La notoriété de la garde républicaine remonte à la
deuxième guerre du Golfe, où elle fit son apparition dans les médias
occidentaux. Elle continua à être abondamment mentionnée durant les différentes
périodes de tension qui marquèrent la crise irakienne, et ce jusqu’à la chute
du régime de Saddam Hussein. Elle constitue à cet égard un paradoxe, car malgré
sa célébrité, elle reste peu connue. Cet article vise donc à présenter
brièvement l’histoire de ce corps.
L’armée est le plus souvent un sujet très sensible
dans la plupart des pays du Moyen-Orient ; photographier un engin militaire
peut potentiellement déboucher sur une peine de prison. Cette opacité ne
facilite évidemment pas la tâche d’éventuels chercheurs ou historiens. Il faut
aussi l’admettre, l’histoire militaire des pays arabes n’intéresse pas un large
public, ce qui n’incite pas les éditeurs à financer la traduction et la
publication de mémoires et autres écrits de militaires arabes. Enfin, il existe
sans doute aussi un substrat de dédain culturel, pour ne pas parler d’un reste
d’occidento-centrisme, favorisant un certain manque de curiosité sous nos latitudes.
Tout ceci explique en grande partie pourquoi la guerre Iran-Irak, qui fut la
plus longue guerre conventionnelle depuis la deuxième guerre mondiale, ait fait
l’objet de si peu d’intérêt. La courte guerre des Malouines entre l’Argentine
et l’Angleterre, à l’origine d’une véritable avalanche de publications,
illustre bien ce contraste
Dans une perspective plus large, l’histoire de la
garde républicaine irakienne, voulue par Saddam Hussein comme une résurgence
moderne de la garde impériale de Napoléon, illustre combien un contexte
politique peut influencer, voire déterminer, l’efficacité d’une institution
militaire. Enfin, et c’est sans doute une raison suffisante pour s’y
intéresser, la garde républicaine, comme l’armée irakienne dans son ensemble,
connut une expérience exceptionnellement variée ; elle affronta non seulement
la redoutable infanterie iranienne, mais aussi, à deux reprises, le colosse
américain.
Enfin, il convient de préciser à quel point la
rédaction de cet article a dépendu des contributions des participants du Air
Combat Information Group, et surtout, des recherches menées par l’armée
américaine après l’invasion de 2003 et dont le résultat est disponible en
ligne. Les américains, suivant les mêmes pratiques que lors de la défaite de
l’Allemagne et du Japon en 1945, cherchèrent à comprendre la perception des
vaincus, au moyen de leurs archives, mais aussi d’interviews menées auprès de
gradés de haut rang. Ces textes donnent, dans le cas irakien, non seulement un
accès passionnant sur les mécanismes internes de la dictature irakienne, mais
aussi sur le fonctionnement de sa machine de guerre. Bien entendu, l’histoire
militaire de l’Irak de ces quarante dernières années reste encore à écrire, et
l’ambition de cet article sur la garde républicaine se limite à soumettre au
lecteur quelques éléments nouveaux sur cette institution.
Adrien
Fontanellaz, article déjà publié sur le blog Militum Historia