement sont indépendance le 21 mars 1990, suite aux élections effectuées sous contrôle de l’ONU de novembre 1989, donnant le SWAPO gagnant à 57,5% des voix.
Mais le calvaire de l’Angola continue… Privée du soutien de l’Afrique du Sud, mais bénéficiant des rentes du trafic de diamants, l’UNITA poursuit sa lutte jusqu’en 2002, quand son chef, Jonas Savimbi, devenu gênant pour tout le monde 27, est finalement traqué et tué par le FAPLA, largement aidé dans cette tâche par… des mercenaires sud-africains, principalement des vétérans de la guerre du bush, leurs ennemis de la veille. En effet, sentant le vent de l’Apartheid tourner, des officiers sud-africains ont fondé des « sociétés privées de sécurité », en fait des compagnies de mercenaires, la demande dans la région étant toujours aussi forte. Un des anciens officiers du 32ème bataillon a ainsi fondé en 1989 la société « Executive Outcomes », recyclant une grande quantité d’anciens de cette unité. Parmi ses fidèles clients ont figuré la célèbre société diamantaire sud-africaine DeBeers, et le gouvernement de Sierra Leone 28.
Coût d’arrêt à la 47e brigade: 13 Septembre 1987
Le soir du 11 septembre, l’UNITA informe les Sud-Africains qu’une force estimée à 2 bataillons d’infanterie escortée de quelques chars T-55 occupe une ancienne base logistique de l’UNITA près de la rivière Lomba. Après interception des messages radios, elle s’avère être une avant-garde de la 47e brigade destinée à entrer en liaison avec la 59e. Les Sud-Africains ne disposant pas de forces suffisantes pour affronter sereinement les 2 brigades en même temps, décident d’empêcher leur regroupement en lançant une attaque sur la base. Celle-ci sera soutenue par une batterie de mortiers de 120mm, une de G-5, et le support aérien de deux Impala Mk II 18. Elle sera menée par deux compagnies du 101e bataillon et deux sections de Ratel-90 de l’escadron antichar du 32e bataillon.
Le 13 septembre en fin de matinée, les Sud-Africains, en cherchant l’objectif suite à une erreur de 3km sur la position de la base relevée par l’UNITA, tombent sur un réseau de tranchées délimitant le périmètre de défense extérieur de celle-ci . Voyant le danger que représentent les tranchées pour ses véhicules blindés qui risquent de s’y immobiliser et d’offrir ainsi des cibles faciles, le commandant Hartslief, en charge de l’attaque, décide de foncer avec les véhicules à l’intérieur du périmètre de défense et de s’y déployer, les G-5 et les mortiers de 120 mm déversant leur feux sur tous les points suspects à l’avant des troupes. Les armes de bord des Ratel, Buffel et Casspir 19 assurant la couverture rapprochée. La manœuvre réussit et les amène à passer les 2 premières lignes de défense, puis à se répandre à l’intérieur, pourchassant l’infanterie du FAPLA.
Deux Ratel tombent alors dans une tranchée. Un troisième vient pour les dégager. C’est à ce moment que des T-54 surgissent. Juste avant que les Ratel immobilisés ne soient détruits, les autres Ratel-90 viennent à la rescousse et finissent par avoir le dessus grâce à leur plus grande mobilité, malgré la faiblesse de leur canon de 90mm face au blindage des chars de fabrication soviétique. Ces derniers sont détruits au prix de la perte d’un Ratel.
Le soir tombe et des blindés du FAPLA sont signalés en approche. Afin de garder à ses unités leur liberté de manœuvre, Hartslief décide de ne pas rester avec ses véhicules au milieu d’un réseau de tranchées et quitte la base. Mais ils tombent bientôt dans une embuscade tendue par 8 tanks du FAPLA, dont l’artillerie commence à se déchaîner. Les Sud-Africains parviennent à se retirer de ce mauvais pas, le FAPLA stoppant son feu brusquement sans raison apparente. Le lendemain matin, les Sud-Africains retournent sur les lieux des combats pour récupérer leurs véhicules immobilisés abandonnées la veille, et découvrent que la base n’a pas été réoccupée. Ils dénombrent 250 à 300 soldats du FAPLA tués et 5 T-54 détruits.
Tentative de destruction de la 47e Brigade: 16 Septembre 1987
Suite aux combats précédents, la 47e brigade s’est retirée. Elle n’est plus en contact avec les autres brigades et le commandant des forces sud-africaines en Angola, le colonel Deon Ferreira, veut saisir l’occasion de l’anéantir. Suivie par les équipes de reconnaissances sud-africaines qui marquent les objectifs, la 47e brigade est la cible des G-5 dans la nuit du 15 au 16 septembre, afin de l’empêcher de réagir.
canon G-5 (source http://denellandsystems.co.za) |
La 21e Brigade persiste : 22 Septembre 1987
Le FAPLA cherche maintenant à ravitailler ses 3 brigades engagées le long de la rivière Lomba : 21e, 47e et 59e. La 25e brigade envoie un convoi logistique de 148 véhicules qui parvient à la 21e brigade. Celle-ci, après avoir « refait le plein », fait parvenir ce convoi à la 59e. Il ne reste plus que la 47e brigade à ravitailler. Mais cette dernière, trop confiante, s’est aventurée seule de l’autre côté de la rivière, en la contournant à sa source. La 21e brigade va tenter une nouvelle fois de franchir la rivière, afin de faire parvenir le ravitaillement à la 47e.
Elle attaque 4 km au sud de la zone de se première tentative du 9 septembre, en bombardant les positions sud-africaines. Ces derniers, craignant une attaque chimique suite à l’interception de communications radio du FAPLA, les avaient abandonnées au préalable. La préparation d’artillerie du FAPLA dure la journée entière sur des positions vides. Une fois celle-ci terminée, en fin d’après midi, un escadron anti-char et des observateurs d’artillerie sud-africains remontent en ligne, juste à temps pour voir 3 colonnes de véhicules se préparant à traverser, suivie d’infanterie. Les G-5, guidés par les observateurs avancés, commencent immédiatement à bombarder la zone. Plusieurs véhicules sont en feu et l’infanterie est décimée. Un message envoyé par la 21e brigade au quartier général de Cuito Cuanavale et intercepté par les Sud-Africains indique « nos soldats meurent comme des canards ».
Une tentative de lancer un pont du génie un peu plus au sud est à son tour stoppées par le tir des G-5 et des lance-roquettes. Le jour suivant de nouvelles tentatives de franchissement on lieu, toutes bloquées par le tir des G-5. La 21e brigade renonce alors à rejoindre la 47e. Elle prend à nouveau contact avec la 59e et établit une position de recueil pour la 47e à la confluence des rivières Cuzizi et Lomba. Celle-ci va devoir la rejoindre par ses propres moyens.
La destruction de la 47e Brigade: 2 et 3 Octobre 1987
Les Sud-Africains veulent saisir l’occasion de détruire la 47e brigade, qui se trouve maintenant en fâcheuse posture, manquant de munitions et ne pouvant rapatrier ses blessés. Celle-ci commence son mouvement de repli vers le nord le 2 octobre, repéré par les équipes de reconnaissances sud-africaines. Elle est alors constamment harcelée par l’artillerie et l’aviation. L’attaque sud-africaine va se faire cette fois en coopération avec plusieurs bataillons de l’UNITA, chargés d’attaquer à la fois la 47e et la 59e pour masquer l’attaque principale menée par les Sud-Africains avec l’escadron blindé et 2 compagnies d’infanterie mécanisée du 61e bataillon mécanisé, (« 61e Mech »). Deux groupes de G-5 et de LRM seront en support.
Le génie de la 47e lance un pont pour retraverser la rivière. La traversée commence… immédiatement sous le feu des G-5, guidés par une équipe de reconnaissance postée à proximité immédiate. Plusieurs véhicules sont en feu et bloquent le pont. Le FAPLA renonce à traverser, malgré une tentative d’éléments de la 59e brigade, postés sur la rive nord, de leur venir en aide en dégageant les véhicules sous le feu des G-5. La 47e brigade est prise au piège : matraquée par l’artillerie, elle ne peut plus fuir car le pont est toujours bloqué, tandis que l’UNITA maintient la pression de tous côtés. C’est le moment choisi par le 61e Mech pour charger. Les Ratel-ZT3 réalisent des « cartons » à distance tandis que les Ratel-90 manœuvrent sur les flancs des tanks adverses et sèment rapidement le chaos. La moindre tentative de regroupement est annihilée par les G5 et les LRM. Malgré quelques résistances héroïques du FAPLA, en particulier l’utilisation des canons de 23mm anti-aériens en tirs tendus contre l’infanterie, la 47e brigade perd sa cohésion et commence à se débander. Pendant se temps, la SAAF maintient la pression sur la 59e pour l’empêcher de voler au secours de sa consœur.
SAM-8 capturé par les Sud-Africains (source : http://www.militaryphotos.net) |
Au bout de quelques heures, la 47e brigade n’existe plus. Quelques fuyards ont pu rejoindre à la nage les lignes de la 59e, abandonnant tout leur matériel et de nombreux prisonniers. Des dizaines de chars et de véhicules blindés sont détruits. Autant sont capturés, en particulier du matériel moderne du pacte de Varsovie : T-55 neufs, BMP-1 et un SAM-8, système de défense anti-aérienne parmi les plus récents alignés par le bloc soviétique, dont c’est le premier exemplaire à être tombé entre les mains de « l’Ouest ». Ce dernier est acheminé immédiatement vers Pretoria pour évaluation. Des centaines de soldats du FAPLA ont trouvé la mort.A ce stade de la campagne, des 3 brigades du FAPLA les plus avancées (21 e, 47 e, 59 e), une n’est plus et les 2 autres ont perdu approximativement le tiers de leur potentiel. Les autres brigades (16e et 25e) n’ont pas encore participé directement aux combats.
Poursuite et réorganisation : 6 – 27 octobre 1987
L’initiative a changé de camp. Le FAPLA commence à refluer lentement vers le nord, en direction de sa base de Cuito Cuanavale, talonné par les Sud-Africains et l’UNITA. L’aéroport de Cuito est abandonné pour celui de Menongue, au nord-est. Devant le désastre qui se profile pour le FAPLA, Cuba décide d’augmenter sa présence sur place et envoie l’élite de son armée : la 50e division blindée 20. Vers la fin de l’opération « Modular », le contingent cubain sur place atteint les 50 000 soldats et conseillers militaires. Les Mig sont pilotés principalement par des Soviétiques et des Cubains. Ces derniers envisagent d’ouvrir un deuxième front à l’Ouest, en attaquant directement en direction de la frontière Namibienne, puis de prendre les Sud-Africains de flanc dans la région de Mavinga, qui est leur plate-forme logistique principale. Dans un premier temps, ils renforcent le FAPLA en tanks T-55 et en hommes tout en « reprenant en main » son encadrement.
T-55 détruit par le missile d'un Ratel-ZT3 le long de la rivière Lomba (source http://www.militaryphotos.net) |
De leur côté, les Sud-Africains augmentent leur capacités de feu avec des LRM et des G-5 supplémentaires, des chars lourd Olifant 21, et 3 exemplaires de pré-production du tout nouveau automoteur d’artillerie G-6 22. Leur effectif, augmenté de celui du 4eme bataillon d’infanterie, reste en dessous des 3000 hommes. La 20eme brigade sud-africaine est réorganisée en 3 groupes de combats et un régiment d’artillerie :
- Le groupe de combat Alpha contient l’essentiel des éléments du 61e Mech (Ratel de divers types, infanterie blindée et pionniers).
- Le groupe Bravo est constitué pour l’essentiel d’infanterie mécanisée du 101e bataillon (montés sur Ratel , Casspir et Buffel)
- Le groupe Charlie constitue le « poing blindé » de la brigade avec un escadron de tanks Olifant, deux de Ratel-90, de l’infanterie montée sur Ratel-20, le gros du 32e bataillon, le, 4e bataillon d’infanterie, ainsi que les 3 G-6.
- Le régiment d’artillerie regroupe les 2 batteries de G5 23 et deux batteries de LRM de 127mm.
L’objectif des Sud-Africains est d’interdire toute nouvelle incursion du FAPLA à l’est de la rivière Cuito. Pour cela, le meilleur moyen est de neutraliser les forces du FAPLA en retraite qui se regroupent à l’Est de Cuito Cuanavale et de garder la ville à portée d’artillerie, afin d’interdire l’utilisation de son aéroport et de son pont. Occuper la ville elle-même n’est pas primordial, d’autant que celle-ci, adossée à la rivière, est très difficile à défendre.
Contre-offensive sud-africaine : Novembre 1987
L’offensive sud-africaine pour réduire la tête de pont du FAPLA à l’est de la rivière Cuito débute le 9 Novembre, quand le groupe de combat Charlie attaque la 16e brigade entre les rivières Chambinga et Hube, au sud-est de Cuito Cuanavale. C’est durant cet assaut méthodique que la SADF va utiliser des tanks pour la première fois depuis la 2ème guerre mondiale (des Olifant, et non des blindés à roues comme les Ratel). L’escadron d’Olifant, soutenu par les G-5, se trouve en pointe et bouscule le FAPLA, qui perd une dizaine de tanks, 2 BM-21, 2 canons de 76mm, 4 systèmes de canons anti-aériens de 23mm ZSU 23, 32 camions et 80 morts. La 16e brigade, ayant essuyé de lourdes pertes, recule mais n’est pas détruite. De leur côté, les Sud-Africains perdent 1 Ratel-20, 7 tués et 9 blessés. Un autre Ratel-20 et un Olifant sont endommagés mais récupérés.
Parallèlement, les Sud-Africains envoient un détachement du 32e bataillon aider l’UNITA à harceler les convois et guider les attaques aériennes sur la principale route logistique utilisée par le FAPLA pour ravitailler ses unités : la route Menongue – Longa – Cuito Cuanavale, bientôt surnommée par les Angolais « la route de la mort»…
Ratel-20 et char Olifant dans le bush (source sites.google.com) |
Mais la 21e brigade ne connaît pas de repos : les Sud-Africains essayent de la prendre au piège les jours suivants afin de l’empêcher de rejoindre les restes des autres brigades. Elle parvient de nouveau à échapper à l’encerclement, au pris de nouvelle pertes : une centaine morts, plusieurs T-55 et véhicules divers. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. A la mi-novembre, toutes les forces du FAPLA situées à l’Est de la rivière Cuito ont retraité, à part une tête de pont située devant Cuito Cuanavale, sur la rive Est de la rivière Chambinga.
La dernière attaque : 25 et 26 Novembre 1987
Les Sud-Africains veulent donner le coup de grâce et définitivement chasser les forces du FAPLA de la rive Est de la rivière Cuito, ainsi que prendre ou neutraliser le pont permettant de traverser devant Cuito Cuanavale. Cette fois, l’UNITA va fournir le gros des troupes, les groupes de combat Bravo et Charlie restant en support.
Mais le FAPLA prend les devants et lance une attaque aérienne sur les positions sud-africaines : le groupe Alpha est attaqué à la roquette et une batterie de G-5 est bombardée par des Migs-23. Toutefois, aucune perte n’est à déplorer. De son côté, la SAAF lance 4 Mirage F1 sur les positions de la 25e brigade au nord du pont de Chambinga, et 8 autres sur celles de la 59e.
L’attaque sud-africaine débute dans la confusion : les unités ont du mal à rejoindre leurs positions de départ, à cause d’un manque de coordination entre les troupes de l’UNITA et de la SADF. Couverts par les G-5, les troupes de l’UNITA et le groupe de combat Bravo, auquel l’escadron de tanks est rattaché pour l’occasion, s’élancent, mais la végétation du bush est si dense que la progression est très lente, car quasiment sans visibilité. Les véhicules sont obligés de naviguer « en aveugle », uniquement aux instruments. Un bataillon de L’UNITA arrive au contact des premières lignes du FAPLA, tandis que le groupe de combat Bravo, toujours empêtré dans le bush, tombe maintenant dans un champ de mines, qui le ralentit encore plus. Finalement, en fin d’après-midi, Il parvient sur son objectif pour se trouver face à un mur de feu d’artillerie et de mortiers. Le commandant Hartslief décide d’interrompre l’attaque. De sont côté, l’UNITA, livrée à elle-même, a enregistré des pertes sévères.
Le 26 novembre, devant le raidissement de la résistance du FAPLA , les Sud-Africains changent leur plan. L’escadron de tanks revient de nouveau au groupe de combat Charlie et celui-ci doit faire mouvement, en contournant la zone dans laquelle le groupe Bravo s’est empêtré la veille, vers le pont de Chambinga sur les arrières du FAPLA afin de leur couper toute retraite vers Cuito Cuanavale. Le groupe Alpha doit progresser au nord-est et le groupe Bravo est tenu en réserve.
Le FAPLA, repris en main par les Cubains, a pendant ce temps renforcé ses positions, en particulier autour de Tumpo (juste devant Cuito Cuanavale). L’attaque du groupe Charlie, retardée elle aussi par la densité du bush, se retrouve également bloquée par l’artillerie adverse. Les Mig en profitent pour la bombarder, sans succès. Les missiles sol-air Stinger de l’UNITA, bien que ne réussissant pas à les toucher, contribuent à les maintenir au-dessus de 4000 pieds, rendant ainsi leur bombardement moins précis.
Le FAPLA, ayant réussi à repousser les attaques sud-africaines pendant ces deux jours, voit son moral remonter. Les Sud-Africains ne sont pas parvenus à détruire leurs forces qui s’accrochent à leur tête de pont sur la rive est de la rivière Cuito (éléments des 16 e, 25 e, 59 e et 66 e brigades). L’opération « Modular » prend fin dans ces conditions le 5 décembre.
L’enlisement et la fin du conflit : les opérations « Hooper », « Packer », et « Displace »
L’Opération Hooper : 2 janvier 1988 – 1er Mars 1988
Après avoir recomplétés leurs forces, en particulier par l’ajout d’un 2eme escadron de chars Olifant, les Sud-Africains repartent à l’assaut de la tête de pont du FAPLA à l’Est de la rivière Cuito, dont Les troupes, renforcées d’éléments cubains, sont maintenant directement placées sous le commandement du général cubain Ochoa 24. C’est l’opération « Hooper », qui débute le 2 janvier, par une attaque sur les 21e et 16e brigades, suivie, à partir du 25 février d’assauts furieux sur les forces du FAPLA retranchées dans la tête de pont de Tumpo à l’Est de la rivière Cuito (59e et 25e brigades). Les autres forces, y compris les Cubains, sont installées sur la rive Ouest, dans et autour de Cuito Cuanavale. Les conseillers militaires soviétiques, ne supportant plus de rester dans la ville continuellement bombardée par les G-5, s’installent 13 km à l’Ouest.
Le pont sur la rivière Cuito, à l’Est de la ville, est le seul point de passage pour la traverser dans la région, la rivière atteignant 1 km de large ailleurs. Les Sud-Africains reconnaissent son importance et essayent de le détruire par tous le moyens : d’abord des attaques aériennes et des bombardements d’artillerie, puis des commandos posant des charges de démolition. Au final, le pont n’est que partiellement endommagé. C’est alors que la SAAF décide d’utiliser le prototype de sa première bombe « intelligente » (à guidage vidéo) de conception nationale. Une section du pont de 20m de long est alors détruite, le condamnant définitivement. Le FAPLA en est réduit à utiliser des ferries pour ravitailler la tête de pont.
Le 25 février, les Sud-Africains attaquent la tête de pont, mettant en déroute la 25e brigade dont les hommes traversent la Cuito à la nage. Mais l’attaque s’empêtre dans des champs de mines et les véhicules immobilisés sont bientôt la cible de l’artillerie cubaine et du FAPLA située sur la rive opposée et parfaitement dissimulée aux observateurs sud-africains. L’attaque est stoppée.
Le 29 février le 4e bataillon d’infanterie et le 61e Mech repartent à l’assaut. L’attaque est ralentie par de fréquentes alertes aériennes et les forces engagées sont trop faibles pour remporter la décision. L’opération « Hooper » est définitivement clôturée le 1er mars.
Opération « Packer » (mars 1988) et solution diplomatique ?
Durant le mois de mars, la 20e brigade sud-africaine, engagée depuis le début de « Modular » est relevée par une unité de réservistes, la 82e brigade, épaulée par 2 escadrons de chars Olifant. Le 32e bataillon reste sur place afin d’encadrer les forces de l’UNITA qui vont prendre une place plus importante dans ce qui va constituer l’opération « Packer »
Le 23 mars 1988, L’UNITA et la SADF lancent leur 3ème attaque sur Tumpo, tête de pont de FAPLA sur la rive Est de la rivière Cuito. Comme pour les deux précédentes tentatives, l’attaque s’essouffle au milieu d’importants champs de mines anti-char et anti-personnel. 3 Olifants sont endommagés par des mines, et ne peuvent être remorqués jusque dans les lignes de la SADF. Leur photos seront très bien exploitées par la propagande cubaine.
Fin mars 1988, des négociations internationales sont ouvertes à la demande des Etats-Unis pour mettre fin au conflit. Ceux-ci proposent de lier, d’une part le retrait sud-africain du territoire angolais assorti de l’indépendance de la Namibie, et d’autre part le retrait cubain de l’Angola.
Chaque partie y trouve finalement son compte. Depuis l’accession au pouvoir de Gorbatchev, les Cubains sont de moins en moins soutenus matériellement par l’Union Soviétique qui commence elle-même à imploser, et cherchent une sortie honorable du conflit. Les Sud-Africains de leur côté sont face à une escalade du conflit qu’ils ne contrôlent plus : il faut augmenter leur forces, et donc faire appel davantage aux réservistes et aux conscrits, mais leur opinion publique y est de plus en plus hostile, ne comprenant pas pourquoi des soldats se font tuer dans une guerre qui ne semble pas menacer directement la sécurité du pays. De plus, totalement isolés sur la scène internationale et sous embargo à cause de leur politique d’Apartheid, ils ne peuvent espérer aucune aide.
Ce régime est également en train de craquer. En effet, La stratégie de Pretoria depuis les années soixante et la décolonisation consiste à s’entourer d’une « zone tampon » d’états noirs indépendants mais modérés afin de maintenir une suprématie blanche sur l’Afrique du Sud et la Namibie. C’est ce qui a été tenté (sans succès) en Rhodésie en soutenant la branche modérée des indépendantistes et ce qui est tenté également en Angola avec le FNLA puis l’UNITA. L’échec de cette politique signifie à terme la fin de l’Apartheid, ne pouvant se maintenir s’il est environné d’états noirs dirigés par des mouvements anti-apartheid.
Le champ de bataille est alors figé pour plusieurs mois, avec la SADF en position d’attaque et le FAPLA et les Cubains s’accrochant à leur tête de pont. La 82e brigade est remplacée par une petite unité de réservistes de la taille d’un bataillon, chargée d’observer les positions du FAPLA. Des accrochages sporadiques ont lieu jusqu’au 30 août 1988 quand la SADF se retire totalement de l’Angola.
L’attaque sur Calueque : 24-27 juin 1988
Afin de se retrouver en position de force lors des négociations de paix, les Cubains n’ont pas renoncé à leur projet d’attaque directe sur la Namibie… Courant juin 1988, Les services de renseignements sud-africains font état de forces cubaines et du FAPLA en mouvement vers la frontière Namibienne, alors encore colonie sud-africaine, en direction du complexe hydro-électrique de Calueque, à quelques km au nord de la frontière, matérialisée par la rivière Cunene. Celle-ci est enjambée à cet endroit par un important pont permettant le passage de véhicules lourds. Du côté Namibien se trouve la ville de Ruacana. La SADF y dépêche alors le 32e bataillon, le 61e Mech au complet, incluant son escadron de tanks Olifant, et de l’artillerie constitué d’une batterie de G-5, d’une de LRM Valkiri, de mortiers de 120mm et d’une batterie de G-2 de 140mm. C’est l’opération « Displace ».
Le 24 juin, un premier accrochage a lieu au nord de Calueque, à Cuamalo, lorsque des troupes d’observation sud-africaines équipées de Ratel et Buffel se retrouvent face à des blindés Cubains/FAPLA. L’échange est violent et 2 Buffel sont perdus, mais les Cubains n’insistent pas et se replient.
Se doutant qu’ils font face à une importante force ennemie, les Sud-Africains décident de la pousser à se dévoiler et de lui tendre une embuscade, afin de la dissuader d’aller plus avant. Le 26 juin aux dernières lueurs du jour, ils lâchent 6 ballons météo. La défense anti-aérienne adverse réagit immédiatement, et les observateurs d’artillerie notent les coordonnées des départs de tirs et des missiles. L’artillerie de la SADF pilonne alors pendant 4 heures ces objectifs, la première salve détruisant le poste de commandement de l’artillerie cubaine. Les Ratel-90 et les Ratel-ZT3 se tiennent prêts à détruire les tanks adverses sur les itinéraires possibles reconnus à l’avance. Mais aucune réaction ne se produit. Les Cubains n’ont pas mordu à l’hameçon ? Pas tout à fait : Une équipe de reconnaissance du 32e bataillon se voit pourchassée par plusieurs tanks. Elle indique la position au QG qui déclenche un tir de G-5 pour couvrir leur retraite. Le lendemain matin de bonne heure, le 61e Mech au complet se déploie dans cette direction : les Ratel-90 sur les côtés, les Ratel-ZT3 au centre en retrait avec le Ratel de commandement, puis les Ratel-20 transportant l'infanterie mécanisée juste derrière et enfin les Ratel-81 effectuant des sauts de puce pour être en mesure de d'assurer le soutien rapproché avec leurs mortiers. L'escadron d'Olifant se tient en réserve.
A 8h00 les premiers tanks ennemis sont aperçus. A 9h00 un tir de RPG-7 (lance-roquette antichar portable) détruit un Ratel-90 et de nouveaux tanks ennemis se découvrent à l'avant du bataillon. Les G-5 commencent alors à les bombarder. Les troupes sont maintenant au contact et un autre Ratel-90 flambe, victime du tir direct d'un T-55. Les légers mais véloces Ratel réagissent, manœuvrant sur les flancs et les arrières des tanks adverses, dont plusieurs sont détruits. L'infanterie Cubaine et du FAPLA est également engagée par les Ratel-20 et Ratel-81. Les cibles prioritaires étant les équipes de RPG-7, très dangereuses dans ce bush à la visibilité réduite et aux courtes distances d'engagement.
Après quelques minutes de combat intense, les forces cubaines et du FAPLA décrochent, poursuivies par les Olifant venus à la rescousse, et perdent finalement 300 hommes et plusieurs tanks dans l'affaire. Les équipages des 2 Ratel détruits sont récupérés. Les Sud-Africains enregistrent quelques blessés.
2 hélicoptères Puma de reconnaissance indiquent bientôt que les troupes mises en fuites sont l'avant garde d'une importante force blindée cubaine/FAPLA, comprenant au moins 35 tanks T-55 et des dizaines de véhicules blindés BMP-1 et BMP-2. Les Sud-Africains, dont les forces engagées sont trop légères, décident de se replier en début d’après-midi vers la Namibie, en traversant la rivière Cunene.
Vers 14h00, 4 Mig-23 bombardent le complexe de Calueque. Une deuxième vague de 8 Mig-23 lance des bombes freinées par parachute qui anéantissent le pont et le pipe-line qui venait d'être achevé. 11 soldats sud-africains, des appelés chargés d’assurer la garde des installations, périssent dans ces bombardements. Le repli sud-africain n’est pas gêné car les véhicules lourds sont déjà passés, et un deuxième pont plus léger, quelques km au sud, est resté intact. Si l’attaque aérienne avait été coordonnée avec celle, terrestre, du matin, les forces sud-africaines auraient pu être en partie piégées, les contraignant à abandonner leurs véhicules lourds… La défense anti-aérienne sud-africaine s’est montrée relativement impuissante : équipée de simples canons anti-aériens de 20mm, elle n’a pu réagir efficacement. Les effets de l’embargo se font sentir, la CIA ne fournissant des missiles anti-aériens portables Stinger qu’à l’UNITA, qui n’est pas présente dans cette région.
Les Cubains, refroidis par le prix payé pour affronter un seul bataillon mécanisé le matin même les incite à ne pas pousser plus avant. Leur propagande va toutefois transformer ce combat globalement indécis en éclatante victoire, afin de peser sur les négociations. Ceci représente le dernier combat majeur de la guerre. Pretoria, craignant une escalade et une invasion imminente de la Namibie, commence à battre le rappel des réservistes et constitue ainsi la 10e division avec pour mission de garder la frontière Namibienne.
Bilan du conflit et conséquences dans la région
Il est difficile d’établir les pertes de chaque côté avec précision pour les raisons suivantes :
Les Sud-Africains n’ont pas comptabilisé les pertes dans les rangs de l’UNITA, et ce mouvement a disparu depuis, avec ses archives si jamais elles aient existé.
Ce conflit est fortement teinté d’idéologie, tant du côté Cubain/FAPLA avec le contexte de la guerre froide et l’internationalisme cubain, que du côté sud-africain avec le régime de l’Apartheid. Les chiffres officiels avancés par chaque camp relèvent plus de la propagande que de données objectives.
Nelson Mandela reçu par Fidel Castro à la Havane en 1991(source: http://southfloridalawyers.blogspot.fr) |
On peut toutefois estimer les pertes à :
- 4400 tués (certaines sources indiquent 7000), 2000 blessés, une centaine de tanks détruits, autant de transports de troupes blindés, plus de trois cents véhicules logistiques, des dizaines de LRM, de canons et de lanceurs de missiles sol-air (SA-8, 9 et 13) et une dizaine d’hélicoptères pour le camp FAPLA /Cubains ;
- 40 tués, une quinzaine blessés, 3 tanks perdus, 5 Ratels détruits, une dizaine de véhicules blindés et logistiques divers, 2 Mirage F1 et un avion d’observation pour les Sud-Africains ;
- environ 1500 tués et 1000 blessés pour l’UNITA.
Chaque camp depuis revendique la victoire. L’évidence est toutefois que les Sud-Africains avaient les moyens et les capacités de battre le FAPLA et les Cubains localement, mais pas de se lancer dans l’escalade d’une guerre totale. On le voit devant la faiblesse des effectifs engagés, afin de recourir le moins possibles aux réservistes et aux appelés. Le FAPLA et les Cubains pouvaient mettre en échec les Sud-Africains, mais aux prix de pertes tellement élevées qu’il n’était pas envisageable de poursuivre le conflit sans le soutien massif et constant de l’URSS, en termes de logistique et de fourniture de matériel, vu le niveau d’attrition des unités engagées.
L’accord de paix proposé par les Etats-Unis (accord de Brazzaville, Congo), qui lie l’indépendance de la Namibie au retrait cubain est signé le 22 décembre 1988. A cette date, il n’y déjà plus officiellement de soldats sud-africains en Angola. Les derniers soldats cubains quittent le pays en 1991.
En Namibie, des combats opposent encore la SADF au SWAPO au cours de l’année 1989, car ce dernier continue d’infiltrer des guérilleros depuis ses bases en Angola. La Namibie acquiert officiellement sont indépendance le 21 mars 1990, suite aux élections effectuées sous contrôle de l’ONU de novembre 1989, donnant le SWAPO gagnant à 57,5% des voix.
Mais le calvaire de l’Angola continue… Privée du soutien de l’Afrique du Sud, mais bénéficiant des rentes du trafic de diamants, l’UNITA poursuit sa lutte jusqu’en 2002, quand son chef, Jonas Savimbi, devenu gênant pour tout le monde 27, est finalement traqué et tué par le FAPLA, largement aidé dans cette tâche par… des mercenaires sud-africains, principalement des vétérans de la guerre du bush, leurs ennemis de la veille. En effet, sentant le vent de l’Apartheid tourner, des officiers sud-africains ont fondé des « sociétés privées de sécurité », en fait des compagnies de mercenaires, la demande dans la région étant toujours aussi forte. Un des anciens officiers du 32ème bataillon a ainsi fondé en 1989 la société « Executive Outcomes », recyclant une grande quantité d’anciens de cette unité. Parmi ses fidèles clients ont figuré la célèbre société diamantaire sud-africaine DeBeers, et le gouvernement de Sierra Leone 28.
Sources
Helmoed-Romer Heitman, War In Angola: The Final South African Phase
(Ashanti Publishing, Gibraltar, 1990) ISBN: 0-620-14370-3
Opérations
The
SADF + UNITA during Operations Modular, Hooper and Packer:
http://sites.google.com/site/sabushwarsite/Home/modularhooperpacker2/the-sadf-and-unita-during-ops-modular-hooper-and-packer/sadf-oefen
32ème bataillon
Organisation et tactiques
“Flying Columns in Small Wars: An OMFTS Model”, Major Michael F. Morris, U.S. Marine Corps
1
Un troisième mouvement, le FNLA, conservateur et soutenu par le
Zaïre, est rapidement vaincu par le MPLA et disparaît en 1975
2
Conflit de basse intensité : de type guérilla /
contre-guérilla
3
Témoignage du Lieutenant-colonel Van Staden (à l’époque
lieutenant au 32e bataillon) accessible sur le site
www.warinangola.com,
rapporté par le journaliste Jim Hooper.
4
FAPLA : Forças Armadas Populares de Libertação De Angola (le
portugais reste la langue officielle en Angola)
5
Petite ville sur la rivière Cuito hébergeant une ancienne base
militaire portugaise, munie d’un aéroport pouvant accueillir des
avions à réaction
6
Une brigade est composée d’environ 2000 hommes et plusieurs
dizaines de véhicules blindés et de tanks, voir partie « Unités,
tactiques et matériels », chapitre « L’armée du
FAPLA »
7
Voir partie « Unités, tactiques et matériels »,
chapitre : le 32eme « Buffalo »bataillon
8
Ratel-20 : véhicule de combat d’infanterie muni d’un canon
de 20mm, Ratel-81 : variante équipée d’un mortier de 81 mm,
Ratel-90 : variante équipée d’un canon de 90mm.
9
Terme anglo-saxon désignant des étendues peu peuplées de savane
et de forêt, caractéristiques de cette région (mais aussi de
l’Australie). Le terme français le plus proche est « brousse ».
10
G5 : canon de 155mm de conception sud-africaine,
révolutionnaire pour l’époque par sa portée (40 km) et sa
précision (voir partie « Unités, tactiques et matériels »,
chapitre « principaux matériels terrestres sud-africains »)
11
Système de missiles sol-air à courte portée d’origine
soviétique (voir partie « Unités, tactiques et matériels »,
chapitre « principaux matériels terrestres du FAPLA »)
12
LRM : Lance Roquettes Multiple : les héritiers des
célèbres « Orgues de Staline » de la 2eme
guerre mondiale
13
Ratel-90, blindé à roues sud-africain, équipé d’un canon de
90mm (voir partie « Unités, tactiques et matériels »,
chapitre « principaux matériels terrestres sud-africains »)
14
BTR-60 : véhicule blindé de reconnaissance d’origine
soviétique (voir partie « Unités, tactiques et matériels »,
chapitre « principaux matériels terrestres du FAPLA »)
15
Ratel équipé de missiles anti-char (voir partie « Unités,
tactiques et matériels », chapitre « principaux
matériels terrestres sud-africains »)
16
T-55 : tank de fabrication soviétique (voir partie « Unités,
tactiques et matériels », chapitre « principaux
matériels terrestres du FAPLA »)
17
Avions d’origine soviétique pilotés par des militaires cubains
ou russes.
18
Impala : Aermacchi MB-326, avion léger d’attaque au sol
d’origine italienne
19
Buffel et Caspir : transports de troupes blindés (voir partie
« Unités, tactiques et matériels », chapitre
« principaux matériels terrestres sud-africains »)
20
Les hommes et l’équipement léger viennent de Cuba, tandis le
matériel est directement livré par l’URSS, grâce à un pont
aérien
21
13 exemplaires de la version sud-africaine du Centurion britannique,
(voir partie « Unités, tactiques et matériels »,
chapitre « principaux matériels terrestres sud-africains »)
22
G5 monté sur un véhicule blindé 6x6
23
Une batterie = 8 G5
24
Général Ochoa : compagnon de route de Fidel Castro, d’une
popularité croissante et tenant d’une politique plus libérale.
Il sera accusé de « haute trahison à la patrie» et de
trafic de drogue, jugé dans un simulacre de procès très médiatisé
à Cuba et fusillé en 1989.
25
Discours de N. Mandela à la Havane, le 26 Juillet 1991, reprenant
sa lettre au peuple cubain.
26
voir partie « Unités, tactiques et matériels »,
chapitre sur le 32e « Buffalo » bataillon
27
En particulier pour les sociétés pétrolières comme Chevron,
implantées en Angola
28
Le monde diplomatique, octobre 1996, pp 22-23, version
électronique :
http://www.monde-diplomatique.fr/1996/10/MAZURE/7295
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