Les
deux décennies de pouvoir brejnevien ont doté l'URSS d'une
formidable puissance militaire mais cela s'est fait au prix de
l'appauvrissement du pays. Le niveau de vie baisse, la productivité
décline et la croissance est absente. Lorsqu'il arrive au pouvoir
après les deux courts règnes de Iouri Andropov et de Konstantin
Tchernenko, Mikhaïl Gorbatchev est convaincu que la situation
précaire de l'économie mais également les problèmes
démographiques et écologiques qui touchent le pays entrainent
lentement l'URSS sur la voie du déclin, un point de vue qui est
d'ailleurs largement partagé par les élites dirigeantes. Le système
doit donc être profondément réformé pour assurer in
fine
sa survie. Pour cela le nouveau secrétaire général du PCUS prend
la décision de revenir sur 7 décennies de politique militaire, une
étape qu'il estime nécessaire pour effectuer les changements
politiques mais surtout économiques indispensables.
La série de
réformes qu'il impulse alors bouleverse profondément l'armée. Il
fait sortir le pays du bourbier afghan, met un terme à la course aux
armements, réduit le budget alloué à la défense et engage le
retrait des forces soviétiques d'Europe orientale. Mais les
transformations induites par les politiques de la Perestroïka et de
la Glasnost déstabilisent l'armée. Pilier central du régime au
côté du Parti, le processus de démocratisation la place
inévitablement sous le feu des critiques. Elle perd rapidement un
prestige inentamé depuis 1945, se divise entre réformateurs et
conservateurs et s'effrite sous le coup des revendications
nationalistes. En moins de dix ans, la plus puissante armée du monde
se décompose, incapable en aout 1991 de renverser un Gorbatchev déjà
fragilisé, avant de disparaître définitivement en même temps que
le drapeau soviétique était descendu une dernière fois sur le
Kremlin.
David FRANCOIS